Coup droit. Coup droit. Coup de pied avant.
Edward Elric aspira un souffle d'air dans ses poumons alors qu'il se remettait en position de combat, parfaitement équilibré sur la plante de ses pieds. Sa poitrine se soulevait plus fort que d'habitude, remarqua-t-il d'un air agacé – de toute évidence, il ressentait encore les séquelles des divers coups qu'il avait reçus au front, et la résurrection devait être dure pour son corps. La peau au dessus de son cœur brûlait comme elle le faisait quand il était revenu la première fois, et il désirait s'arrêter un moment pour se frotter et essayer d'apaiser la douleur, mais il ne lâcha pas ses mains de leur position de garde. Il savait qu'il poussait probablement trop loin trop rapidement, mais quand cela l'avait-il jamais stoppé ? Sans parler du fait que s'il agrippait sa poitrine, il était à peu près sûre que l'un des Elric aurait une attaque cardiaque, et ce ne serait pas lui, et il aurait bien du mal à expliquer à Winry comment il avait accidentellement tué Al.
***
- Roy. Tu devrais faire une pause, tu as travaillé comme un fou ces derniers jours.
Maes Hugues se tenait juste dans l'embrasure de la porte, son visage cordial comme d'habitude mais ses yeux sombres d'inquiétude alors qu'ils considéraient la carrure trop mince de son plus proche ami et officier supérieur. Il s'était arrêté à l'infirmerie en cours de route pour obtenir un rapport sur l'état de santé du Fuhrer-elect, et bien que les médecins lui aient assuré que Roy était en voie de guérison, ils avaient aussi exprimé leur inquiétude au sujet de l'état de santé général de l'homme. Il savait qu'Hawkeye s'assurerait que Roy mangeait régulièrement, si pas toujours de manière équilibrée, mais il avait besoin de plus que de la nourriture. Les ombres sous ses yeux et dans les creux de ses joues criaient son besoin de repos. Le Général de Brigade fut soudain frappé par la réalisation qu'ils étaient tellement plus âgés que ce qu'ils étaient toutes ces années plus tôt quand ils s'étaient rencontrés pour la première fois et qu'ils avaient prêté le serment qui changerait la face de leur monde. Plus âgés, mais peut-être pas plus sages, pensa-t-il avec nostalgie.
Roy releva la tête avec irritation, la bouche plissée de fines lignes d'une profonde fatigue – et de quelque chose d'autre ?
- Ne frappes-tu jamais ? Ou mon premier édit en tant que Führer va-t-il devoir être un ordre permanent pour que tous les hommes frappent à la porte avant d'entrer dans mon bureau ?
Il se surprit à jurer et s'arrêta, semblant surpris.
- J'ai frappé. Tu ne m'as pas entendu, remarqua son frère en traversant le tapis et en se jetant sans cérémonie sur une chaise. Ce qui ne fait que prouver ce que je veux dire. Tu perds de ton tranchant a à te pousser aussi loin – encore plus de cela et tu ne seras plus utile à personne. Laisse ton personnel faire une partie du travail, bon sang, c'est pour ça qu'ils sont là. Tu n'es pas encore complètement guéri, tu sais – je suis surpris que tu sois même capable de signer des papiers, encore moins d'écrire quoi que ce soit.
- Il y a trop à faire en ce moment, je ne peux pas...
- Oh si, tu peux. Détends-toi. Papa Hugues a tout sous son contrôle. Armstrong termine les plans pour les reconstructions et te les présenteras dans la matinée. Havoc travaille sur les arrangements de sécurité, pour maintenant, la cérémonie, et après – tu sais que tu vas devoir avoir une garde personnelle tout le temps à partir de maintenant, n'est-ce pas ? Hawkeye s'occupe de la logique, et Fuery a montré une remarquable aptitude à la diplomatie, alors je l'ai chargé de s'occuper des émissaires des autres états. Même Xing envoie une délégation pour assister à la cérémonie, juste pour que tu le saches. Et tu devrais me donner une médaille pour celle-là – j'ai même persuadé le Fullmetal Alchimiste de participer à ton intronisation.
Roy cligna des yeux, se reculant dans sa chaise.
- Comment ?
- Tu sais, cette énorme fête la semaine prochaine, la cérémonie qui représente le couronnement de tout ce pour quoi nous avons travaillé depuis Ishbal ? Celle où tu vas devenir le dirigeant suprême de tout Amestris et changer ce pays pour le meilleur ?
Maes agita vaguement un bras dans la direction des fenêtres qui encadraient une image chatoyante de Centrale, les bâtiments brillant de rouge et d'or tandis que le soleil plongeait lentement derrière l'horizon.
Un regard cinglant.
- Maes. Qu'est-ce que tu voulais... exactement... dire par persuader le Fullmetal de participer ?
Le grand homme sourit largement.
- Quoi, il va te faire prêter serment ! Brillante forme de propagande, même si je le dis moi-même.
Roy ferma ses yeux, frotta le sommet de son nez avec fatigue et souhaita une tasse de cassé frais. Bien qu'il savait qu'il pouvait tout simplement le réclamer, aucun membre de son personnel ne pouvait le faire de la façon qu'il préférait. Ce qui se trouvait être justement la façon dont le faisaient Edward Elric et son alter ego Auric. Noir, aromatique, si fort que les huiles formaient un tourbillon de couleur cacao à la surface et avec un effet frappant. Il soupçonnait qu'un peu de coquille d'œuf était nécessaire pour y arriver, mais il n'avait jamais trouvé le bon moment pour demander la technique.
- Maes. Loin de moi l'idée de percer ta bulle, mais vu l'humeur dans laquelle Fullmetal a été dernièrement, je soupçonne qu'il va me maudire, pas m'introniser.
- Tellement heureux que tu parles de ça, Fuhrer-elect, ronronna Maes tandis que ses yeux disparaissaient derrière le reflet du soleil sur ses lunettes. Maintenant, dis à Papa Hugues tout à propos des problèmes au paradis.
Il sortit un paquet d'albums photos, les laissant tomber sur la table devant le regard horrifié de Roy.
- Ou autrement nous pourrions regarder les dernières photos d'Elysia... et au passage, c'est une deuxième série, donc elles sont entièrement remplaçables.
Roy décida qu'il avait eu tord à propos de son premier édit en tant que Führer. Après la maudite intronisation... s'il survivait à cette maudite intronisation... il allait devoir faire inscrire dans la loi que Maes Hugues n'avait pas le droit d'apporter des photos de sa famille à moins de quinze mètres du Führer.
***
Esquive. Direct. Direct. Coup de poing droit. Coup de pied retourné.
Il pouvait sentir ses muscles commencer à brûler, qu'ils commençaient à peser sur lui aussi lourdement qu'un automail l'aurait fait, mais choisit d'ignorer la douleur avec détermination tandis qu'il se concentrait sur le punching-ball devant lui, qui commençait à paraître bien usé. Du coin de l'œil, il pouvait voir Alphonse debout à côté des poids libres faisant semblant de travailler le haut de son corps, mais il était évident qu'il regardait son frère aîné obliquement dans les miroirs. Al pouvait être une telle mère poule, bon sang. Il fixa furieusement le punching-ball et le frappa plus fort que ce n'était purement nécessaire. Ses phalanges gémissaient de protestation puisqu'il avait évité de porter des gants et avait choisi de se bander les mains. Normalement il aurait même renoncé à cela : vous n'alliez pas vraiment pouvoir dire à votre ennemi de prendre un moment pendant que vous vous bandiez les mains, et cela l'empêcherait d'utiliser d'autres armes, mais Al avait insisté et Ed avait été trop fatigué pour se disputer. De plus, il n'avait pas l'intention de s'entraîner aujourd'hui de toute façon – il voulait juste se concentrer pour laisser sortir sa frustration sur quelque chose d'inanimé.
Crochet. Crochet. Blocage. Coup de pied de front. Coup de pied retourné.
C'était une étrange sensation, de faire quelque chose d'instinctif, mais de savoir que ce n'était pas quelque chose qu'il avait appris – du moins, pas avant ces quatre années passées comme un autre. Son style avait toujours été plus rauque, appris par nécessité et créé pour utiliser au maximum son automail et sa capacité à pratiquer l'alchimie sans cercle. Ces nouvelles-anciennes capacités étaient plus élégants, définitivement le produit d'un entraînement intense – il se souvenait même l'apprendre d'une Gardienne de sexe féminin plus âgée nommée, pour une quelconque étrange raison, Izzy – mais tout aussi mortelles. Izzy lui avait aussi appris à utiliser ses saïs, et il se souvenait bien du douloureux processus d'apprendre à les utiliser – et apprendre à éviter de les voir utiliser contre soi. Il avait les cicatrices pour le prouver. Et vous n'oubliez jamais avoir pris un coup d'Izzy. Elle faisait passer Armstrong pour un faible de quatre-vingt-dix livres, et elle lui avait appris à jeter tout son poids dans ses coups. Un sourire léger traversa son visage tandis qu'il se souvenait d'elle le sermonner avec aspérité.
- Donc tu n'as pas autant de poids que certains – et alors ? Utilise ton agilité à ton avantage et fais en sorte que chaque gramme compte.
Il ne se souciait même pas des sous-entendus sur sa taille venant d'elle.
***
- Et tu es sûr que tu n'as rien dit à propos de sa taille.
- Pour la dernière, je. N'ai. Rien. Dit. Pourquoi supposes-tu que son humeur à quoi que ce soit à voir avec quelque chose que j'ai fait de toutes manières ?
Du café. N'importe quelle sorte. Roy donna sommairement un ordre par l'interphone, et Hawkeye avait dû s'apercevoir de son mauvais état d'esprit, parce que le café qui apparut presque immédiatement était à mi-chemin de la décence. Ils devaient l'avoir fait à l'avance. Ce qui voudrait dire, réalisa-t-il tardivement en sirotant sa tasse et en sentant les cellules cérébrales dormantes se remettre en marche, qu'ils savaient depuis le début ce que Maes avait l'intention de faire.
Des traîtres.
Maes se rassit en fronçant les sourcils.
- Parce que c'est habituellement le cas. Même quand il était plus jeune, Roy. Tu n'as jamais remarqué ?
- Je n'y avais jamais pensé. Tu sais ça.
Roy n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit d'autre tandis que Maes rencontrait son regard avec compréhension, puis détournait les yeux avec tact. Malgré toute sa ruse et sa fourberie, malgré tout son talent pour lire et manipuler les autres, Roy avait été complètement aveuglé par la prise de conscience que la seule personne qu'il avait toujours considérée comme intouchable, la seule personne dont il avait pensé qu'il ne serait jamais le bienvenu en sa présence, pouvait partager ses sentiments et le faisait. Ou l'avait fait, en tous les cas. Il commençait à se demander s'il n'avait pas complètement mal interprété la situation.
- Eh bien. Partons du principe que ça n'a rien à voir avec vous, dit le Général de Brigade en s'asseyant un peu plus droit. Allons, Roy, fais-moi bénéficier de ces pouvoirs d'observation tellement vantés. As-tu remarqué quoi que ce soit d'autre à propos d'Ed dernièrement ?
Les yeux de Roy se plissèrent de réflexion tandis qu'il fixait le lointain. Maes l'observa calmement, sachant comme l'esprit de l'homme fonctionner, sachant que Roy était en train de fouiller dans son palais mental, permettant à son subconscient d'errer paresseusement et d'en tirer ses propres conclusions. Puis :
- Perdu, dit finalement Roy. Il semble perdu. Comme s'il ne savait pas où aller depuis ici.
***
Crochet du gauche. Coup droit vertical. Un coup de pied retourné. Coup de pied fouetté vers le vas, puis vers le centre, puis vers le haut, puis une nouvelle fois dans l'autre sens.
C'était important d'être capable d'exécuter les mouvements dans toutes les directions, pour ne donner à l'opposant aucune indication sur sa main ou son pied dominants. Ironiquement, cela s'avérait plus facile maintenant qu'il avait retrouvé la mémoire, simplement parce qu'il semblait qu'Auric avait été droitier alors qu'Ed avait surtout favorisé sa main gauche, du moins jusqu'à ce que son bras droit ait été remplacé par un automail, ce qui en faisait de facto le bras dominant au combat. Donc il était maintenant ambidextre dans le meilleur sens du terme, et il n'avait aucun sens à laisser les compétences parfaitement bonnes se perdre ; il était à peu près sûr que Maître Izumi aurait été d'accord avec lui, étant donné qu'elle mettait toujours l'accent sur l'entraînement du corps aussi bien que l'esprit. Il avait passé quatre ans en tant que Gardien, après tout ; l'échange équivalent dictait pratiquement qu'il en tire certains bénéfices. Il continua à bouger fluidement dans sa routine, permettant aux mouvements rythmiques d'apaiser son esprit dans un calme vide dans lequel il pouvait presque sentir les deux ensembles de souvenirs qui luttaient pour s'emboîter l'un dans l'autre, pour réconcilier les bizarreries de l'autre. Il savait qu'il s'approchait de réussir une sorte d'union complète, mais c'était un combat continu qu'il avait du mal à expliquer à qui que ce soit, parce qu'ils étaient tous si heureux de le retrouver qu'il ne voulait pas les accabler en sachant que ce n'était pas le scénario heureux et ensoleillé qu'ils s'apprêtaient à présenter.
Direct. Direct. Croisé. Croisé. Uppercut. Uppercut. Crochet. Crochet. Revers. Revers. Coup de pied de côté. Coup de pied de côté.
Oh, c'était merveilleux d'avoir récupéré Al. De savoir qu'il avait finalement tenu sa promesse de récupérer le corps de son frère et le faire retourner à une vie normal. Et, il devait l'admettre, il avait hâte de revoir Winry, et d'avoir Mamie Pinako lui grommeler dessus, et de voir cette nièce adorable nommée d'après lui dont il connaissait le visage à travers les photographies qu'Al lui avait montré et d'après les souvenirs de la brève rencontre d'Auric. C'était bon de voir et de travailler avec Hawkeye, et Havoc, et Hugues et Armstrong, et tous les autres visages familiers qui, il ne l'avait réalisé qu'après, étaient venus à signifier tellement pour lui. Les bâtiments familiers de Centrale n'avaient jamais semblé aussi grands que quand ils étaient finalement descendus du train de retour du train et qu'il avait été pris dans la mêlée étourdie d'une population soulagée. Était-il heureux d'avoir sa vie lui être retourné ? Oui. Oui, il l'était.
Le problème était, il avait été heureux en tant que Gardien également. Alors il ne savait pas qui il était avant, mais il avait eu des amis, et une communauté à laquelle appartenir, et Al, dans un sens, et la vie avait été plus simple. Être loyal à la Guilde. Aider les gens. Vivre ou mourir avec honneur – la Guilde n'était pas trop regardante sur lequel, aussi longtemps que vous le faisiez d'une manière qui améliorerait la réputation de la Guilde, et il pouvait voir la logique dans cela. Tout le pouvoir de négociation dont ils disposaient pour leur survie résidait dans leur réputation collective, après tout. Rester proche les uns des autres, garder les autres à distance, parce que les liens émotionnels sont des choses désordonnées. Et ne jamais s'inquiéter pour le futur, parce que chaque Gardien savait comment sa vie pouvait se terminer, de toutes manières. Mourir de vieillesse restait, de manière générale, une question purement théorique pour un Gardien. Cela avait été une belle vie, de bien des manières. Riant avec Alp sur la route pour une autre mission d'espionnage, faisant la loi à un écuyer de district autoritaire qui s'immisçait dans les affaires d'autrui, aimant et quittant une jeune fille ou un jeune garçon – encore une fois, la Guilde était indifférente à ces préférences, aussi longtemps que vous ne vous impliquiez pas émotionnellement – de temps en temps. Rire. Combattre. Aider. Aimer. Mourir. Simple. Il pouvait voir comment Auric était venu par cette confiance détachée qui semblait avoir été sa caractéristique déterminante – c'était de savoir exactement qui vous étiez dans ce monde et quel était votre but. Et quand Auric était passé de l'autre côté, cet état d'esprit fataliste l'avait aidé à redéfinir son but. Sauver Al dans ce monde. Aider à la guerre. Être gentil avec tout le monde, tant qu'ils n'ont pas essayé de te tuer. Se souvenir de garder le sens de l'humour en cours de route, car à quoi servait une longue vie si vous étiez malheureux ? Et s'il avait survécu à tout cela, il aurait traversé ce point quand il y serait arrivé.
Coup de pied arrière. Coup de pied arrière. Un saut en vrille. Coup de pied papillon.
Ed souhaitait seulement qu'il puisse adopter cet état d'esprit aussi facilement. Cependant, non pas pour flageller un idiome mort, mais de son point de vue, il avait traversé tous ses ponts et le chemin sous ses pieds s'était brusquement éteint et s'était évanoui dans le sous-bois. Comme il se devait. Il savait que ramener Al nécessiterait sa vie en échange, et il avait été prêt, désirant et capable. Il avait fait la paix avec sa décision. Fait ses adieux. Une partie du discours de Winry au téléphone tout à l'heure concernait la lettre qu'il lui avait envoyée le jour de sa disparition, lui demandant de s'occuper d'Al, lui disant qu'il était reconnaissant de l'avoir eue dans sa vie et lui demandant une dernière fois de lui pardonner pour être parti. « Tu t'attendais vraiment à ce que la lettre soit assez ? » elle avait hurlé en larmes « Tu n'as jamais pensé à ce que je ressentirais ? À ce qu'Al ressentirait ? Pour un génie, tu es le plus gros crétin du monde, Edward Elric ! » C'était apparemment arrivé en même temps que le télégramme avec les détails de sa disparition et la requête de sa présence au chevet d'Al, et Winry avait fait une dépression nerveuse sur le pas de la porte. Devant le facteur. Ce qu'elle n'avait jamais dépassé, Resembool étant une toute petite ville. Oups. Il grimaça mentalement de chagrin – avec le recul et avec quatre ans de maturité, cela semblait un peu brusque. Mais à l'époque, il était tellement concentré sur le fait d'y arriver, de rayer « Récupérer le corps d'Al » de sa liste de choses à accomplir, et il avait été tellement certain que cela se terminerait avec sa mort, qu'il n'avait pas vraiment réfléchi à ce qui se passerait après. Comme la situation actuelle avec Mustang le démontrait bien trop clairement.
Coup de coude. Revers. Coup de pied latéral. Coup de pied retourné. Coup de pied tournoyant, vers le haut.
Après l'initiale euphorie d'avoir traversé la Porte, d'avoir vu Al, d'avoir finalement donné à cet effrayant Homonculus ce qu'il méritait, il avait semblé tout naturel de faire mourir la vague d'audace et d'adrénaline dans les bras de Mustang, car ce bâtard lui avait manqué, se disputer avec lui lui avait manqué, leurs joutes oratoires lui avaient manqué, la vue et le son et l'odeur et le goût et le sens de lui lui avaient manqué. Il n'avait pas eu le temps de se soucier de si le sentiment était partagé. Et il ne pouvait pas le nier... l'homme savait embrasser. Les genoux d'Ed devinrent tremblotants au souvenir, qui insistait bien sûr pour en ramener d'autres plus vieux de cette unique nuit quand il avait pris son courage à deux mains et décidé que s'il allait mourir, il allait vivre d'abord. Mourir étant le mot clé ici.
Bon sang, il n'avait pas pensé qu'il devrait revenir et faire face à l'homme ! L'alchimiste naïf de seize ans en lui était mortifié et se demandait ce que pensait exactement ce bâtard de lui. Bien sûr, il semblait intéressé, et était suspicieusement gentil, mais vous ne pouviez pas faire confiance à ce bâtard manipulateur aussi loin que tu pouvais le jeter. Le Gardien vétéran de vingt ans en lui était hautement amusé et tout à fait disposé à reprendre là où le jeune homme de seize ans s'était arrêté, trop sûr de lui dans sa certitude que le Général était prêt à s'engager. Les jeux de l'esprit faisaient tous partie du plaisir, de toutes façons – mais il y avait cette question d'honorer son contrat, et les règles de la Guilde interdisaient spécifiquement de s'impliquer avec un client. Et le produit des deux développait une migraine à essayer de découvrir comment gérer la dichotomie. Pour le moment, le mieux qu'il avait trouvé, c'était de l'éviter. Ce qui, à en juger par les regards de plus en plus douteux d'Al, n'allait pas fonctionner plus longtemps. Et il avait accepté de faire prêter serment à cet idiot lorsqu'il deviendrait Führer la semaine prochaine de toutes manières, ce qui signifierait devoir se tenir devant de lui et le regarder dans les yeux. Il grimaça d'un air accusateur vers le sac de frappe avant de l'attaquer dans une rafale de coups qui, d'une manière ou d'une autre, se termina par un saï tremblant au milieu du sac, qui siffla tristement quand le sable commença à couler à travers le trou dans la toile, et quelques miroirs cassés.
- Merde. Hm, Al, un peu d'aide par ici ?
Ed savait qu'il pouvait réparer tout seul, mais il ne se faisait pas confiance pour ne pas détruire quelques petites choses en plus dans son état d'esprit actuel.
Al soupira en renonça à faire semblant de faire de l'exercice et ramena ses mains l'une contre l'autre pour réparer ce bazar avant que le Major Hawkeye n'en entende parler.
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Full Circle
FanficEdward Elric revient amnésique. Il a vécu les quatre dernières années en tant qu'Auric, un Gardien de Portes. Mais il y a certaines batailles qu'il est le seul à pouvoir combattre. Ses amis seront-ils capables de réveiller Ed, et qu'arrivera-t-il à...