Chapitre 13

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PERDANTE


Malade.

Jamais Mya n'aurait cru ce mot possible pour elle. Jamais elle avait attrapé un rhume, jamais elle avait eu un coup de froid, encore moins une angine inscrite dans son historique médical. Non, malade a toujours été un terme inapplicable à la jeune femme. Alors quand on lui a diagnostiqué une bronchite aiguë, la brune a d'abord été surprise de se savoir effectivement mal, puis confuse. Le médecin avait beau lui parler lentement dans le but de lui faire comprendre les risques d'une telle infection non–soignée, elle n'entendait qu'un mot sur cinq, dans une sorte de grésillement continu. Elle ne saisissait pas ce qu'on lui disait et elle laissa Neil s'occuper de tout.

Les premiers jours, la fièvre ne baissa pas. Neil passait son temps chez elle, à lui donner les médicaments aux heures et aux repas dits, à lui prendre la température régulièrement, à guetter le moindre signe d'amélioration. Elle restait inerte, stone et dans un état végétatif impressionnant au fin fond de son lit. Elle passait son temps à délirer au milieu de ses rêves, réveillant parfois Neil en pleine nuit alors que des flammes la dévoraient de nouveau.

Mya a bien conscience du calvaire qu'elle a imposé à son infirmier improvisé. Durant toute leur semaine à Londres, il a été aux petits soins avec elle, faisant tout pour elle avant de courir pour ses concerts. Dès qu'elle a pu se lever, Mya l'attendait dans le salon. Il arrivait vers onze heure du soir et la retrouvait assise au milieu de sofa, parfois endormie mais la plupart du temps le regard dans le vague, tournée vers l'immense baie vitrée qui orne tout un mur. Plusieurs fois, elle lui a fait peur, à être aussi inactive, et il s'essayait alors à la dérider un peu à coup de tisanes et de potins sur sa soirée avant de l'aider à se recoucher vers minuit.

Malade... Un état bien fatigant et éprouvant qu'elle a fini par expérimenter après 17 années immunisée. Son corps faible avait fini par lâcher prise et sans aucune note à son attention, l'avait laissée se battre à en recracher ses poumons. Si Neil n'avait pas décidé de venir la voir et si Zach n'était pas entré sans attendre chez elle, Dieu sait combien de temps elle serait restée allongée dans son lit à essayer d'arrêter la folle danse de ses murs. La pneumonie aurait sûrement fini par rejoindre la fête et elle aurait cédé à la folie de ses visions. Voilà un peu plus d'une semaine maintenant qu'elle accepte de prendre des somnifères chaque soir et parfois au milieu de la nuit, quand Neil débarque dans sa chambre, affolé de l'entendre crier et s'étouffer dans sa toux.

Mya se remet doucement. Trois jours maintenant qu'elle arrive à sortir sans avoir mal à la tête. Trois jours que sa poitrine ne l'étouffe plus et que la toux semble se calmer. Finalement, après avoir pris deux antibiotiques différents et appliqué toutes les recettes inimaginables de grand - mère, elle est presque guérie. Elle en est soulagée car elle peut visiter un peu New Castle même si ses sorties ne durent pas plus d'une heure et qu'elle ne va jamais bien loin. Mais au moins, elle n'a pas à rester enfermé dans l'appartement réservé pour le groupe. Elle peut respirer l'air frais de ce début de mai, à condition bien sur d'être bien couverte et de ne pas oublier son étole.

Mya va mieux. C'est pour cela qu'elle a voulu refuser de prendre son médicament à midi. Mais Neil s'est montré si insistant qu'elle a finit par lui obéir et par avaler la gélule, non sans grimacer. Elle déteste toujours autant prendre son médicament. Elle a la désagréable impression de se droguer encore, même si cette fois-ci c'est pour son bien. Son appétit n'est pas totalement revenu mais à coup de grands verres d'eau, elle arrive à finir au moins son énorme steak et sa plâtrée de frites sous l'œil vigilant du blond et de Liam. Le cachet qu'elle a pris quelques minutes auparavant semble s'alourdir dans son ventre et elle écoute distraitement la discussion des deux chanteurs. Distraite, elle l'est depuis quelques jours. Après tout, sa convalescence lui a donné plus de temps qu'elle n'aurait souhaité pour réfléchir, trop de silence pour s'entendre penser et pour finir par se parler à elle même.

Papillon (ou Comment Apprendre À Aimer) -- Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant