Chapitre 13 : Dawn

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Poussière et fumée et poudre à canon partout, se déposant sur le sol, et sur les langues et les dents et dans les cheveux et sur les uniformes, obscurcissant la vision et engourdissant la perception. C'était tout simplement comme Ishbal une toute nouvelle fois, pensa Maes Hugues en clignant ses yeux troublés à travers ses lunettes embuées par le pluie, ses pieds glissant sous lui dans un mélange visqueux de boue et de sang alors qu'il se frayait un chemin à travers les ornières et les tranchées creusées dans le sol à la recherche de son unité. Pied gauche, pied droit, un travail de longue haleine qui faisait souffrir vos muscles car ils ne pouvaient simplement pas s'installer dans quelque rythme que ce soit alors qu'ils luttaient pour vous maintenir debout. Tout autour de lui des hommes luttaient les uns contre les autres, dans la seule intention de survivre, et il fut forcé de sortir son arme de poing quelques fois et mettre une balle dans la tête d'une pauvre âme dont le seul tort était de s'être trouvé là. Oui, Ishbal encore une fois, sauf que Roy n'était pas à ses côtés. Mais cette fois ce n'était pas mal, parce qu'Auric surveillerait Roy, il savait qu'il le ferait, et pas seulement à cause de ce maudit contrat, non plus. Il espérait seulement que Roy ne l'incinérerait pas quand il découvrirait la ruse que son vieil ami avait imaginée. Peut-être que s'il le menaçait de donner toutes ses photos d'Elysia au Flame Alchimiste...
- Monsieur !
Et un visage familier sortit du brouillard à sa droite. C'était le Major Armstrong, beaucoup plus mal en point à cause de l'usure. Si l'absence de sa chemise n'était pas inhabituelle, les déchires et les entrailles qui entachaient son physique l'étaient certainement, tout comme l'expression de chien battu qu'il portait. Même la petite boucle blonde qui se dressait normalement droite et fière sur son front était molle et dépenaillée.
- Major ! Bon de voir que vous allez bien, dit Maes avec soulagement. Je pensais que nous étions arrivés trop tard. Auric est parti à la recherche d'Alphonse. Où est le Général ?
Le visage rose et dodu d'Armstrong se referma, et sa moustache tremblait comme de mauvais augure.
- Nous... l'avons perdu.
Maes haleta sans mot dire, une partie de lui refusant d'entre ce que disait, essayant de se convaincre qu'il avait mal entendu l'homme par dessus les cris des blessés et des mourants.
- Vous l'avez perdu ? Vous voulez dire qu'il est mort ?
Non. Non. Roy ne pouvait pas mourir d'un main d'un quelconque soldat de Drachma, il était le Flame Alchimiste, pour l'amour de Dieu, l'unique raison pour laquelle Maes était toujours là, dans cette maudite armée. Pour observer le dos de cet idiot arrogant et le faire devenir Führer. Pour l'aider à changer le monde.
- Non... les Homonculus l'ont amené au Führer, hoqueta Armstrong. Alphonse-kun l'a poursuivi et il n'est pas revenu.
- Qu'est-ce que les Homonculus ont à voir avec le Führer ? laissa échapper Maes avec confusion.
Et puis une horrible et écœurante compréhension le frappa comme une tonne de briques alors qu'avec un cliquetis propre et ordonné, toutes les pièces du puzzle trouvaient leur place. La soudaine hostilité de Drachma. Les revendications des deux côtés que c'était l'autre parti qui avait violé le pacte de non-agression en premier. Les innombrables manœuvres des différentes factions pour calomnier la réputation de Mustang et le faire arrêter – les multiples attentats sur la vie de Roy, en particulier lorsque la guerre s'était intensifiée et que les incessantes machinations de Roy étaient parfois tout ce qu'il dressait entre les centaines d'hommes et leur mort certaine à cause de quelques stupides stratagèmes militaires imaginés par le Führer.
- Il est l'un d'entre eux, Monsieur, dit doucement Hawkeye en pataugeant jusqu'à eux.
Elle semblait épuisée, et ses yeux étaient rougies par la fumée dans l'air. Maes pouvait difficilement distinguer les restes de ce qui ressemblait à un bataillon qui venait derrière elle, et la grande et maigre silhouette reconnaissable du Lieutenant Havoc avec une cigarette rougeoyante dans la bouche qui se dirigeait vers une section pour l'éparpiller et former un périmètre défensif autour des officiers. Comment diable cet homme réussissait à la garder allumer malgré la pluie, cela le dépassait.
- Le véritable ennemi n'est pas Drachma. Les Homonculus ont provoqué la guerre dans leurs propres intérêts. On a un mal fou à distinguer l'ami de l'ennemi, car certains hommes demeurent loyaux au Führer et d'autres étaient de mèche avec lui depuis le début.
Armstrong acquiesça.
- Quand les Homonculus ont attaqué – ils visaient de façon évidente le Général et Alphonse. J'ai vu Lust le transpercer avec ses griffes, et avec la pluie...
Il se brisa, et pendant un instant horrible, Maes pensa qu'il allait se mettre à pleurer ici, au milieu du champ de bataille, au milieu de toute cette mort, et il voulait dire quelque chose, n'importe quoi pour lui rappeler que les hommes les observaient et que même s'il partageait les peurs d'Armstrong ils ne pouvait pas se permettre de faire cela maintenant, et puis le Major Alex Louis Armstrong se redressa et releva le menton de cette fière manière qui avait défini des générations d'Armstrong comme de loyaux serviteurs pour leur pays et continua :
- ...la pluie altérait les capacités offensives du Général, Monsieur. Je serais parti à sa poursuite, mais j'ai estimé qu'il était important de rester et de rassembler nos hommes pour ne pas perdre notre élan. Nous avons brisé l'arrière des forces de Drachma, Monsieur. Nous avons perdu la moitié de nos hommes dans le processus, mais la ligne est toujours intacte. Nous nous concentrons sur l'endiguement des forces de Drachma, et ils n'ont pas opposé trop de résistance depuis que les Homonculus se sont révélés – il semblerait qu'ils aient commencé à réaliser qui était le véritable ennemi ici. Les blessés ont été évacués vers l'unité chirurgicale. Les rapports jusqu'à présent continuent d'arriver et il semble qu'il y ait encore des nœuds de combat centrés autour des Homonculus. Nous avions prévu de regrouper et d'envoyer une équipe de recherche et de sauvetage pour le Général et le Major Elric.
- J'aurai dû aller avec lui, dit amèrement Hawkeye.
Havoc sembla vouloir désespérément dire quelque chose, mais à la place, il se détourna, ses épaules s'affaissant. Maes ferma les yeux pour un très bref instant alors que le visage de son ami apparaissait rapidement devant ses yeux, puis laissa échapper un souffle tremblant, encaissa bravement et redressa les épaules, l'image même d'un officier qui maîtrisait très bien la situation. Il pouvait littéralement sentir la tension dans l'air augmenter légèrement, alors que les hommes comprenaient que la chaîne de commandement avait été renforcée, mais le poids sur ses épaules sembla avoir augmenté de manière exponentielle. Comment diable Roy faisait-il cela tout le temps ? Il repoussa la pensée hors de son esprit et força un sourire narquois sur son visage.
- Bon travail, Major Armstrong.
Et il laissa sa main retomber légèrement sur l'épaule de l'homme grand, le sentant se détendre en retour. S'ils survivaient tous à cela, il allait obtenir une promotion à Armstrong, le sentimentalisme soit maudit.
- Je vais avoir besoin que vous dirigiez cette équipe de secours ; si les Homonculus ont le Général, je doute sérieusement qu'une équipe classique s'en sorte. Y a-t-il d'autres alchimistes disponibles ?
Hawkeye secoua la tête sombrement, connaissant les détails opérationnels sur le bout des doigts comme d'habitude.
- Non, Monsieur. Les recrues civiles sont principalement mortes ou sévèrement blessées, et les quelques qui sont encore mobiles aident à contenir les combattants ennemis et à ré-établir les lignes d'approvisionnement. Aucun d'entre eux n'est particulièrement doué dans l'art de la guerre, Monsieur.
- Vous devriez rester ici et prendre le commandement, Colonel, gronda Armstrong qui semblait avoir été rajeuni grâce aux éloges de Maes. Les Armstrong ont une fière tradition d'exceller dans les opérations spéciales. Je mènerai seul un peloton.
Une pensée sembla frapper l'Alchimiste d'État.
- Qu'en est-il d'Auric-kun ? Ses capacités sont grandes, même s'il reste peu entraîné.
- Auric est... occupé avec quelque chose pour moi, esquiva Maes.
Cela lui valut des regards perplexes tout autour de lui, et Hawkeye ouvrit la bouche pour le presser davantage, quand il y eut un cri étouffé de l'une des sentinelles. Havoc jura, abandonnant sa cigarette.
- Schmitty ! Au rapport !
Hawkeye était tombé à genoux dans une attitude défensive devant Maes, fusil prêt. La pluie avait ralenti pour devenir une bruine, mais la brume du petit matin rendait difficile de voir beaucoup plus loin que quelques pieds. Pendant un moment, les seuls sons furent les cliquetis secs des pistolets qu'on arme qui se juxtaposaient au bruit de fond plus terne des tirs d'artillerie dans le lointain. Et puis un ronronnement sensuel s'interposa dans le groupe.
- Est-ce vraiment des pistolets ou êtes-vous simplement heureux de me voir messieurs ?
Le silhouette pulpeuse de Lust s'avança d'un pas nonchalant hors du brouillard en souriant d'un air aguicheur alors qu'elle essuyait une main ensanglantée sur sa robe. Le visage de Riza Hawkeye se durcit et elle leva son arme, seulement pour être arrêté par la main de Maes se pressant avec insistance sur son épaule. Le Péché hocha la tête avec amusement à cela.
- J'écouterai le conseil du cher Colonel, ma douce – tu es peut-être une femelle, mais tu n'es pas une femme et tu es à peine de taille à mes yeux.
- Qu'avez-vous fait du Général Mustang ? demanda froidement Maes, ses yeux oscillant sur le Péché comme s'il essayait de trouver une faiblesse qu'il pourrait exploiter.
Allez, réfléchis, tu es censé être le plus sournois... bon sang, où est Auric ?
- Rien... bien que j'apprécierais certainement l'opportunité de me le faire, murmura Lust en retraçant avec un air pensif sa clavicule du bout du doigt, suggestive. Hmmm. Mais l'égoïste Pride le garde tout pour lui. Il est comme ça, vous savez. Et Envy avait quelques comptes à régler avec n'importe lequel des frères Elric que vous avez traîné avec vous. Ce garçon est trop doué pour garder des rancunes.
Elle sourit paresseusement.
- Donc j'ai pensé que je viendrais jouer avec vous à la place. Ne vous sentez-vous pas spéciaux ?
Et sans avertissement, elle se lança sans hésiter vers Maes, seulement pour être jeté au sol en poussant un cri strident alors qu'Hawkeye faisait tournoyer son fusil avec dextérité dans ses mains et le plantait fermement dans l'estomac du Péché tandis qu'elle passait au-dessus de sa tête. Un vilain ricanement se glissa sur le visage de Lust alors qu'elle se remettait facilement debout, ses doigts s'allongeant en des griffes vicieuses. Riza Hawkeye lui jeta un regard en arrière, imperturbable.
- Major Armstrong, mettez le Colonel en sécurité ! Et trouvez le Général !
Personne ne cilla devant le fait qu'Hawkeye donnait un ordre à un officier supérieur et Maes se trouva cueilli du sol et enterré contre le torse massif du corps d'Armstrong tandis que l'alchimiste jeta un mur de terre, formant un bouclier entre le duo et le Péché.
Lust hennit doucement.
- Pas d'étonnement que le Général ne t'ait pas remarquée une seule fois, tu es pratiquement un homme. Les hommes n'aiment pas se voir donner des ordres, chérie, ils aiment être séduits par nos ruses féminines. Tu pourrais vraiment supporter d'être un peu moins... frigide.
- Compagnie Alpha, préparez vos armes ! claqua Hawkeye d'un ton glacial. Vous avez dix secondes pour vous rendre, Homonculus.
Le sourire s'évapora du visage de Lust.
- Tu commences à m'ennuyer, Capitaine.
- Cinq secondes.
Avec un chuintement, le Péché envoya ses doigts comme des lances, tirant sur Hawkeye qui les dévia avec la crosse de son fusil. Le mouvement soudain la fit glisser et tomber, et les soldats énervés ouvrirent promptement le feu sur l'Homonculus, créant une distraction temporaire alors qu'Havoc se précipitait en avant pour protéger Hawkeye.
- Riza ! Est-ce que tu vas bien ?
Elle rougit devant la lueur dans ses yeux. Sa déclaration d'amour à la veille de la bataille avait été suffisamment embarrassante, mais l'honnêteté nue dans ses yeux était trop à gérer en de pareilles circonstances. Il sembla sentir son malaise alors qu'il se retirait rapidement, lui tendant une main impersonnelle alors qu'elle luttait pour se redresser.
- Juste le vent qui m'a assommée, dit-elle brutalement en prenant sa main avec gratitude.
Elle était chaude et sèche et étrangement réconfortante.
- Où est-elle ?
- Les hommes l'ont – AH ! Cria Havoc lorsque des griffes s'enfonçaient dans son dos et l'élevaient à bras-le-corps dans les airs. Riza regarda avec horreur tandis qu'Havoc se tortillait en vain, empalé sur les fourches de Lust. Les hommes survivants de la compagnie rechargeaient frénétiquement mais elle savait qu'il n'y aurait simplement pas assez de temps. La Péché lui sourit dans une parodie de réconfort.
- Oh, ne t'inquiète pas. Tu ne veux pas de celui-là de toutes manières, n'est-ce pas ? Pauvre petite Riza, désirant seulement celui qu'elle ne peut pas avoir. Un tel gâchis, celui-là est en réalité plutôt mignon. Peut-être que je vais le garder pour moi ?
Et Riza Hawkeye décida tout à coup qu'elle en avait eu assez pour une journée. Rapidement, calmement, elle tira son arme de poing, marcha droit sur Lust, et vida son revolver à bout portant dans la tête d'Homonculus. Ses actions avaient été tellement inattendues et tellement banales que personne, et encore moins le Péché, n'eut le temps de réagir avant que les bruits du dernier coup de feu ne s'estompent, ne laissant derrière eux que l'odeur âcre de la poudre à canon. L'Homonculus tituba, lâchant Havoc alors qu'elle se griffait le visage, et Riza jeta son arme de côté tandis qu'elle glissait ses bras sous ses épaules et le mit en sécurité.
- Jean ? Tu vas bien ?
- Rappelle-moi... de ne jamais... t'énerver... sourit-il faiblement.
Un sourire trembla sur ses lèvres.
- Eh bien, dans ce cas, tu ferais mieux de ne pas mourir dans mes bras... Je suis pas l'une de tes petites amies faciles. Je m'attends à manger dans de bons restaurants, tu sais.
- Que c'est touchant, vint le sourire méprisant.
Lust se redressait déjà, son visage comme une parodie de son habituelle beauté sinistre alors qu'elle se régénérait devant leurs yeux.
- Mais je ne pense pas qu'aucun d'entre vous vivra assez longtemps pour avoir à se soucier de cela.
Elle se dirigea vers eux, les dents dévoilés par un rictus qui se voulait sourire – et puis vacilla alors qu'un cri de douleur résonnait à travers les airs.
- Pride ?
Tous les yeux se tournèrent dans la direction du son. La lourde brume de l'aube semblait brûler malgré l'humidité persistante, et quelques rayons de soleil courageux, quoique faibles, se frayaient un chemin à travers les nuages pour éclairer une crête à mi-chemin dans le lointain. Maes s'échappa de l'étreinte protectrice d'Armstrong et se fraya un passage jusqu'à un point de vue dégagé. Il entendit un murmure s'élever tout autour de lui quand les hommes virent le Führer trébucher en reculant, agrippant son visage. La haute et large silhouette de l'Earth Moving Alchimiste se détachait sur la lumière alors qu'il s'arrêtait, recueillant un homme à moitié couché sur le sol qui ne pouvait être que le Général. Et interposé entre le Führer et les deux alchimistes se dressait une silhouette petite mais facilement reconnaissable. Même si le manteau rouge qui battait dans la brise n'avait pas télégraphié son identité à tout le monde, le rayon de soleil qui illuminait les cheveux qui brillaient comme de l'or pur le criait à haute voix.
Un cri irrégulier s'éleva parmi les soldats d'Amestris, s'affirmant en un rugissement qui secoua pratiquement le sol.
- C'est le Fullmetal Alchimiste !
Maes sourit gravement, ignorant les regards stupéfiés autour de lui.
- Fais-leur vivre un enfer... Fullmetal.

***

- Ed ?
L'espoir nostalgique dans la voix de Mustang, en tel désaccord avec l'habituel air d'invulnérabilité tranquille de l'homme, tirailla la conscience. Maes allait tellement prendre la responsabilité pour ceci quand la vérité serait découverte. Mais d'abord, il avait une tâche à accomplir – un contrat à remplir – et l'espion entraîné en lui repoussa la culpabilité et la compassion qui était Auric et s'installa plus profondément dans le personnage qu'il avait à jouer, à propos du quel il avait tant entendu mais qu'il n'avait en réalité jamais rencontré à part par les rêves et le clair de lune. Les habits faisaient le moine, il se souvenait vaguement qu'une fois, Alp avait ri lorsqu'ils s'étaient dépouillés de leurs haillons de mendiant qui puaient jusqu'au plus haut paradis. Et donc il s'autorisa à s'installer dans l'étroitesse inhabituelle du manteau autour de ses épaules, tellement différente des plis lâches de son manteau, la lourde raideur du pantalon de cuir, la douceur des gants contre sa peau alors qu'il enfouissait ses mains plus profondément dans ses poches, presque mais pas tout à fait affalé tandis qu'il roulait des yeux avec irritation et enjambait le silhouette prostrée du Général, se positionnant subtilement entre l'homme et le Führer.
- Pas maintenant, bâtard, je suis occupé à nettoyer derrière toi, et je ferais mieux de n'entendre aucune jérémiade à propos d'un rapport plus tard non plus ! Al, sors le Général d'ici.
Auric retint son souffle. Si quiconque pouvait voir à travers la mascarade à ce point, ce serait probablement Al – le plus jeune n'était pas stupide, et il était familier à la fois avec le Gardien et son frère. N'importe quelle expression de doute de sa part et Auric perdrait l'ascendant psychologique sur lequel il comptait. Heureusement, Al hocha simplement la tête avec obéissance et alla pour s'avancer vers le Général, seulement pour s'arrêter alors qu'une pensée lui venait à l'esprit.
- Juste un moment, dit-il doucement – et se retournant, il envoya un violent revers à Envy alors que le Péché se libérait de la tige de métal qui l'épinglait au sol.
L'Homonculus s'effondra, assommé par la force non contenue avec laquelle le normalement placide alchimiste l'avait heurté, et Auric et Mustang hoquetèrent de choc alors qu'Al frappait durement au visage, lançant un regard noir et vengeur au Péché immobile.
- C'était pour avoir blessé mon frère. le réprimanda froidement l'alchimiste, sa voix empreinte d'une inébranlable rigidité qui évoquait le souvenir d'une bien plus grande silhouette en armure.
Et ensuite Al se tournait à nouveau vers eux, ses grands yeux gris doux et inquiets tandis qu'il s'agenouillait près du Général et glissait un bras de soutien sous ses épaules alors qu'Auric lui lançait un sourcil amusé. Il était à peu près sûr qu'Alp aurait fait la même chose, ayant été témoin de ce qui était arrivé aux quelques idiots qui avaient sous-estimé la colère du Gardien à l'humeur égale. Malgré le doux toucher d'Al, Mustang siffla alors que les extrémités dentelées d'une côte cassée se frottaient l'une contre l'autre, les yeux troublés de douleur et de choc.
- Alors les rumeurs de ta disparition étaient exagérées, Fullmetal ? Rayonna le Führer King Bradley avec bienveillance alors qu'il retrouvait son équilibre, apparemment indifférent au fait qu'il avait cinquante centimètres de métal à travers le cache de son œil droit. Il tendit la main et arracha la dague sans effort, la jetant sur le côté avec insouciance et arrachant son cache-œil pour révéler un ouroboros tandis que ses lèvres s'étiraient en une caricature d'un sourire paternel.
- Et en plus, il semble que tu aies appris quelques petites choses pendant après que tu aies disparu sans laisser de trace. Des poignards au lieu des pointes maintenant, hein ? Ah, tu as toujours appris très vite, même quand tu étais plus petit.
S'il était complètement honnête avec lui-même, Auric devrait admettre que sa réponse n'était pas entièrement attribuable au fait de devoir rester dans le personnage. Le déni pouvait être une chose merveilleuse.
- Qui diable traites-tu de si petit qu'il n'aurait pas à se baisser si une épée lui était balancée parce que sa tête n'atteint pas le sommet de tes bottes, espèce de géante et pompeuse excuse pour un troll despotique ?
Il savoura la montée d'adrénaline qui accompagnait l'exercice de ses poumons, la décharge électrique dans ses veines qui balayait son système emportant les nuages de douleur et la fatigue qui l'assaillaient depuis le dernier Portail.
- Voyons, voyons, est-ce une façon de s'adresser à son Führer, Fullmetal ?
- Quoi, vous vouliez que je vous écrive un Mémorandum d'entente ? renifla l'homme blond. Bureaucrates. Vous remplissez aussi des requêtes pour le papier toilette en triple exemplaire à chaque fois que vous chiez, connard ?
- Fais attention, Grand frère. l'avertit Al alors qu'il se levait prudemment en soutenant Mustang, le plus âgé reposant la majorité de son poids sur le plus jeune. Il est un Homonculus lui aussi. Pride.
- Vraiment, grogna Auric avec hostilité en rangeant cette information sous la catégorie « je n'avais pas vu cela venir ».
Qui, il devait l'admettre, avait reçu beaucoup, beaucoup de nouvelles soumissions depuis qu'il s'était réveillé dans cette petite chambre à Resembool.
- Bien, je suppose que ça explique pourquoi vous n'êtes pas encore mort.
Pride secoua la tête tristement.
- Fullmetal, cela me brise le cœur de te voir te comporter comme cela. Après tout, je suis celui qui t'a accueilli dans nos rangs.
- J'ai gagné ma place moi-même, espèce de fils de pute condescendant, rugit Auric et assez étrangement il sentit un véritable ressentiment jaillir en bouillonnant.
Avant qu'il puisse examiner de plus près la raison de ce sentiment, cependant, une autre sensation, plus familière, plus récente, commença à se faire connaître. Il fronça les sourcils avec confusion. Cela semblait venir de l'Homonculus en face de lui, et cela ressemblait à la balise d'énergie qu'il utilisait quand il ouvrait un Portail. Le Gardien fouilla fébrilement dans sa mémoire quasi-photographique. Qu'est-ce qu'Al et Mustang lui avaient dit, à propos de ces créatures ? Nommés d'après les péchés capitaux, ils n'avaient pas d'âme... d'extraordinaires capacités de régénération... dans le but pour eux d'être capable d'imiter la forme humaine, ils avaient besoin de ces fragments d'une Pierre Philosophale incomplète... les vies perdues contenues dans la pierre leur procuraient de l'énergie...
De l'énergie. Oh mon dieu, Auric sentit une charmante sensation se mettre à se frayer un chemin depuis son ventre, comme une agréable bulle chaude de pure suffisance, et ses yeux dorés dansaient d'un soupçon de malice alors qu'un large sourire se répandait sur son visage.
- Al, bouge. Ne t'inquiète pas pour moi.
- Tu sais ce qu'il dise, à propos de l'orgueil, Fullmetal, rit le Péché.
Et plus vite que les yeux ne pouvaient suivre, il avait tiré son sabre et s'était élancé vers le petit jeune. Mais tout aussi vite, Auric avait plongé et roulé, revenant gracieusement en position d'attaque, saïs tirés.
- Quoi ? demanda Pride avec une fausse inquiétude. Pas d'alchimie ? Tu me déçois, Fullmetal. Est-ce que les années d'entre-temps t'ont fait perdre ton doigté ? Ta certification doit être désespérément dépassée.
La tête de Mustang se releva, et une grise lumière de compréhension s'éleva dans ses yeux. Auric ne rencontra pas son regard, supprimant impitoyablement la bile amère de culpabilité se répandant dans sa gorge. Une chaude vague de ressentiment surgit abruptement, s'insurgeant contre les fils du Destin qui l'avait mené à ce moment à cet endroit pour être la cause d'une telle déception, et il s'accrocha à la rougeur de la rage pour parer les attaques du Péché, alors même que son esprit enregistrait vaguement le rugissement des soldats autour d'eux, se jetant à nouveau dans la mêlée avec une vigueur renouvelée. Ils chantaient le nom du Fullmetal Alchimiste sur leurs lèvres comme une prière et une invocation, un cri de guerre, un salut à leur héros qui était revenu quand ils avaient eu besoin de lui. Il bougeait à l'instinct pur alors qu'il s'agitait dans une danse macabre avec le Péché ; feinter, parer, bloquer, attaquer, contre-attaquer, recouvrer, les lames s'entrechoquant, encore, encore, encore, encore... et puis il attrapa le sabre dans les fourches de ses saïs et l'arracha des mains du Péché, l'envoyant valser dans les airs. Pride vacilla en arrière, et Auric rengaina ses saïs avec mépris, avec un sourire carnassier, ses yeux rougeoyant alors qu'il replaçait sa tresse pleine de sueur et d'eau derrière son épaule. De l'énergie...
Al fixait son frère d'autrefois avec fascination. L'homme blond rejeta sa tête en arrière et rit.
- Vous voulez de l'alchimie, mon Führer ? Je vais te montrer de l'alchimie.
Et dans un élan soudain et rapide, il bondit vers l'avant, tapant ses mains l'une contre l'autre et claquant ses paumes sur la poitrine du Péché, ses doigts s'enroulant en poings tandis qu'il tirait brutalement le visage de l'Homonculus jusqu'au sien. Le bon œil de Pride s'agrandit et il lutta désespérément alors qu'il sentait l'énergie se vidant de la Pierre Philosophale et se déversant dans l'humain avec le regard doré et moqueur. Il griffa l'air aveuglément, s'agrippant aux bras de l'homme, et sa bouche s'ouvrit dans un cri muet tandis qu'il sentait pas un mais deux bras de chair et de sang. Auric sourit avec innocence.
- Oups. Vous savez ce qu'ils disent à propos Pride.
Et l'Homonculus hurla pendant qu'il se désintégrait en une masse trempée et suintante qui trembla et s'effondra jusqu'à ce qu'elle soit indiscernable du sang qui décorait déjà le champ de bataille. Une médiocre et brunâtre pierre rouge fit un triste et petit crépitement quand elle tomba dans la boue sous ses pieds et s'émietta dans la poussière.
Le Gardien pouvait sentir l'énergie qu'il avait tiré de l'Homonculus, bourdonnant et picotant des son sang, créant une sensation de vertige. Il se concentra pour la pousser à travers son corps et dans le sol, laissant les excès débordaient, mais en utilisant une partie pour reconstituer ses réserves épuisées, savourant le sentiment de... plénitude. D'être rechargé. Rajeuni. René. Il s'étira voluptueusement, et jetant un regard de dégoût à la désastre frémissant et ensanglanté à ses pieds.
- On avance avant de chuter.

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