Robert Mann Gallery

6 1 0
                                    


Depuis que les travaux avaient commencé, la galerie ressemblait à une vraie fourmilière. Alex avait insisté pour qu'elle soit repeinte en gris anthracite. Au départ, James voulu tenter de l'en dissuader, car cela n'avait encore jamais été fait, de plus que ça ne correspondait pas vraiment à l'image de la maison, mais rien n'aurait pu faire changer d'avis Alex... puisqu'elle l'avait décidé.

Les ouvriers s'activaient un peu partout, car la date du vernissage approchait. D'un côté, les peintres n'avaient pas tout à fait terminé, ici les charpentiers posaient un grand panneau central et là, les décorateurs commençaient déjà à disposer des stèles sur lesquelles seraient exposées quelques sculptures métalliques qu'elle avait réalisé il y bien longtemps, mais qui lui tenaient à cœur.

- Non, non, non... pas ici ! dit-elle en rentrant. Il faut que les stèles soient plus éloignées du mur... il faut de l'espace... du volume !

- Ah ! Alex, te voilà ! dit James. Je leur ai déjà dit... mais ils en font qu'à leur tête.

Attentive à chaque détail, elle ne voulait rien laisser au hasard, dirigeant les ouvriers avec l'autorité d'un contremaître. Pour la première fois de sa carrière, James Taylor avait totalement délégué l'organisation de l'exposition à son hôte. Avec tendresse et admiration, il la regardait se démener pour imposer ses désirs, trouver de nouvelles idées et finalement, réinventer cet espace qu'il connaissait pourtant si bien. De toutes façons, il avait rapidement compris, qu'il ne pourrait rien lui imposer, d'autant que les idées d'Alex s'avéraient bien souvent être meilleures que les siennes. Il finit même par se demander s'il n'avait pas un peu vieilli, si après toutes ces années, la lassitude ne commençait pas à apparaître. En tous cas, la naïveté, la fraîcheur et aussi la force d'Alex, lui faisaient énormément de bien. Il avait l'impression qu'elle le bousculait et le dynamisait et au fond, ça faisait si longtemps que ça ne lui été pas arrivé, qu'il se souvenait à peine à quel point cela faisait du bien.

Il prit un instant pour la regarder diriger les ouvriers. Elle ressemblait en rien à un chef de chantier. Short noir, bottines basses et surtout ce débardeur blanc qui laissait volontiers apparaître sur les côtés, la courbe délicate de ces petits seins ronds. Allez savoir pourquoi, aucun des hommes, qui pourtant n'avaient pas l'air de types enclins à se faire diriger par une gamine, ne discutaient ses directives. Elle possédait l'autorité naturelle de ceux qui savent ce qu'ils veulent.

- Alex ! appela James. Viens voir, j'ai quelque chose à te montrer !

- C'est quoi ?

- Regarde, elles sont arrivées ! et il déballa les photos d'Alex, tirées sur papier glacé en grand format.

- Elles sont magnifiques ! s'exclama-t-elle.

Alex n'en revenait pas. Elle avait l'impression de les découvrir pour la première fois, comme si c'était quelqu'un d'autre qui les avaient prises. Les unes lui paraissaient plus belles que les autres.

"Celle-là est vraiment trop belle ! Celle-là aussi ! Je voudrais qu'on mette celle-ci plus en valeur. On va changer l'organisation ! Il faut absolument qu'on la voit en rentrant !"

Elle redoublait d'enthousiasme et ses yeux brillaient comme ceux d'une petite fille. Celle que James Taylor n'avait jamais eue. Quand il la regardait, il voyait une femme, mais plus il la regardait, plus il découvrait en elle l'enfant, elle qui était encore entre deux âges.

- On dine ensemble ce soir ? J'ai réservé au Marriott !

- Non, pas ce soir... Scott m'a déjà invitée. D'ailleurs... je suis à la bourre ! Tu m'appelles un Taxi ?

Les mois qui suivirent et quelques jours de plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant