RENDEZ-VOUS ?

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Aujourd'hui, c'était samedi.

C'est la première chose que m'a dit mon cerveau quand je me suis réveillé.

Mes habits, soigneusement préparés à l'avance, étaient posés sur ma chaise.

Je m'assis sur mon lit et réfléchis.

Je réfléchis.

Je ne voulais même plus y aller.

En fait j'en savais trop rien.

J'avais malencontreusement donné rendez-vous à un enfoiré de première classe, alias mon crush, qui allait certainement me poser le plus grand lapin jamais vu.

Lapin que bien sûr, je ne voulais pas prendre !

Bien qu'il soit mignon !

Je m'apprêtai pour le rendez-vous :
au final, je m'en foutais.

Pourquoi devrais-je changer ?

Jean noir, t-shirt kaki.

GO ?

Le parc d'attraction était à environ vingts minutes à pieds de chez moi, et au fur et à mesure que j'avançais, ma confiance s'en allait avec le vent.

En plus, je ne lui avais même pas donné un point de rendez-vous précis et le parc était immense...

Finalement, j'arrivai devant le parc, et c'est ballot, il faisait moche.

Je repérai un banc à l'entrée et m'y assis, j'avais très exactement dix minutes de retard et le rendez-vous était à seize heures.

Et ça tombe bien, il n'était pas encore là. 

Il n'était pas là tout court.

Nuance...

Je contemplai le ciel, grisé, avec ses envies de pluie.

Puis le sol, puis mes genoux, puis le vide...

Les minutes coulèrent, lentement, assez longtemps pour que le soleil revienne, que je m'invente des centaines de scénarios les plus horribles les uns que les autres, que j'ai le temps de remettre en question ma présence ici une cinquantaine de fois, et une dizaine, mon existence même.

Et qu'à la fin, mes yeux rencontrent la dure réalité de l'énorme cadran devant le parc :

18h20

...

Le rendez-vous était à 16 heures...

...

Est-ce que j'aurais dû lui dire que je l'attendrai ?

Et vous pensez que ça existe un retard de 2h20 ?

Dites, vous pensez que je suis con, à rester là et à attendre ?

Et pourtant je restais.

Avec le soleil de la mi-saison qui lui aussi, restait plus longtemps.

Mais qu'est-ce qu'on était con à attendre tous les deux !

Surtout que les nuages étaient finalement revenus le chercher,
me laissant de nouveau seul.

_ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _

- ...

J'ouvris les yeux, et mon cœur rata un battement :

c'était ce gris là que je voulais voir...

- Oi Eren.

Levi était devant moi, chemise, pantalon, les mains dans les poches.

19h10.

J'avais attendu, tellement, que je m'étais endormi.

Un mélange de joie et d'incompréhension s'empara de moi.

En fait, j'avais du mal à réaliser qu'il soit vraiment venu :

- ... A-Alors... T'es venu ?

- Tch. Je sais même pas ce que je fous là.

- ...

Ses yeux paraissaient moins glacials que la dernière fois.

Néanmoins, je ne savais pas du tout comment réagir, nos dernières paroles étaient des menaces...

Mais bon, puisqu'il était là... Autant en profiter... ?

.. ?

Nan, j'avais beau me forcer, là j'avais le moral à zéro.

Je venais juste de l'attendre plus de trois heures, assis sur un banc, sans rien faire, sans savoir s'il viendrait, et lui il se ramenait en disant qu'il savait même pas ce qu'il foutait là...

Bref.

Je me levai :

- Bon on y va..?

Heureusement, le parc était assez côté, et fermait très tard le soir.

Nous entrâmes dans le parc.

En fait, "nous" était un grand mot, il restait derrière moi. On n'avait même pas l'air d'être ensemble...

Je me déplaçai dans la foule et en profitai pour m'acheter quelque chose à grignoter, plus précisément un hot-dog parce que je crevais littéralement la dalle, même si dans d'autres circonstances j'aurais pris une pomme d'amour...

Je ne savais pas où regarder, j'avais les yeux dans le vide : tous ces souvenirs, notre rencontre, nos farces, l'attirance, la passion, l'amour, l'absence, le rejet, la froideur, la violence.

Il était là, derrière...

Je me retournai :

- T'en veux ?

- Nan.

- ...

Nous marchâmes encore et encore, sans un mot.

Sans un regard.

Il y avait tellement de questions que je voulais lui poser, tellement de réponses que je ne voulais pas entendre, tellement de sentiments, que je ne disais rien.




Il était venu.

Je ne savais même pas pourquoi.

Lui non plus.

L'espoir allait-il de nouveau me détruire ?



C'était incroyable,

Il était là.

Moi aussi.

J'aurais été capable de lui sauter dessus.

Alors, je ne disais rien.

Et ce qui devait arriver... Arriva :

22h00

- Oi Eren.

Je savais déjà ce qu'il allait dire.

- Je rentre.

- ...Ok.

Il partit.

Comme si j'allais t'aimer !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant