Chapitre 35 : Family

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Le Major Alphonse Elric se balança nerveusement sur ses orteils, puis à nouveau sur ses talons, ses chaussures de cuir faisant un crépitement satisfaisant sur l'allée de gravier qui s'incurvait gracieusement autour de la coupole géodésique massive qui servait de pavillon d'intronisation. Il l'avait dessiné avec Ed, les frères tombant dans leur rythme habituel de travail en équipe : Ed rêvant les bases de la structure en un éclair d'inspiration avant de partir et laisser Al travailler méthodiquement sur la façon la plus efficace de le faire ; Al traficotait les détails qui tournait l'esthétique en art et le bon en génie pendant qu'Ed se préoccupait des questions de vitesse, de sécurité et de sécurité structurelle. Rien de tel n'avait jamais été fait auparavant, mais à en juger par les murmures des invités à leur arrivée et à leur passage dans l'intérieur, ils allaient bientôt voir de nombreuses copies de leur design. Eh bien, un alchimiste était censé servir le peuple.
Juste au cas où cependant, il avait déjà enregistré le formulaire de base au nom des Fullmetal et Earth Moving Alchimistes pour s'assurer qu'ils recevaient les redevances auxquelles ils avaient droit. L'intégrité des recherches d'Alchimiste d'État et tout cela, et de toutes manières, c'était son travail de s'occuper de ce genre de choses puisque cela ne viendrait jamais à l'esprit d'Ed. C'est pour cela qu'ils formaient une si bonne équipe, pensa-t-il affectueusement, même s'il lui arrivait souvent de se sentir comme le frère aîné. En parlant de cela... ledit frère aîné était en retard. Tout comme Winry. Il était sur le point de commencer à faire les cent pas lorsqu'une voiture de fonction s'arrêta et qu'ils en sortirent, légèrement essoufflés. Al se retourna pour les saluer et sentit son souffle se prendre dans sa gorge à la vue de sa femme, ses yeux céruléens scintillants et son visage séduisant encadré par quelques boucles pendantes, le reste de ses cheveux tirés vers l'arrière dans un élégant relevé.
Ed sourit sciemment au jeune couple, ses yeux doux d'affection.
- Hey Al. Je t'ai amené ta femme – désolé d'être en retard mais quelqu'un n'arrivait pas à décider quelle rober porter, et puis elle n'arrêtait pas de s'agiter autour de mon uniforme. S'il vous plaît, prends-la avant que je ne l'étrangle. Et n'oublie pas, siffla-t-il en chuchotant, que tu la préfères en bleu et que non, ça ne la fait pas paraître grosse.
Al rit et offrit son bras à sa femme vêtue de bleu, qu'elle prit après avoir frappé Ed d'un coup sec sur la tête.
- Prête ? J'ai vu le Major Hawkeye entrer il y a quelques minutes, elle m'a dit qu'elle avait hâte de te rencontrer, Winry. Tu viens avec nous, Grand frère ?
Ed et Winry sourirent de toutes leurs dents, et Al regarda les deux blonds d'un air douteux – ces sourires n'avaient jamais été de bon augure dans le passé, et il ne pensait pas qu'ils le seraient maintenant. Sa femme tira sur sa manche de façon significative.
- Allez, Al. Ed doit faire son entrée. Seul.
- Pourquoi ? demanda Al, perplexe. Winry, tu sais qu'Ed déteste l'attention, et de toutes manières, qui a-t-il besoin d'impressionner ? Tout le monde est déjà assez impressionné comme ça ! Il y a des hordes de photographes qui attendent une photo du célèbre Fullmetal Alchimiste.
Son frère rougit et donna vicieusement un coup de pied dans un caillou malheureux, et Winry sourit narquoisement.
- Excellent.

***

Jean Havoc passa un doigt autour du col montant raide de son uniforme de cérémonie. Pour faire une concession à ses parents, Riza avait choisi d'arriver avec eux, et il était donc coincé à jouer l'escorte d'attente. Les rires gais tournoyaient autour de lui alors que les invités se déplaçaient facilement dans les nombreuses pièces du dôme, toutes rayonnant de la grande pièce centrale qui était au centre du pavillon et d'où l'on pouvait voir l'intérieur voûté de l'immense plafond courbe qui se dressait bien au-dessus. Tout le monde semblait excessivement contents et heureux et à l'aise, cela le faisait se sentir de plus en plus misérable. Il se sentait horriblement mal à sa place dans ce grand rassemblement, et ce n'était pas la première fois qu'il enviait Roy Mustang de tout son cœur pour ses manières sociales faciles.
- Arrête de gigoter, Jean. Et le col serait un peu moins inconfortable si tu arrêtais de t'y affairer.
En parlant du diable.
- Bon sang, Roy – hum, je veux dire, Führer. Mustang, Monsieur – c'est une façon de faire peur à un homme au point qu'il quitte son corps !
L'homme aux cheveux sombres, qui s'était soudain matérialisé à ses côtés, arqua élégamment un sourcil et croisa les mains derrière son dos, qui était tenu droit mais détendu – il semblait certainement à l'aise.
- Tant que tu restes dans ton uniforme – je ne veux pas être coincé à expliquer ta nudité au Baron Hawkeye. Carre-moi ses épaules, mec, c'est un bal militaire, pas un bar.
Se sentant comme s'il était en parade et soumis à une révision, Jean ouvrit la bouche, puis la ferma à nouveau avec un clic audible. Indépendamment de la conviction du boss que Roy était toujours son ami, c'était de facto le dirigeant d'Amestris à qui il parlait, et si le passage du temps et son long service militaire lui avaient appris quelque chose, c'était qu'il était toujours plus prudent de tenir sa langue en public. Peut-être que Riza déteignait sur lui.
- Oui, Monsieur.
Roy leva un sourcil.
- C'est juste un conseil amical pour faire bonne impression sur les parents de Riza, Jean. Nous parlons en tant qu'amis. Tu peux m'appeler par mon nom, tu sais.
- Oui, Monsieur... je veux dire, Roy. Monsieur. Ah, l'enfer.
Sa bouche ne voulait simplement pas coopérer. Peut-être que les quantités abondantes de champagne qu'il avait descendues pour tenter de calmer ses nerfs avaient été une mauvaise idée ? Dieux, il pourrait apprécier une clope.
Un scintillement d'amusement s'éleva dans les yeux de Roy.
- Riza t'a vraiment entraîné. Elle est déjà là ?
- Non.
Une réponse laconique, mais Roy ne sembla pas s'en offusquer. De nombreux personnages importants rôdaient autour de la paire militaire, essayant visiblement d'attirer l'attention du Führer., mais Roy ne semblait pas être conscient de la situation. Ce qui voulait dire, connaissant Roy, qu'il les ignorait délibérément pour faire valoir son point de vue.
- Le Baron a toujours été de ceux qui avaient 'un retard à la mode'.
Havoc jeta un coup d'œil rapide à son officier supérieur, qui était maintenant attentif à ne pas regarder Jean. Il portait un sourire ironique qui rappelait au plus jeune les séances de beuverie tardives, leurs vestes jetées négligemment sur le dos des chaises, leurs manches retroussées et leurs cartes disposées devant eux alors que Hugues taquinait Mustang au sujet de ses dalles romantiques et qu'Armstrong parlait d'une tradition familiale et que Riza roulait les yeux et tendait une main gagnante, et il réalisa tout à coup que Mustang essayait de lui montrer que lui, Jean Havoc, était toujours quelqu'un d'importance dans sa vie. Quelqu'un à qui le Führer. prêterait plus d'attention qu'à d'autres. Quelqu'un qu'il considérait comme un ami. Sa mâchoire se décrocha sans mot dire, et Roy ignora poliment cela également, tandis qu'il continuait.
- Il a quelques idées erronées coincées dans son crâne épais, mais il est en fait bien une fois qu'on apprend à le connaître. Riza est sa seule fille ; il a tendance à être un peu protecteur. Juste traite-la bien et montre-lui quel... jeune homme exceptionnel tu es, et il changera d'avis. Et si ce n'est pas le cas...
- Si ce n'est pas le cas ?
La voix d'Havoc était très basse, et Roy sembla le remarquer, parce qu'il le regarda finalement dans les yeux. Jean pouvait presque sentir l'élan de confiance que l'homme était capable de projeter sur ses subordonnés – il jurerait qu'il pouvait sentir sa colonne vertébrale se raider sous ce regard de nuit. Le Führer. hocha finalement la tête et laissa son regard passer l'épaule de Jean.
- C'est une chose terrible pour un noble d'être dans les mauvais papiers du Führer., lança finalement Roy d'une voix traînante. N'êtes-vous pas d'accord, Baron ? Cela a tendance à mener à toutes sortes d'accidents malheureux avec les domaines.
Havoc tournoya, son cœur sautillant dans sa bouche à la vue du Baron et de la Baronne Hawkeye. Riza se tenait légèrement en retrait, comme une fille dévouée, mais plutôt que les volumineux mètres de mousseline et de dentelle que portaient les autres femmes dans la salle, elle portait un uniforme de cérémonie, une veste courte, une ceinture rouge et une longue jupe foncée qui aurait dû être perdue au milieu des parures, mais qui au contraire faisait ressortir encore plus sa taille de mannequin. Ses médailles et rubans étaient fièrement épinglés sur sa poitrine, et lorsque leurs yeux se croisèrent et que son petit menton se leva avec détermination, il sut qu'elle avait choisi de porter son uniforme au bal plutôt que la tenue civile optionnelle auxquelles avaient le droit les femmes officiers pour rappeler à ses parents ses choix et sa loyauté. Et à cet instant, il l'aimait plus que jamais.
Le Baron ricana, et Jean dut admirer son sang-froid face à un Roy Mustang souriant narquoisement ; des hommes plus grands avaient tremblé devant ce regard félin.
- Führer. Mustang. Mes... félicitation pour votre promotion.
L'homme corpulent eut l'air de vouloir dire autre chose, mais Roy arrêta tout autre mot avec le plus simple mouvement de sourcil.
- Je vous remercie. Puis-je vous présenter l'un de mes plus anciens subordonnés et l'un de ceux en qui j'ai le plus confiance, le Capitaine Jean Havoc ?
Bien que formulé comme une question, il s'agissait évidemment d'une déclaration qui ne permettait aucune opposition, et le Baron le savait.
- Merci ; nous sommes rencontrés. Capitaine Havoc.
- Baron, Baronne, c'est bon de vous revoir, parvint à dire Havoc en s'inclinant au-dessus du gant de la Baronne et fier de ne pas bégayer de surprise au ton conciliant du Baron.
Sa mère lui avait toujours appris à être poli envers ses aînés, et cette courtoisie ancrée était quelque chose sur quoi il savait pouvoir s'appuyer sans arrière pensée.
- Major Hawkeye.
Riza sourit.
- Jean.
Et l'utilisation de son prénom lui fit relever la tête et regarder dans ces yeux auburn riant.
- Tu ne vas pas m'inviter à danser ?
- Je... si, bien sûr, dit-il avec hésitation en jetant un regard rapide au Baron qui le lui retourna avec un regard impassible de sa composition. Me ferais-tu l'honneur de danser avec moi ?
- Père ? demanda Riza gentiment.
L'homme grisonnant grogna bruyamment.
- Eh bien, vas-y, mon enfant. Passe du bon temps avec ton jeune homme. Tu la traites comme la dame qu'elle est maintenant, tu entends ?
Jean hocha la tête, abasourdi, et offrit son bras à Riza, qui sourit gracieusement en réponse et le prit. Alors qu'il la guidait vers la ligne qui se formait pour la prochaine danse, il secouait toujours sa tête avec surprise, et elle dut le remarquer, parce que ses paroles suivantes furent :
- J'ai eu une conversation avec Père. Il comprend, Jean.
Ses yeux scintillèrent malicieusement.
- Bien sûr, ça a aidé de te voir parler si intimement avec notre nouveau Führer. Père n'est pas stupide – il reconnaît le pouvoir quand il le voit, même si ça prend quelques cris pour lui faire rentrer dans la tête. Les vieux titres de noblesse commencent à perdre leur lustre, même pour ceux qui les possèdent encore.
- Tu as demandé à Roy de faire ça ?
Havoc rougit. Il aurait dû savoir que Roy utilisait son influence pour le bénéfice de Riza.
Riza roula des yeux.
- S'il te plaît. Roy n'est pas idiot, et il connaît ma famille depuis des années. Et depuis quand ai-je jamais été capable de lui faire faire quoi que ce soit sans le menacer d'une arme ? Quoi qu'il ait fait, il l'a fait par inquiétude pour toi. Pour nous.
Et sur ce, elle reposa légèrement sa tête sur son épaule.
- Il est peut-être Führer. maintenant, mais il est toujours notre ami, Jean.
Jean se retourna et regarda la haute silhouette du nouveau Führer. Roy leur sourit simplement à travers ses cils, l'un de ses rares sourires sans filtre qui pouvaient éclairer une pièce de sa chaleur, puis se détourna pour parler au Baron et à la Baronne. Comment avait-il pu jamais douter de l'homme, Jean ne le savait pas, mais il jura qu'il n'écouterait plus jamais ses démons d'insécurité. Il était là, et Riza était là, et ils avaient de bons amis qui s'occupaient d'eux et qui veillaient sur eux. Ça faisait d'eux une famille, pas vrai ?
Il se sentait comme l'homme le plus chanceux du monde.
- Oui. Oui, il l'est.

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