Voilà un peu plus d'une semaine qu'Alex était rentrée chez elle. Seule, dans son petit studio de Brooklyn, elle reprenait sans trop d'enthousiasme, le cours de sa vie. Comme avant, elle partageait son temps entre ses col- lègues "débiles" du Starbucks et la douce lenteur de la pe- tite bibliothèque où elle donnait ses cours de photo. Après le travail, une fois qu'elle avait fait ses courses, rangé la maison et appelé Rome pour rassurer sa mère, il ne lui restait plus beaucoup de temps pour elle.
Comme promis, elle avait revu Diego. Avec Diego, c'était compliqué. Ils étaient comme deux amis, comme frère et soeur. Tellement proches que tout le monde était persuadé qu'ils étaient ensembles, mais si intimes que toute relation amoureuse leur aurait semblé incestueuse. Il est certain qu'ils en mouraient tous les deux d'envie. Ils en avaient d'ailleurs parlé ouvertement plusieurs fois, mais le seul fait de pouvoir en parler, leur avait fait franchir un cap où la magie n'opère plus et rend tout rapprochement qua- siment impossible.
Alex attrapa une serviette pour se sécher et en noua une autre sur sa tête. Les pieds encore mouillés, elle tra- versa la petite pièce, s'allongea sur le Chesterfield et al- luma la lampe. Son petit studio ne ressemblait pas à un ap-
part de fille. Incontestablement, il était arrangé avec goût, mais sans tralala. Tout y était d'abord fonctionnel et essen- tiellement décoré avec des objets de récupération. La plu- part des meubles, bien que peu nombreux, elle les avaient repeints avec plus ou moins de succès. L'ensemble pour le moins hétéroclite, associé à une lumière tamisée un peu jaunâtre, conférait à cet endroit, une atmosphère baroque rassurante.
Une fois chez elle, Alex essayait d'exploiter au mieux le temps qui lui restait. Elle se redressa pour se passer une crème hydratante sur ses jambes rasées de près. Comme elle le disait, cette crème magique lui évitait d'avoir "la peau de crocodile". Elle prenait son temps pour se masser les jambes et les seins, mais son esprit ne s'arrêtait jamais. Elle pensait sans arrêt à des milliers de choses en même temps. Elle pensait à ses photos, à ses Followers, à Flickroù elle publiait ses clichés. Elle décida d'ouvrir son ordina- teur portable qui se trouvait juste sur la table basse, à côté d'elle. Evidemment, avec les doigts pleins de crème, la manoeuvre s'annonçait périlleuse et dévastatrice.
Assise en tailleur sur sa serviette de bain, Alex posa son Mac sur ses cuisses nues et se connecta sur son profilFlickr. Sur plus de 1200 profils qui la suivait, seulement 5, avaient "Liké" une photo. C'était de pire en pire. Il faillait absolument réagir et ajouter de nouveaux clichés pour re- donner de la visibilité à son travail. Le dilemme d'Alex,
c'était le choix des photos. Mettre les plus belles photos en ligne pourrait lui apporter plus de notoriété, mais d'un autre côté, elle ne devait pas dévoiler sur le web, celles qu'elle exposerait peut-être un jour, dans une grande ga- lerie de Manhattan. Elle décida, donc de parcourir les nou- velles publications des personnes qu'elle suivait et de se mettre à la recherche de nouveaux modèles. Elle pourrait ainsi commencer une autre série et pourquoi pas, prendre quelques clichés de nus en extérieur.
Les photos se succédaient et au fil des pages, Alex af- finait son désir. Les corps s'entremêlaient dans des poses improbables. Les reflets de la peau dans les ombres ras- antes, laissaient imaginer la douceur du duvet d'un ventre creux. Les courbes féminines jouaient avec les contre- jours au détour d'une fenêtre, laissant au hasard d'un courant d'air, les voilages transparents, caresser des corps parfaits. Le noir et blanc, imposait encore plus de puis- sance aux muscles virils de corps athlétiques. Quant à la profondeur de champ, elle pouvait fixer à jamais l'anony- mat d'une nymphe, dévoilant néanmoins, toute la volupté de son Mont de Vénus.
Sans vraiment s'en rendre compte et tout en regardant les photos, Alex se caressait le clitoris. Sa chatte était trempée. Ses doigts glissèrent un peu plus et elle se rendit compte que ses lèvres gonflées étaient toutes écartées. Il faut dire que ça faisait longtemps qu'elle avait plus de mec et semble-t-il, ça commençait à faire long. "Tu vas quand
même pas te faire jouir comme une pauvre fille, en regar- dant des photos sur internet", pensa-t-elle.
Alors, elle referma le Mac et décida de finir de se sécher les cheveux et de se laver les dents, histoire de changer d'état d'esprit avant d'aller fumer une clope sur le balcon. Ses seins durs et gonflés, lui faisaient presque mal et l'excitaient aussi. Elle se trouvait belle et désirable, d'au- tant que sa chatte quasiment rasée, coulait lentement jusqu'en haut des ses cuisses. "Et tout ça pour quoi ou plutôt... pour qui ?", se dit-elle.
Quand elle eut fini, elle ne reposa pas sa brosse à dent électrique et retourna sur le canapé. Elle eut un premier sursaut en appliquant le petit objet vibrant sur son clitoris, mais à la deuxième application, la surprise laissa place au plaisir. De l'autre main, elle faisait défiler lentement les photos. Le mouvement lent de sa main, complétait dans un premier temps, celui rapide et électrique de sa brosse à dent. Au fur et à mesure que les corps nus se succédaient sous ses yeux, Alex accélérait le mouvement. Son corps se tordait et ses yeux se fermaient. De moins en moins, elle regardait les images, se perdant davantage dans ses fan- tasmes. Son corps se tordit une dernière fois et Alex laissa échapper un cri bien malgré elle.
Essoufflée, elle jeta, sans plus de considération, la brosse à dents sur la petite table et se laissa tomber en ar- rière.
Le balcon étroit, laissait tout de même la place d'in- staller une table de bistro et deux chaises. C'est là, le soir, qu'elle aimait consulter ses mails ou retoucher quelques nouveaux clichés en buvant une Corona.
Ce soir là, elle retourna consulter les photos de nus surFlickr. Au fil de ses recherches, elle découvrit une fille qui posait sur des photos magnifiques. Elle apparaissait sous le nom de Jenny_21 et par chance, elle habitait dans la ban- lieue proche de New York. C'était une fille grande, maigre et blonde avec des cheveux courts, gominés en arrière. De son corps et des ses attitudes, se dégageait une espèce de dureté, une autorité naturelle qui la rendait insaisissable et donnait aux photos une puissance rare. De plus, Alex trou- vait ses tatouages terriblement sexys.
Sans plus attendre, elle décida de lui envoyer un mail pour lui proposer un shooting. L'inconvénient, c'est que ces filles font ça pour gagner un peu d'argent, mais Alex tenta le coup. Après tout, il y avait des tas de façons de s'arranger et elle lui proposa de lui reverser un petit pour- centage sur la vente éventuelle des clichés, s'ils étaient réussis.
Il ne restait plus qu'à attendre sa réponse.
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Les mois qui suivirent et quelques jours de plus
RomanceNew York. Alex, une jeune photographe tombe amoureuse de Scott, un artiste gay. Elle est Italienne, lui, Français. Les mois qui vont suivre les entraineront dans une relation amoureuse qui les dépassera, jusqu'à ce qu'un terrible malentendu, les pou...