Chapitre 14

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ELLIS

(Je vous en avait parlé, arrive ici des chapitres sur les autres chanteurs des Stupids)


Son avion a atterri depuis deux bonnes heures à Robin Hood Airport. Il a profité du taxi de son ami Davis pour rentrer chez lui, a pris un plaisir malsain à le taquiner sur le sujet épineux que sont – toujours ! – les femmes, pour les hommes. Mais depuis qu'il a posé un pied dans la maison de sa mère, à Doncaster, toute sa bonne humeur s'est envolée. L'euphorie de sa jumelle Phoebe à sa vue n'a pas réussi à redonner l'étincelle de sérénité dans les iris verts du chanteur. La prise d'assaut de Félicité n'a fait que lui casser le dos. Il a répondu aux étreintes de ses sœurs avec le sourire, apprenant que Charlotte allait revenir des courses. Et depuis maintenant une demi-heure, il est assis droit comme un piquet dans le sofa de son salon, écoutant d'une oreille attentive le blabla incessant de la petite de neuf ans et ne pouvant se résoudre de quitter du regard l'étranger assis aux côtés de sa mère. L'homme qui à son arrivé était un train de fourrer sa langue dans sa gorge et ce, sans aucune pudeur, dans le vestibule. Ellis a le visage fermé, la mâchoire contractée, et la présence féminine à ses côtés ne l'apaise pas. Félicité lui presse doucement la main, lui arrachant un sourire reconnaissant. Il dégage le front de Phoebe et prend une goulée d'air avant de se lancer.

— Je ne crois pas que nous ayons été présentés du moins... En bonnes et dues formes., commence le chanteur, s'adressant ouvertement à l'adulte au cheveux grisonnants.

Ce dernier sursaute et un pâle sourire nerveux s'esquisse sur ses lèvres. On y est. Et il sait que malgré tous ses sentiments, malgré la solide relation qu'il a avec Joanna, si l'ainé de cette famille ne l'approuve pas, il devra partir et laisser la femme qu'il aime derrière lui.

— Je suis Daniel Deakin., se présente-t'il en tendant sa main au dessus de la table basse. Ravi de te rencontrer, ta mère m'a beaucoup parlé de toi.

— Ah bon ? Et quand ?, le coupe Ellis en ignorant délibérément son geste. Parce qu'à ce que j'ai vu, il y a bien plus de contact que de dialogue.

— Ellis !, s'exclame sa mère, choquée.

— Laisse, Jo, laisse..., intervient Daniel en se recalant dans son fauteuil.

— Oui, c'est tout à fait Ellis ça !, rigole Félicité. Dès que Charlotte parle d'un garçon, il la noie sous des milliers de question et il trouve toujours quelque chose à redire : « Tu es trop jeune », « il est pas mieux que moi », « je ne l'aime pas. ». Heureusement qu'on ne l'écoute pas !

Le concerné grogne. A être le seul garçon de la famille, il a peut – être essayé de contrôler les relations de ses sœurs. Mais c'est parce qu'il connaît bien les hommes et que les histoires de viols relatés à la télévision lui ont fait des sueurs froides. Mais cette situation là est différente. Il regarde sa mère avec attention. Comment peut-elle ? Elle s'est déjà mariée et divorcée deux fois... Est-ce que celui là sera le bon prince charmant ? Lui est maintenant majeur mais il sait bien qu'un remariage est compliqué pour les enfants. Lui même a eu du mal. Même si il avait vu Mark souvent chez lui, il a eu du mal à accepter que ce dernier prenne la place de son père en devenant le mari de sa mère... Sans la naissance de Charlotte qui a amené tellement de bonnes choses dans leur famille, il ne porterai pas le nom de son beau-père. Et si cet homme prenait aussi la place de Mark Green dans le cœur de ses sœurs ? Il ne le tolérerait pas.

— En quoi pourrez vous être bon pour elle ?

Il omet de dire « elles », essayant de se faire moins alarmiste qu'il ne l'est vraiment. Sa mère glapit et les filles se tendent à ses côtés mais les deux hommes n'en tiennent pas compte. Daniel laisse le regard scrutateur du chanteur le parcourir, ne déviant pas son regard, refusant de fuir cet interrogatoire qui semble être nécessaire.

Papillon (ou Comment Apprendre À Aimer) -- Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant