Chapitre 22

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LITTLE ITALY 

Zach avait tord

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Zach avait tord. Malgré son état déplorable de la veille, Mya se souvient encore parfaitement, mot pour mot, de ce qu'il s'est dit et surtout, de la confidence du chanteur. Voilà maintenant trois jours qu'elle ressasse en boucle ses paroles, posant petit à petit les pièces manquantes au puzzle et contemplant les trous restants. Elle ne sait toujours pas où elle en est et ce qu'elle doit faire mais elle a l'impression de comprendre un peu mieux le jeune homme. D'ailleurs, depuis cette nuit passée sur le balcon, les deux adultes s'entendent mieux et se supportent avec bien plus de facilité. Il y a toujours un peu de tension électrique mais la répulsion présente chez Zach à l'égard de Mya a juste laissé place à un goût amer en bouche lorsqu'il l'aperçoit quelques fois. Ils ne sont certainement pas les meilleurs amis du monde mais pas pour autant ennemis mortels. Un juste milieu entre le grand amour, la pure haine et l'indifférence a enfin été trouvé.

Le 12 mai ainsi que le 13 ont été passés brillamment. Mya a certes un peu noyé ses peurs, doutes et chagrins dans l'alcool - une première et surement une dernière pour elle - mais elle n'est pas non plus tombée dans la dépression. Les années précédentes, elle passait ces deux jours fixée au piano, essayant d'oublier et l'absence de son père et la mort de sa mère, ayant eu lieu le lendemain de sa naissance.

Voilà maintenant un peu plus de quatre mois que Mya n'a plus touché à un piano et pour une fanatique comme elle, c'est plutôt un exploit de ne pas avoir fait de crise sous le manque. Pourtant, la première fois qu'elle est rentrée dans l'hôtel réservé par les garçons à Zurich, Mya a tout de suite vu l'élégant instrument. D'un bois élégant et ciré, le piano à queue semblait l'attendre sur la petite estrade du vaste salon doré. Les garçons n'ont fait aucune remarque quand ils s'en sont approchés. Pour eux, l'espoir de revoir la jeune femme ne serait-ce que s'assoir sur le tabouret est maigre. Ils ne sont pas découragés, mais ils ont compris qu'il fallait laisser le temps faire son sillage. Mya, elle, a juste frissonné en passant devant, comme si le meuble musical lui envoyait des ondes et communiquait avec elle. Elle avait laissé les portes de l'ascenseur se refermer sur elle dans un soupir et inconsciemment, ses doigts avaient bougé le long de sa cuisse, pianotant une mélodie passagère.

Alors que les garçons sont partis depuis une heure enflammer la scène devant un millier de fans suisses, le silhouette de Mya se glisse dans le couloir. Elle en a marre de tourner en rond dans sa chambre, de fixer sans réelle raison la ville illuminée ou encore de lire son livre. Dormir ne lui semble pas non plus une bonne idée puisqu'elle ne sait pas à quelle heure ils repartent le lendemain. Alors, simplement vêtue d'un jean bleu foncé et d'un t-shirt fantaisiste dans les tons rouge, elle prend doucement mais surement la direction du salon. A cette heure, la majorité des clients sont soit au restaurant soit dehors si bien que le lieu est vide de toute oreille parasite. Sans aucune hésitation, la jeune femme se dirige vers le piano, comme envoutée, appelée par les cordes et le clavier dévoilés.

Elle ne s'assoit pas tout de suite et s'amuse simplement à faire courir son index sur le cadre de bois. Son ventre se tord et dans un sourire, elle prend place. Au dessus du porte partition, elle contemple l'intérieur de la caisse en bois, et les fils rouges, blancs, verts qu'elle peut voir courir dans la queue du piano, caresse du regard le damier noir et blanc qui se profile dans la longueur. Ce n'est qu'après cette reconnaissance visuelle qu'elle s'autorise à fermer les yeux et à placer sa main droite sur les touches froides. Une sensation familière l'envahit et une spirale de souvenirs la happe. Ses doigts se mettent à bouger d'eux même, bien vite rejoints par la main gauche et elle respire chaque note vibrant dans le corps de l'instrument. Même si la médium hésite, son corps, lui, plonge avec entrain dans cet exercice qu'il connait bien, son âme se repait de la mélodie qui sort timidement. Les pieds rentrent aussi dans la danse, activant parfois les pédales et doucement, Mya rentre en symbiose avec la musique, ne faisant plus qu'un avec elle.

Papillon (ou Comment Apprendre À Aimer) -- Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant