Nouvelle ville, nouvelle vie

chapitre 26

Après avoir vidé le camion et l'avoir rendu, nous récupérons la voiture de Jeremy et retour direction Arcane. Comme à l'aller, je me mets à l'arrière. Mes yeux se perdent sur le paysage qui défile et des larmes coulent sur mes joues. Une page se tourne. Je retire mon collier et l'ouvre, je caresse doucement la photo de ma grand-mère et moi. Je sèche mes larmes et remets mon collier. Seb et Nico restent silencieux, ils ont compris mon besoin de m'isoler au sens figuré. Il est 19h et nous sommes à mi-chemin. Nous nous arrêtons pour que je mange un truc, et je vois qu'ils ne sont pas au top de leur forme.

Moi: Ça ne va pas les mecs ?

Seb: Si, ça va, ne t'inquiète pas.

Moi: Vous avez l'air faible.

Nico: Ne t'inquiète pas, c'est juste...

Moi: Juste quoi ?

Seb: rien, c'est rien.

Moi: Trop tard, y a quoi ?

Nico: Ben, on pensait rentrer plus tôt. On n'a pas eu de quoi manger à notre faim, mais on est bientôt arrivé, donc ne t'inquiète pas.

Moi: Pourquoi vous ne me l'avez pas dit, le déménagement aurait pu attendre.

Seb: On a bien vu que tu n'avais pas spécialement envie que des étrangers touchent tes affaires.

Moi: Vous devez boire beaucoup.

Nico: Non pourquoi ?

Je vide mon gobelet d'une traite, ouvre mon sac à main, en sort mon couteau suisse. Sans qu'ils aient le temps de dire quoi que ce soit, je m'ouvre la main et fait couler mon sang dans le gobelet. J'enroule une serviette autour de ma main et leur tends le gobelet.

Moi: Buvez, y en a pas beaucoup, mais vous allez devoir partager.

Seb: Mais t'es folle.

Moi: Vous êtes affamés, à cause de moi.

Nico: Je confirme ce qu'a dit Seb, tu es totalement cinglée. Tu t'es ouvert la main devant deux vampires assoiffés.

Moi: D'un, je sais que vous savez vous contrôlez, de deux, c'est parce que vous avez été là pour moi que vous êtes assoiffés et de trois pour gobelet, c'est plus discret comme ça. Je n'allais quand même pas vous offrir mon cou et ça doit pas faire du bien de se faire mordre.

Seb: Détrompe-toi, la morsure d'un vampire est aussi agréable pour le vampire que pour celui qui est mordu.

Nico: C'est presque aussi bon que le sexe.

Moi: Je vous crois sur parole. Je ne peux pas juger ni pour l'un ni pour l'autre. Maintenant, buvez et taisez-vous.

Il s'exécute et en quelques secondes, il semble retrouver toute leur énergie. Je regarde ma main. Je suis bien avancée, moi maintenant, avec la main en sang. Je l'éloigne un peu des garçons pour prendre un t-shirt dans le carton d'affaire que je ramène avec moi. Je commence à bander ma main quand Seb arrive derrière moi.

Seb: Tiens bois ça.

Moi: C'est quoi?

Seb: Fais-moi confiance.

Je l'écoute et bois, c'est infect. J'ai l'impression de boire du métal liquide.

Moi: Beurk, dégueu, c'était quoi ?

Seb: Mon sang.

Moi: Hein quoi...

Seb: Regarde ta main.

Je retire le t-shirt, ma main a totalement cicatrisé.

Moi: Mais comment...

Nico: Le sang de vampire, par contre désormais, tu ne quittes ni moi ni Seb. Et arrivé au manoir, tu es assignée à résidence pendant les prochaines 24h.

Moi: Pourquoi ?

Seb: Parce que si tu meurs avec du sang de vampire dans le corps, tu en deviendras un et je ne pense pas que tu en aies très envie.

Moi: non pas vraiment.

Nous nous remettons en route. Seb prend le volant pour la fin du trajet. Ça fait une heure que nous avons repris la voiture et Nico me regarde bizarrement depuis déjà quelques minutes.

Moi: Qu'est-ce qu'il y Nico ?

Nico: Rien, enfin un truc me travaille.

Moi: Vas-y.

Nico: Ben, c'est indiscret, alors...

Seb: Comme si ça t'arrêtait d'habitude.

Nico: Pas faux, tout à l'heure, t'as dit que tu ne pouvais pas juger...

Moi: Pour le sexe, oui, je n'ai jamais couché avec personne.

Les deux restent interloqués alors, je poursuis.

Moi: Quand mes parents sont morts, je n'avais même pas 16 ans et après leur mort, je me suis replié sur moi-même. Pendant trois ans, la seule personne à qui je parlais, c'était ma grand-mère. Et quand j'ai repris ma vie en main quelques mois avant sa mort, ben disons que je ne veux pas faire ça avec le premier venu. De toute façon, c'est simple, je n'ai jamais eu de petits copains. Je n'ai embrassé que quatre garçons dans toute ma vie, dont deux sont dans cette voiture.

Nico: Quoi, vous vous êtes embrassés tous les deux.

Seb: Ben oui, toi aussi, tu l'as embrassé.

Moi: On se calme devant. Avec Seb, quand on s'est embrassé, on a eu l'impression d'embrasser un membre de notre famille et toi, Nico, c'était pour un jeu idiot. Et maintenant, fin de la parenthèse "vie sentimentale désastreuse de Cassy". Seb, si tu nous mettais de la musique.

Seb allume l'autoradio et le reste du trajet se passe en musique. Nous nous garons devant le manoir, je sors de la voiture et m'étire. Je rentre et Jeremy est dans le salon en train de lire. Je vais lui faire un bisou et nous commençons à parler. Je vois Seb monter le carton que nous avons ramené dans ma chambre.

Jeremy: Alors ça va, pas trop dur.

Moi: Un peu, mais j'avais Seb et Nico pour me soutenir. Ça te dérange pas si on en parle demain, je suis crevée et demain, j'ai cours.

Nico: Là, tu rêves, t'as oublié demain, tu ne bouges pas du manoir.

Je l'ai même pas vu arriver, et voilà Seb, ça va être ma fête.

Jeremy: Pourquoi ?

Nico: Madame, a du sang de vampire dans l'organisme.

Jeremy: Pardon ? Tu as été blessé.

Moi: Non pas vraiment, disons que je me suis fait mal toute seule. Les garçons étaient tous faibles.

Jeremy: Quoi ?

Seb: On n'avait pas pensé rester si longtemps là-bas et on n'avait pas pris assez de poches.

Moi: Ils ne m'ont rien demandé. Ils m'ont même déjà engueulé, mais je me suis ouvert la main pour qu'ils aient de quoi manger.

Seb: Alors, je lui ai donné un peu de sang pour soigner sa main. La plaie était profonde, un pansement n'aurait pas suffi.

Jeremy: Et ben, comme Nico l'a dit demain, tu ne bouges pas de la maison, et on ne plaisante pas.

Moi: Bon d'accord, je vais aller me coucher.