I. Léthargie
L'adjudant aux yeux pâles regarda avec mépris son interrogateur tandis que l'homme lui lançait un regard noir et menaçant. Typique des mauviettes qui suivraient un homme comme Mustang. Alors ils l'avaient démasqué d'une manière ou d'une autre, ils avaient réussi à éloigner le lâche de ses appartements à temps. Et maintenant ils s'attendaient à ce qu'il livre son propre chef, de la manière dont ils le feraient dans une situation similaire, sans aucun doute. Eh bien, ils découvriraient bientôt que les hommes du Général Hakuro n'étaient pas si facilement effrayés. Il continua à fixer d'un air rebelle l'alchimiste énorme aux moustaches en forme de morse et à la boucle serrée au milieu de son front. Rien ne le ferait parler. Non Monsieur. Pas même quelques tours d'alchimie sophistiqués. Bien que comment cette tête d'ours avait pu devenir une Alchimiste d'État le dépassait. Peut-être que c'était le stress, mais il pouvait presque voir des étincelles roses venant de la musculature ondulante de l'homme, qui était bien visible étant donné qu'il avait déchiré sa chemise au bout d'à peine cinq minutes, ce qui avait provoqué un léger malaise. Mais l'adjudant avait été mieux entraîné que cela, et à part un tic qui s'était formé sous son œil gauche, il restait stoïquement silencieux.
La seringue vide qu'il avait transportée fut claquée sur la table devant son nez et il sursauta de surprise, les menottes qui lui attachaient les poignets sous le siège de sa chaise cliquetant faiblement avant qu'il ne soit ramené dans sa chaise verrouillé au sol par ses propres bras protestant douloureusement. Il devait admettre, le gars savait ce qu'il faisait pour le rendre vraiment mal à l'aise. Il fut forcé de se pencher vers l'avant dans un angle maladroit afin de soulager la tension sur ses épaules, son visage presque planté dans le bord de la table, et ainsi ses yeux étaient à quelques centimètres de l'objet scintillant alors qu'il se balançait doucement d'avant en arrière.
- L'arme d'un lâche, gronda l'interrogateur. Destiné à être utilisé sur une victime endormi. Un tout petite sensation de piqûre, une petite bulle d'air introduit dans son flux sanguin, pour voyager jusqu'au cœur, pour l'empêcher de battre, une mort soudaine et paisible avec pratiquement aucune preuve d'un acte criminel, siffla l'homme avec mépris entre ses dents. Un meurtre, en d'autres termes.
Il secoua sa tête plissée avec tristesse d'un côté à l'autre avec une consternation moqueuse.
- Qu'est-ce qui pourrait pousser un vétéran distingué et décoré comme vous s'abaisser à des actions tellement mesquines, Adjudant ? Pour poignarder ta victime dans le dos dans ses appartements au lieu de lui faire face sur le champ de bataille et lui donner l'opportunité de se défendre comme un homme le ferait ? Je ne peux simplement pas le concevoir, que vous puissiez être le seul instigateur d'une chose aussi méchante.
Ne dis rien, pensa l'adjudant, il essaye juste de t'énerver, de te piéger pour que tu lâches quelque chose. Ne dis rien... mais sa mâchoire se durcit et il sut avec une certitude que ces yeux bleus d'une douceur trompeuse remarquaient sa réaction à être provoqué.
L'homme se pencha plus près, et les étincelles roses semblèrent s'intensifier.
- Au moins, sauver votre honneur, Adjudant. Aidez-nous à trouver le véritable auteur de cette trahison.
***
De derrière la vitre à sens unique, deux têtes blondes observaient attentivement Armstrong interroger l'assassin, l'une de lin claire et l'autre d'or pur. Ils étaient presque de la même taille, bien que la manière dont l'homme des deux se tenait le faisait paraître un peu plus grand. Edward Elric secoua la tête avec fatigue et se détourna de la vitre.
- C'est tout faux. Il provoque simultanément l'honneur de l'homme et puis lui demande de le trahir en livrant ses camarades – son chef. Ça pourrait fonctionner sur un homme plus stupide, mais cet Adjudant – Hendricks, c'est ça ? - n'est pas une telle personne, pas d'après son dossier personnel. On devrait presque admirer sa loyauté, si elle n'était pas si mal-placée.
Il avait opté pour observer l'interrogatoire au lieu de participer, bien qu'il commence à regretter cette décision alors que cela le démangeait de faire quelque chose.
Riza Hawkeye émit un son de dédain, ses lèvres serrées tandis qu'elle continuait de lancer des regards furieux à travers la vitre comme si ses yeux pourraient percer un trou dedans par lequel elle pourrait tendre les bras dans la pièce et étrangler l'Adjudant. Ses mains étaient serrées sur ses hanches en des poings qui faisaient blanchir ses phalanges.
- Le Lieutenant Colonel Armstrong est un interrogateur expérimenté, il réussit généralement. Et si ce n'est pas le cas, nous avons encore assez de preuves pour condamner cet homme et ses complices parmi les gardes. Assez pour un jugement sommaire, même.
- Ce n'est pas le problème, soupira son compagnon en frottant le sommet de son nez tandis qu'il fermait les yeux et il s'écroula sur une chaise plainte bancale.
Il était maintenant, quoi, trois heure du matin passée ? La pierre de l'édifice avait donné cette sensation de sueur glacial qui gelait les os et il enveloppa son manteau autour de lui d'une manière un peu plus sécuritaire. Al était peut-être d'accord pour porter l'uniforme, mais Ed ne l'était certainement pas – cela lui rappelait la raison pour laquelle il s'était enrôlé en premier lieu, et ce n'était pas quelque chose sur quoi il aimait particulièrement s'attarder. Bien qu'il avait accepté de porter cet uniforme de cérémonie pour l'intronisation dans un moment de faiblesse – maudit Maes et ses maudits albums photos, pensa-t-il d'un air grognon, ignorant soigneusement la petite voix dans sa tête qui suggérait sournoisement d'autres motifs pour cela. Il tira son esprit de sa rêvasserie et leva les yeux vers Hawkeye, qui s'était tourné vers lui, perplexe.
- Cet homme est juste un pion, et dans la vie, comme aux échecs, on joue pour le roi. Pense à cela – je pourrai sortir Hakuro sans transpirer une seule goutte, mais ça soulèverait des questions – nous devons discréditer Hakuro pour qu'on puisse purger l'armée de lui et de sa base politique pendant que qu'on fait apparaître Mustang au dessus de tout ça, aussi bien qu'envoyer un message clair à d'autres potentiels prétendants à la position de Führer. Et je préférais ne pas avoir à m'abaisser à planter des preuves – les confessions sont bien plus propres si on peut les obtenir. Bien que si on en vient à cela...
Il haussa les épaules, un mouvement infime de monté-descente dans ses épaules tandis qu'un sourire sombre étirait les coins de sa bouche.
- La fin justifie les moyens, Major.
Elle resta bouche bée face au jeune homme, la gorge sèche, et il leva un sourcil curieux dans sa direction. Finalement, elle dit d'une voix rauque :
- Cela ressemble à quelque chose que le Général dirait... Monsieur.
- C'est faux, dit-il sur la défensive et puéril comme jamais.
Il grimaça à sa formalité, sachant qu'ils se souvenaient de la même nuit huit ans plus tôt.
- C'est seulement... c'est pratique. C'est de la politique.
Mais dans ses yeux tristes et entendus, il se voyait réfléchi et savait que son affirmation était vraie, et un ressentiment sans raison s'éleva comme de la bile dans sa gorge.
- Tu n'es plus un enfant, Edward.
***
- Je l'ai dit à propos d'Auric, et je le dirai à nouveau à propos d'Ed – il n'est plus un enfant, Roy.
Le Général de Brigade prit avantage de la pause d'activité occasionnée par la sortie d'un groupe d'officiers du bureau de Roy et l'entrée du suivant pour se rapprocher un peu plus de son ami et continuer la dispute feutrée qu'ils avaient eue dans la voiture sur le chemin. Par la fenêtre donnant sur l'avant de la maison, il pouvait voir Havoc regarder un major nerveux avec un œil jaunâtre avant de lui faire signe d'entre – il prenait ses responsabilités de sécurité très au sérieux après la peur qu'ils avaient tous eue il y a à peine trois heures. Maes Hugues devait admettre que les quelques minutes qu'il avait attendues dans son salon pour que Roy et Ed se présentent avaient été parmi les plus longues de sa vie, venant comme ils l'avaient fait après l'appel téléphonique d'Alphonse, un simple fouillis de mots dans sa mémoire maintenant. Grillons. Ed. Assassins. Gardes. Roy. Et Dieu merci pour les instincts d'un Gardien. Il passa une main dans ses cheveux et enleva ses lunettes pour les nettoyer, une habitude nerveuse dont Gracia n'avait jamais réussi à le défaire.
Roy frotta le sommet de son nez alors qu'il fermait les yeux et s'installait à nouveau dans sa chaise, reconnaissant d'être de retour dans l'environnement familier de sa propre maison, même si les constants allers-retours des bottes sur ses tapis laissaient des taches et des égratignures qui allaient probablement donner une crise à sa femme de ménage quand elle arriverait mardi prochain. Oh eh bien, peut-être qu'il pourrait parler à Alphonse Elric pour qu'il utilise un peu d'alchimie sur les taches les plus têtues – le jeune homme serait sans doute plus serviable que son frère aîné. Bien plus facile que de couvrir le tapis lui-même de craie.
- Je pensais que nous avions déjà établi que j'étais pleinement conscient de cela, Général de Brigade. Généralement, quand on passe l'âge de dix-huit ans...
- Tu recommences à plaisanter, Roy. Et tu ne fais cela que quand tu sais que j'ai raison.
Maes Hugues secoua la tête d'un air las alors qu'il installait précautionneusement ses lunettes à nouveau sur son nez.
- Quand vas-tu le laisser faire ses propres choix ?
Pour son bien, et pour le tien, voulut-il ajouter, mais il se retint, sachant que les mauvais mots mettraient la patience de Roy à rude épreuve jusqu'à arriver à son point de rupture.
Les yeux entourés d'ombres s'ouvrirent pour se reposer sur lui, la lueur dure dans leurs profondeurs insondables comme un avertissement.
- Comme avec tous mes hommes, Général de Brigade, je ne l'ai jamais laissé faire quoi que ce soit d'autre.
Et Maes fut forcé de se détourner de ce regard implacable, sachant la vérité de cela, voyant la douleur qui scintillait derrière le regard d'obsidienne placide dans le visage pâle devenu gris de fatigue.
- Si tu aimes quelque chose, laisse le partir ; s'il te revient, il est à toi...
- ... sinon, il n'a jamais été destiné à l'être ? finit doucement Maes. Aie foi en lui, Roy.
- Je ne me permettrais pas le connaître, soupira son ami. Il me botterait les fesses si je ne le faisais pas.
Et un léger soupçon d'humour éclaira ses yeux sombres.
***
II. Ablution
- Vous insistez toujours que vous et vous seul avez planifié l'assassinat du Fuhrer-elect Mustang ?
- Oui !
- Même si vos complices parmi les gardes ont déjà confessé que c'était quelqu'un d'autre qui l'avait planifié, qui vous a donné l'ordre d'agir ?
- Oui ! Et s'ils avaient avoué, vous ne seriez pas si désespéré d'obtenir un nom, pas vrai, Alchimiste d'État ?
Les mots étaient sifflés venimeusement vers Armstrong, les yeux pâles maintenant allumés avec la flamme d'un véritable croyant. L'interrogatoire durait depuis des heurs maintenant, et Ed devait admettre, alors qu'il observait à travers la vitre, qu'il était impressionné qu'Armstrong ait été capable d'arriver aussi loin avec l'Adjudant Hendricks. Au moins l'homme parlait maintenant, mais si seulement pour se moquer d'eux. Peut-être que les étincelles roses qui provoquaient le délire servaient à quelque chose, pensa-t-il ironiquement, et puis il secoua la tête avec stupéfaction – il avait visiblement besoin de plus de café s'il était en fait en train de penser cela. Bonne chose qu'Hawkeye soit déjà partie pour aller en chercher. Avec difficulté, il traîna son esprit à nouveau sur la scène se jouant dans la pièce en face de lui, reposant légèrement ses mains sur la vitre froide alors qu'il observait l'infortuné prisonnier se reprendre et cracher au visage d'Armstrong :
- Vous n'obtiendrez jamais rien de moi. Espèce d'idiot, de pion à l'esprit limité à la botte de cet immoral poltron coureur de jupon, monstre d'alchimiste !
