Orchestré par une foule de voituriers, le prestigieux balai des limousines et des Mercedes Benz noires, s'intensifia subitement. Le tout Manhattan voulait être présent, voir et être vu. Qui était donc cet extraterrestre qui présentait sa première exposition à la Robert Mann Gallery ?
Sur le tapis rouge qui balise le chemin des grands de ce monde, le défilé des robes de soirée et des smokings noirs, affichait d'une surenchère de rivières de diamants, plus insolentes les unes que les autres, tandis que quelques ingénues, moins aisées mais plus jeunes, compensaient leur modestie financière par un dépouillement textile qui laissait apparaitre une richesse, que les vieilles matrones ne pouvaient plus se permettre.
L'entrée de la galerie, balisée de rouge, donc, guidait nymphes, divas et pingouins, dans l'antre de la création pure, celle qui existe sans calcul, sans préméditation, sans royaume à protéger. L'inspiration juste, l'instant divin que l'on capte naïvement quelques fois, quand le monde vous appartient. Déroutante pour les nantis de cette caste mondaine qui ne se rend aux vernissages, que pour retrouver de vieilles relations qu'elle déteste et l'incontournable buffet.
La prestigieuse galerie revêtait un aspect nouveau, qui ne laissait aucun de ses invités totalement indifférent. Pourtant blasés de ce type de réunions, chacun s'émerveillait ou s'indignait de l'ambiance qu'Alex avait voulu créer.
La grande salle, repeinte totalement en gris anthracite, étonnait dès le premier regard, mais plus encore, les stèles blanches, dominées par de petites sculptures métalliques, qui structuraient l'espace ici et là, étaient caution à discussion, d'autant que certaines d'entre elles pouvaient atteindre près de trois mètres de haut, alors que d'autres, ne dépassaient pas le mètre. Chacun allait de son indignation ou de son émerveillement. Plus encore, le mouvement de la boule tango qui mouchetait murs et clichés de taches roses, alimentait la discussion, rendue difficile par la musique techno qu'Alex avait choisie.
Pour James Taylor, qui avait connu de nombreux vernissages et lancé beaucoup de jeunes artistes au cours de sa carrière, ce moment était assez surnaturel, un peu contre nature ou du moins, il allait selon lui, à l'encontre de tous les codes établis. Bien au-delà du risque que pouvait revêtir un tel événement pour sa carrière, il se sentait curieux de l'impact d'une telle soirée. Son esprit joueur se laissait volontiers submergé par un sentiment juvénile, qui lui redonnait goût à la provocation.
Alex, quant à elle, se sentait moins à son aise. Si elle avait été le chef d'orchestre assumé jusqu'à ce soir, subitement une émotion mêlée de stress et de doute l'envahissait davantage au fur et à mesure que ses prestigieux invités arrivaient.
Du fond de la galerie, elle cherchait du regard des visages connus qui pourraient la rassurer. Ainsi, dissimulée dans l'obscurité, elle aperçu monsieur le Gouverneur descendre de voiture, accompagné d'une superbe nymphe, une autre. Puis arriva la fameuse Castafiore, chargée d'interminables colliers de perles, puis d'autres personnalités qu'elle ne reconnu pas. Enfin, comme une délivrance, arrivèrent Diego, Jody et Sandra.
- Enfin, vous êtes là !
- C'est fantastique, ma chérie, dit Sandra.
- Arrête, je suis morte de trouille !
- Ne t'en fait pas, dit Diego en la prenant dans ses bras. Tout va bien se passer. Ils sont tous là pour toi.
Puis un taxi s'arrêta devant l'entrée et Clara en descendit. Un peu perdue, elle cherchait elle aussi un visage connu. Alex traversa la pièce pour la rassurer.
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Les mois qui suivirent et quelques jours de plus
RomanceNew York. Alex, une jeune photographe tombe amoureuse de Scott, un artiste gay. Elle est Italienne, lui, Français. Les mois qui vont suivre les entraineront dans une relation amoureuse qui les dépassera, jusqu'à ce qu'un terrible malentendu, les pou...