Réanimation

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Dans la douce obscurité de la chambre stérile, seuls les quelques "bips" lents et réguliers émis par le moniteur de contrôle, témoignaient encore du bon fonctionnement cardiaque d'Alex.

Son corps, immobile, semblait faire vivre autour de lui, toute une batterie de machines, plus étranges les unes que les autres. Alimentées par d'innombrables tubes de plastique plantés dans ses bras, ces robots venus d'une planète inconnue, donnaient l'impression de puiser leur énergie dans le corps d'Alex. Sur leurs écrans, comparables à ceux des tableaux de bords des vaisseaux intergalactiques, sinusoïdes vertes aux spasmes chaotiques et voyants multicolores, assuraient que le vol se déroulait normalement.

A sa gauche, un imposant dispositif muni d'un drôle de soufflet gris, avait été directement relié à un masque de plastique transparent, fixé sur son visage. De l'autre côté, deux poches munies de tubes de plastique, qui véhiculaient un liquide rouge sombre et un autre transparent, rentraient à l'intérieur d'Alex.

Derrière son masque respiratoire et à cause des bandages enroulés autour de sa tête, il était presque impossible de voir son visage et pour la reconnaître, il aurait fallu être capable de faire abstraction des ecchymoses violines qui déformaient ses yeux.

Dans la salle de repos du Wyckoff Heights Medical Center, deux infirmières discutaient en buvant de grands mugs de café.

- Elle a dérouillé, la petite.

- Ouais... C'est la deuxième aujourd'hui... mais le gars de ce matin n'a pas survécu.

- Faut prévenir la famille, mais j'ai rien trouvé dans ses papiers et son téléphone est verrouillé.

- Ouais... c'est toujours la même chose... font chier avec leurs smartphones ! Je te montre comment faire et j'me tire... ça fait deux jours que j'ai pas dormi et j'ai fini mon service depuis midi... je suis crevée.

L'infirmière enfila une blouse, une charlotte et des sur-chaussures en cellulose, puis se lava les mains avec une substance gluante sensée exterminer toute bactérie. Ensuite elle récupéra l'iPhone d'Alex dans son sac et entra dans la chambre stérile.

D'un rapide coup d'œil sur les moniteurs, elle s'assura d'abord que tout allait bien, puis elle s'adressa à Alex, comme on se parle à soit-même : "Allez ma chérie, on va te tirer de là. Donne moi ton doigt... on va voir si ça marche, ce truc".

Elle saisit la main d'Alex, qui n'opposa aucune résistance et appliqua son index sur le bouton de reconnaissance digitale. Comme par magie, l'écran se déverrouilla. "Bingo !" chuchota-elle.

Alors elle parcourue la liste de ses contacts, mais elle ne savait toujours pas qui appeler. Elle se dit soudain que le mieux serait de prévenir le dernier numéro appelé, mais elle se ravisa rapidement, car il s'agissait d'une galerie d'art à Manhattan. En y regardant de plus près, un numéro revenait plus souvent que les autres et c'est celui-là qu'elle décida d'appeler. Elle prit une grande respiration et sélectionna le contact.

Presque immédiatement, le numéro d'Alex s'afficha sur le téléphone de Scott.

- Putain, Alex t'étais où ? T'imagines pas comme tu m'as fait peur, mon Amour !

- Bonjour monsieur. Je suis l'infirmière de garde du Wyckoff Heights Medical Center.

- Quoi ? Qui est à l'appareil ?

- Je suis l'infirmière...

- Quelle infirmière ? Il est arrivé quelque chose ?

L'infirmière prit une voix douce et choisit des mots adaptés pour expliquer à Scott qu'Alex avait été victime d'un accident de la route, qu'elle était actuellement dans le coma, mais que tout allait bien, puisque son état semblait stable.

Les mois qui suivirent et quelques jours de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant