Escale à Paris

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Le 747 d'America Airlines posa ses roues sur le tarmac de Charles De Gaulle et le voyage en Première avait été tout aussi interminable qu'en classe Eco.

Immédiatement, les allées bondées de l'aéroport et l'arrogance naturelle des taxis parisiens rappelèrent à Scott, la douceur de la France, qu'il avait quitté il y a si longtemps déjà.

Dans la voiture qui l'emmenait au Crillon, il enleva le mode avion de son téléphone et envoya un SMS à Alex.

- OK bien arrivé ! suivi de 3 cœurs.

- Reviens vite ! répondit-elle immédiatement, avec 3 cœurs aussi.

Il posa ses affaires dans sa chambre d'hôtel et pris une douche avant de repartir. De la fenêtre, la vue sur la Place de la Concorde était grandiose, mais le soir tombait déjà et il n'y avait pas une minute à perdre. C'était le jour du rendez-vous.

Les émotions de Scott se bousculaient. Ses sentiments se mélangeaient. Entre excitation, stress et hâte, il ne savait plus trop quoi penser. Il hésita et se demanda une nouvelle fois, si c'était une bonne idée, s'il devait vraiment aller la voir. Après tout, à quoi cela servirait-il ?

Alors il décida de marcher un peu, d'allumer une cigarette et de voir où ses pas le mèneraient. Il traversa le Jardin des Tuileries. D'abord, l'escalier en fer à cheval, puis le bassin hexagonal et enfin l'allée centrale. Il ne se pressa pas. De jeunes mamans promenaient leurs poussettes en papotant, des enfants couraient ou jouaient au ballon, des personnes âgées lisaient le journal du soir et tout ce monde, l'apaisait. Lui qui n'était pas certain de sa véritable destination, être au milieu de tous ces gens, l'obligeait en quelque sorte à avancer comme ces promeneurs auxquels il tentait de ressembler.

Il faisait nuit lorsqu'il arriva au pied de la grande pyramide de verre éclairée. Majestueuse, féminine, puissante et fragile à la fois. L'entourant avec ses bras délicats, le Louvre s'efforçait de faire un écrin luxueux à ce diamant somptueux.

Face à tant de grâce, Scott resta là un moment, juste pour l'admirer. Juste le temps d'une cigarette.

Il hésita encore, puis il entra.

Du Hall Napoléon, il remonta à l'entresol, fit un détour par les antiquités Orientales et se dirigea ensuite vers l'aile des antiquités grecques.

Enfin, elle apparu en haut de l'escalier de marbre. Elégante et légère, aussi aérienne que raffinée.

Il se figea quelques secondes, submergé par l'émotion.

"Tu es là... Salope !" murmura-t-il.

La Victoire de Samothrace se tenait face à lui et elle le toisait du haut de son éternité.

Il monta les marches lentement sans la quitter des yeux, scrutant le moindre de ses gestes, la moindre réaction, la plus petite émotion. La foule des visiteurs indésirables, s'éclipsa machinalement. Il s'agissait d'une affaire personnelle. Une histoire entre elle et lui... et Isaac.

Puis, il arriva au pied de l'ange blessé qui surmontait fièrement son embarcation de pierre et s'immobilisa. Enfin seul face à elle, écrasé par sa puissance colossale, il se mit à genoux et serra les poings.

A cet instant, il revoyait précisément le tatouage sur la poitrine d'Isaac. Les contours bleus, les ailes fines, les voilages léger et les courbes de son ventre. Il aurait pu la dessiner en fermant les yeux, lui qui avait si souvent posé sa tête dessus.

"Putain... comme tu me manques !" murmura-t-il encore. Les larmes ne coulèrent pas, mais sa mâchoire se serra.

Sans la quitter une seconde des yeux, il commença une conversation étrange :

Les mois qui suivirent et quelques jours de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant