Chapitre 9 : Déjà Vu All Over Again

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- Non, non, ça ne peut pas être vrai.
- Vraiment... répondit Roy d'une voix traînante, ses yeux se rétrécissant en anticipation alors qu'une main se levait pour frotter ses tempes d'un air absent. Tu es affreusement sûr de toi pour quelqu'un qui ne fait cela que depuis une semaine. Bien que les deux séances d'enseignement d'une heure qu'il avait intégrées dans son emploi du temps quotidien étaient, à bien des égards, le point culminant de sa journée – et certainement la partie la plus satisfaisante, étant donné la rapidité d'esprit d'Auric – la journée avait déjà été longue. Il en avait passé une bonne partie à superviser l'entraînement offensif de base des alchimistes civils réquisitionnés, dont beaucoup ne seraient encore que de la chaire à canon sur les lignes de front, pensa-t-il, morose. Au moins les leçons d'Auric avaient bien progressé et ses pouvoirs commençaient facilement à rivaliser avec ceux de n'importe quel Alchimiste d'État, même si ses connaissances théoriques étaient insuffisantes et parcellaires. Sur ce dernier point, cependant, Roy comme Al pensaient intérieurement que c'était le dernier de leurs soucis. Le vrai problème était la mauvaise volonté d'Auric pour en fait utiliser ses pouvoirs. Oh, il se délectait du défi intellectuel d'essayer de maîtriser ce nouveau domaine et de l'intégrer à ses connaissances de Gardien, mais malgré sa compréhension instinctive de l'alchimie, il préférait encore se reposer sur les capacités dont il état sûr. Roy ne pouvait pas vraiment le blâmer. Ses capacités de Gardien étaient tout ce qu'Auric avait connu depuis aussi longtemps qu'il s'en souvenait, après tout.
Auric grogna.
- Je vous en prie. Ne m'insultez pas. Je souffre d'amnésie, je n'ai pas été lobotomisé.
Sa main droite se déplaça rapidement sur les papiers, dessinant une sérié de transformations alchimiques.
- Là, vous voyez ? Votre façon de faire prend trop de temps. Si vous le faites de cette manière et puis que vous utilisez un cercle stabilisé avec un pentagramme à cinq points élémentaires, vous auriez fini en deux fois moins de temps avec le double du rendement de conversion.
Roy secoua la tête avec indulgence.
- On y a déjà pensé, jeune homme.
- Qui traitez-vous de petit ? claqua Auric avec force, puis rougit de colère quand il attrapa le sourire en coin de Roy. Pourriez-vous arrêter avec les diminutifs, je suis sûr que la violence verbale ne faisait pas partie de notre contrat ! Enfin, si c'est une transformation connue, pourquoi n'est-elle pas utilisée ?
- Parce que personne n'a jamais été capable de stabiliser un système à cinq éléments. Quoique, ce n'est pas entièrement vrai – il y a des rumeurs qui disent que des alchimistes de Xing l'ont maîtrisé à des fins médicales, mais il y a quelque chose de trop étranger dans ce concept pour entrer dans notre système d'alchimie, semblerait-il, expliqua patiemment Roy.
Auric sembla incertain.
- Ça ne peut pas être vrai.
Roy réprima un soupir.
- Et pourquoi pas ?
Le plus jeune haussa les épaules.
- Parce que je le fais tout le temps.
Roy s'étouffa avec une gorgée de café froid.
- Quoi ?
- Les Portails. Ils sont essentiellement basés sur un cercle à cinq point de conception similaire. On ne peut en ouvrir un seulement si on équilibre tous les cinq éléments - shui, huo, jin, mu, tu – et atteindre cet état stable que nous appelons kong, dit Auric avec désinvolture.
Il posa son menton sur ses mains, regardant Roy au travers de ses longs et sombres cils. Il avait eu une longue journée lui aussi – étudiant l'alchimie, obtenant une meilleure compréhension de la structure du pouvoir et du paysage politique d'Amestris, aidant Maes avec quelques enquêtes et filant Al dans une mission où il s'était montré à la hauteur de son nouveau surnom, terraformant essentiellement toute une plaine aride tout en poursuivant une crapule d'alchimiste qui avait pris en otage les fermiers de la région à ses caprices en détruisant leurs seuls moyens d'existence. L'insouciante manière dont Al avait transformé des acres de terre faisait frissonner Auric à chaque fois qu'il y pensait – il savait qu'Al avait le contrôle de ses pouvoirs et qu'il ne les utiliserait jamais de façon malveillante – mais c'était toujours troublant. C'était une chose de savoir ce que l'alchimie pouvait faire, c'en était une autre de voir arriver ce qu'elle pouvait faire en réalité. Il ne pensait pas que cela deviendrait un jour instinctif pour lui.
Il ne lui venait jamais à l'esprit que c'était exactement ce que les gens pensaient quand ils le regardaient.
Roy se rassit dans sa chaise, secouant la tête avec étonnement.
- Juste quand je pense que j'ai finalement réussi à te cerner, tu ne manques jamais d'arriver avec quelque chose de nouveau pour me surprendre. Fullm... Auric.
Il se maudit mentalement pour le lapsus. Il devrait vraiment s'arrêter là, mais il savait qu'Hawkeye serait heureuse de lui trouver la peau s'il ne terminait pas ces rapports sur les exercices d'entraînement. Auric le regardait avec une prise de consciente naissante dans les yeux.
- La confusion dans votre esprit augmente, n'est-ce pas ? demanda doucement Auric. Depuis que nous avons commencé ces... cours intensifs d'alchimie, ou quel que soit le nom que vous voulez lui donner. Je peux le voir sur le visage des gens – dès que je travaille sur quelque chose en lien avec l'alchimie, leur attitude change. C'est comme s'ils avaient Ed de retour pendant un moment.
Roy resta silencieux, méditant.
- Oui, dit-il finalement ? Je suis désolé. Ce n'est pas vraiment juste pour toi.
Auric confirma le sentiment avec un hochement de tête résigné.
- C'est la vie.
Il se leva gracieusement, glissant dans son allure de Gardien comme dans une armure.
- Ça n'a pas d'importance du moment que vous honorez votre contrat. Pourrions-nous reparler de ce problème de cercle à cinq points demain ? Vous avez l'air fatigué. Et j'ai promis que je m'entraînerais avec le Major Armstrong ce soir.
Roy regarda l'homme blonde quitter son bureau, secouant doucement la tête à ce qui venait d'arriver. Auric venait de renverser un fait scientifique connu, de le piétiner puis de passer à autre chose comme si ce n'était qu'un fait de tous les jours. Un prodige en effet.

***

Alphonse Elric s'appuya contre le mur du fond du gymnase alors qu'il regardait Auric et Armstrong s'entraîner. Parfois il s'entraînait avec eux pour rester en forme, mais quand il s'agissait du corps-à-corps, il savait le laisser aux experts. La chemise d'Armstrong avait été écartée depuis longtemps, et Al jurait que s'il plissait les yeux et inclinait la tête juste comme cela, il pourrait voir des étincelles roses venant des muscles saillants et ondoyants de l'homme. Pour ce round, le Major avait choisi un simple bokken comme arme. Par contraste, le corps d'Auric était maintenu dans une position détendue mais prête, deux saïs d'entraînement dans les mains tandis qu'il tournait autour de son adversaire, une expression sereine sur son visage. L'alchimie n'était pas permise durant ces entraînements puisque le principal intérêt des deux hommes était l'entraînement de leurs corps physiques. Cela et le fait que personne ne voulait gérer la paperasse qui serait impliquée s'ils détruisaient le gymnase. Le Capitaine Hawkeye ne serait pas amusée.
- Ugh, grogna Armstrong alors qu'ils se heurtaient en évitant soigneusement ce qui aurait été un coup dur par la poignée du saï d'Auric. Alors, les leçons du Général se passent bien ?
Auric acquiesça, esquivant une riposte et le bloquant avec son épée en position renversée.
- Aussi bien qu'on pouvait l'espérer – il est en réalité un assez bon instructeur, mais vous n'avez pas entendu ça venant de moi. Par contre j'ai découvert quelque chose de bizarre aujourd'hui.
Il adorait ces entraînements avec Armstrong qui s'avérait être un bon ami. D'une part, Armstrong était l'une des rares personnes à l'accepter simplement en tant qu'Auric et ne semblait pas vouloir ou avoir besoin qu'il soit qui que ce soit d'autre.
- Quoi donc ? demanda Al avec intérêt.
Il était heureux, si ce n'est loin d'être surpris, de la vitesse avec laquelle Auric maîtrisait l'Alchimie. Cela lui donnait l'impression qu'il était plus près de retrouver Ed.
- Eh bien, il semblerait que vous les gars ne stabilisiez pas – ou ne pouvez pas stabiliser – un système à cinq éléments.
Auric s'avança en essayant de piéger son arme dans les dents de ses saïs.
Armstrong acquiesça, anticipant l'attaque d'Auric juste à temps.
- C'est impossible, mon garçon. C'est un Armstrong dans les années 1700 qui a écrit l'œuvre définitive sur...
- Je peux le faire, l'interrompit précipitamment Auric pour éviter une autre leçon d'histoire. C'est comme ça que j'ouvre un Portail.
Il ramena ses mains dans une position défensive, avant de remarquer qu'Armstrong s'était arrêté et le regardait fixement, abasourdi. Bon sang. Il oubliait toujours que derrière cet extérieur de soldat costaud et impassible se trouvait l'esprit d'un Alchimiste d'État renommé. Al déglutit plusieurs fois, mais une lumière fanatique brillait dans ses yeux, grimaça Auric, sachant ce qui allait arriver. Les Alchimistes... d'obsessionnels rats de bibliothèque, tous autant qu'ils sont.
- Ce n'est rien... vraiment...
- Allons faire des recherches maintenant !
Al tirait sur son bras, et merveille des merveilles, Armstrong était déjà en train de renfiler sa chemise, tout entier consacré à l'enquête sur ce défi de son héritage familial.
Auric soupira, incapable de résister non pas à un, mais à deux Alchimistes d'État en train de le regarder avec des yeux de chiots.
- Pourrions-nous au moins prendre à dîner avant ?

***

Le cercle sur la feuille de papier étalée entre les trois hommes fit un triste petite bruit quand il étincela et partit en fumée.
Al soupira.
- Tu vois, ce n'est pas bon. À chaque fois que j'essaye d'activer le cinquième élément, je perds le contrôle du tout.
Le visage rose d'Armstrong se rida comme celui d'un bouledogue pensif alors qu'il tirait de manière absente sur une extrémité de sa moustache, ses doigts épais tachés d'encre et de craie.
- Se pourrait-il qu'il y ait une erreur dans le cercle ? Bien que ce soit la septième configuration que nous essayons.
Il releva les yeux vers Auric, qui haussa les épaules de manière dégagée et ferma le libre qu'il était en train de feuilleter, un épais volume intitulé Être une explication éclairée des pentacles, licornes et autres symboles par un certain Frederick Philippe Armstrong.
- Je ne pourrais pas dire, je n'utilise pas de cercle quand j'ouvre des Portails. Vous deux êtes les experts dans ce domaine.
- Pourquoi tu n'essaierais pas d'activer le cercle ? demanda Al avec espoir.
Auric grimaça.
- Je suis habitué à avoir une autre personne être ma balise, Al, pas un cercle sur un bout de papier.
Il savait que cette partie de sa réticence provenait d'une sensation déraisonnable que ce n'était qu'un moyen de plus pour ce monde de conspirer pour lui enlever la seule chose à laquelle il sentait qu'il pouvait s'accrocher comme étant la sienne et la sienne seule. Bien que la partie rationnelle de son esprit faisait remarquer que le cercle était simplement une sorte d'intermédiaire, comme ses perles l'avaient été, la partie fatiguée et donc irrationnelle de son esprit soulignait avec ressentiment que ce n'était pas assez que tout le monde veuille qu'il soit quelqu'un d'autre et qu'il apprenne l'alchimie, maintenant ils voulaient aussi prendre le contrôle de ses capacités de Gardien ?
- Se téléporter est une chose, mais activer un Portail... Je ne pense pas pouvoir le faire de cette façon, et de toutes manières, on a besoin de deux personnes pour ouvrir un Portail.
- Mais l'un d'entre vous commence par envoyer un signal, remarqua Al. On doit être capable de stabiliser les cinq éléments à ce moment-là, n'est-ce pas ?
La tête d'Auric se redressa et ses yeux d'or s'ancrèrent dans ceux gris clairs d'Al. Coincé une fois de plus. Et une erreur tactique puisqu'il n'avait jamais été capable de refuser à Alp... Al quoi que ce soit quand il le regardait avec cet affectueux mélange d'espoir et de foi.
- Tu te souviens de tout ce que je te dis ? murmura finalement Auric d'un ton grincheux, détournant le regard.
- Oui, à peu près. Depuis que nous sommes enfants, sourit Al apparemment inconscient de la bouderie dans la voix d'Auric. Tu es mon grand frère après tout, pourquoi ne t'écouterais-je pas ? Sans compter que tu apprécies cela... tu disais que cela aidait à discuter des choses avec moi.
- Très bien, très bien, soupira Auric. Je vais tenter le coup. Cela ne marchera probablement pas, et nous pourrons alors aller se coucher, d'accord ? Donne-moi ce maudit cercle.
Armstrong poussa vers lui une nouvelle feuille sur laquelle il venait d'écrire.
- Tenez, utilisez celui-là. J'ai fait quelques modifications : réarrangé l'ordre des éléments, ajouté quelques runes de stabilisation, rien de trop recherché.
- L'ordre ne devrait pas avoir d'importance, répondit le Gardien d'un air absent en fléchissant ses doigts. Mais merci.
Al et Armstrong observèrent avec espoir alors qu'Auric tendait ses mains au dessus du cercle, ses yeux devenant distants et flous, une expression absorbée sur le visage comme s'il était en train d'écouter quelque chose qu'il était le seul à entendre. L'air commença à bourdonner et à s'épaissir et cela devint un effort d'inspirer. Malgré tout, Auric se tenait là, immobile, détendu, seulement en train d'attendre, pensa Al abasourdi, et puis il sembla trouver ce qu'il recherchait parce qu'un sourire de satisfaction se propagea sur son visage.
- Kai ! claqua-t-il en posant ses paumes franchement au centre du cercle, qui se craquela immédiatement et se mit à briller.
Al fixa le cercle incandescent avec fascination. Il ne savait pas comment il le savait, mais il pouvait presque... sentir les cinq éléments de l'eau, du feu, du métal, du bois et de la terre s'entrelaçant et se combinant au sein du cercle, bridés par l'homme qui se tenait en face d'eux. Les yeux d'Auric se re-concentrèrent et il cligna des paupières quelques fois, puis regarda Al et Armstrong à travers le cercle incandescent.
- Hey. Ça fonctionne.
- Je me demande, gronda Armstrong, maintenant qu'il est activé, pourriez-vous passer le contrôle à quelqu'un d'autre ?
Auric grogna avec scepticisme, intéressé malgré lui.
- Hmm. Je ne sais pas. C'est évident que ça ne fonctionne pas quand vous agissez vous-mêmes en tant que balise, mais puisque que le cercle est extérieur... statua-t-il pensivement. Al, viens là et place tes mains au dessus du cercle. Non, dans l'autre sens, les paumes vers le haut.
Obéissant, le jeune Alchimiste d'État fit comme il lui était demandé. Auric retira ses paumes du cercle, fronçant les sourcils de concentration pour maintenir le contrôle sur les éléments qu'il pliait à sa volonté. Il tint ses mains au dessus de celles d'Al, paumes vers le bas, les touchant à peine, et les lèvres d'Al s'entrouvrirent d'émerveillement lorsqu'il sentit quelque chose passer entre eux. La chose la plus proche à laquelle il pouvait le comparer, c'était d'avoir reçu une paire de rênes tendues et brûlantes avec un jeu de chevaux très ardents à l'autre bout. Auric sourit d'un air encourageant, ses yeux jaunes étincelant à la lumière du cercle.
- Ne t'inquiète pas, je serai en mesure de l'ancrer au sol si tu perds le contrôle. Mais tout se passera bien, A. Concentre-toi seulement sur le fait de tenir.
Al déglutit et acquiesça. Assez étrangement, il n'était pas effrayé. Et il ne s'était jamais sentit aussi proche d'Auric qu'il ne le sentait ici et maintenant. Un souvenir refit surface. Deux petits garçons, grimpant un grand arbre pour se rapprocher du ciel. Le plus petit des deux regarda en bas et se mit à paniquer, car le sol semblait si loin. Un rayon de soleil à travers les arbres illumina les cheveux d'or et les yeux du garçon légèrement plus âgé sur une branche juste en dessous, regardant vers le haut de façon rassurante.
- Tout ira bien, Al. Contente-toi de continuer. Je suis juste là.
Il avait arrêté de trembler immédiatement, sachant que son frère était là pour veiller sur lui. Et ils étaient grimpés jusqu'à la cime de l'arbre et s'étaient assis là, regardant les nuages aller et venir et rêvant des lieux où ils iraient et des choses qu'ils verraient. Ensemble. Pour toujours.
- Alphonse-kun."
Il réalisa qu'Auric avait reculé quelques temps plus tôt et qu'Armstrong s'adressait à lui.
- Regardez. Vous le stabilisez vous-même.
- Vraiment ! Wow !
Al haleta face au pouvoir bourdonnant à travers ses mains. Il fixa le cercle avec émerveillement, mais soudain, il blanchit.
- Je... je perds le contrôle !
En un rien de temps, Auric s'était précipité en avant et avait claqué ses deux paumes sur le cercle, serrant les dents alors qu'il ancrait la charge résiduelle à travers son corps et dans le sol. Armstrong pouvait sentir les tremblements sous ses pieds tandis que les énergies convoquées par Auric se dissipaient sans une volonté pour les maîtriser.
- Je suis désolé. dit Al, chagriné. Ça demande bien plus de concentration que ce à quoi je suis habitué à maintenir. C'est tellement différent des cercles habituels !
- Pas d'inquiétude, soupira Auric en tombant mollement sur une chaise. C'est dur pour la plupart des gens la première fois, et c'est au-delà de ton expérience. Et avant que tu demandes, oui, j'étais une exception. Va comprendre.
Il se mordit les lèvres, essayant de ralentir sa respiration ? Armstrong plissa les yeux, se levant et contournant la table pour s'agenouiller en face de lui avec sollicitude.
- Auric-kun...vous n'avez pas l'air bien. Peut-être que l'effort pour stabiliser le cercle était trop important ?
Auric laissa échapper un dur aboiement d'amusement.
- Ne le prenez pas mal, Armstrong, mais c'était un signal ridiculement petit. J'ai transporté des armées à travers des continents et entre des mondes.
Il prit une profonde inspiration.
- Non, je suis juste fatigué. Je ne sais pas ce que c'est.
- Maman était toujours fatiguée avant... avant qu'elle...
Al ne finit pas. Armstrong fut abruptement frappé par combien les deux frères semblaient jeunes dans la lumière vacillante des bougies tandis qu'ils se regardaient dans les yeux. Trop jeunes pour avoir vu et fait tout ce qu'ils avaient fait.
- Ne sois pas stupide, Al. Je vais bien. Je te le promets.
Les yeux d'Auric étaient solennels.
- Je n'ai jamais brisé une promesse, n'est-ce pas ?
Le regard gris orage d'Al s'adoucit finalement.
- Non. Non, tu ne l'as jamais fait.
- Oh, bien. Je me disais – je ne m'en souviendrais pas !
Le sourire brillant d'Auric devint taquin.
- Aller, essayons encore une fois, vous m'avez rendu curieux. Si j'active le cercle et que je te le retourne pour que tu le stabilises, je me demande si je peux utiliser ça comme une balise pour ouvrir un portail ?
Souriant affectueusement aux deux jeunes hommes, Armstrong décida que cela ne serait pas grave si le travail d'un Armstrong était discrédité du moment que c'était un autre Armstrong qui rédigeait le nouvel ouvrage de référence définitif sur le sujet. Il décapuchonna son stylo et commença à prendre des notes.

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