Si son bras droit n'avait pas été de chair, Ed aurait sans aucun doute enfoncé son poing dans le verre de la plaque, bien que vraiment, quand on y pensait, les insultes de l'Adjudant n'étaient pas pires que certaines des choses qu'il avait hurlé à Roy au fil des ans. Ironique. Au lieu de cela, il enfonça ses ongles dans sa paume et regarda, avec un étrange mélange de rage et de détachement insolite tandis qu'Armstrong tendait lentement la main vers sa poche et sortait un mouchoir blanc immaculé, plié et monogrammé. Avec le m^me genre de mouvement délibéré, le Strong-arm Alchimiste s'étendit et s'essuya le visage, son expression ne changeant pas d'un pouce. Il se retourna de l'autre côté de la table et tira la chaise là, s'asseyant lourdement, la chaise standard et fragile grinçant avec inquiétude sous son poids.
Hendricks observa avec des yeux à moitié effrayés tandis qu'Armstrong rangeait son mouchoir et croisait les mains devant lui sur la table. Et quand il se parla enfin, ce fut avec un mépris froid qu'Ed n'avait jamais su l'alchimiste sentimental capable.
- Quoi que soit d'autre le Général... il est le meilleur espoir d'Amestris pour la paix et un futur. Et au moins nous qui le suivons choisissons de le faire avec nos yeux ouverts à la vérité. Ce qui est plus que je ne peux le dire pour vous.
Le visage d'Hendricks se tordit. Et de l'autre côté de la vitre, le visage d'Ed fit de même alors qu'il plongeait sur ses genoux, la compréhension le frappant d'une vague vertigineuse, cette sensation nauséabonde de voir le sol disparaître sous ses pieds revenant de plein fouet.
Choix. Un choix. C'était ce que le bâtard lui avait donné – lui avait toujours donné. Et il avait été trop limité pour le comprendre.
Des images de sa dernière conversation avec l'homme s'étalèrent discrètement sur l'œil de son esprit comme les images saccadées d'une bobine de film. Il avait fini de dire à Mustang ce qu'il avait dit à Al plus tôt. Lui avait montré sa cicatrice. Avait admis – et cela avait été difficile – qu'il se sentait perdu, confus, vulnérable – inutile. Et que le contrat lui donnait un but. Un devoir qui devait être accompli ? Un objectif vers lequel se diriger. Qu'autant qu'il s'en plaignait, il avait besoin de cette structure, de quelque chose à quoi s'accrocher dans un monde intransigeant. Et après tout cela, il avait levé les yeux vers l'homme aux cheveux sombres, espérant quelque chose – n'importe quoi – à quoi s'accrocher... bon sang, il aurait même accepté l'une de ces remarques tristement sarcastiques qui le faisaient enrager. Mais Roy était resté obstinément silencieux.
- Eh bien ?
- Eh bien quoi, Fullmetal ?
Roy avait abaissé ses doigts devant son visage et fermé les yeux en écoutant l'histoire d'Ed. Lorsqu'il avait parlé, il avait ouvert les yeux, mais Ed n'avait pas été capable de lire l'émotion qui se cachait dans leurs profondeurs sombres.
- Bon sang, bâtard, ne joue pas avec moi comme avec l'une de tes marionnettes, avait-il grogné.
S'énervant par manque d'autre chose à faire, utilisant l'homme comme un punching-ball comme il l'avait toujours fait, ignorant la voix dans sa tête qui indiquait qu'il était irrationnel et enfantin – une voix rendue doublement ennuyante par le fait qu'elle sonnait remarquablement comme la sienne.
Roy avait examiné ses ongles dans une démonstration élaborée d'insouciance.
- Contrairement à la croyance populaire, je ne tire pas d'amusement à jouer avec les gens, Fullmetal. Enfin, peut-être juste toi, de temps en temps.
Et puis en réponse à un grognement sans parole d'Ed, il avait soulevé un sourcil mince dans une poussée d'irritation apparemment momentanée.
- Voyons, Ed, tu penses que je tiens le monde entier par ses ficelles ?
Des yeux d'or avait alors étincelé de surprise, la remarque de Mustang, studieusement désinvolte, sonnant une cloche dans un lointain souvenir, choquant son esprit dans un état de conscience plus élevé, faisant remonter la frustration, la colère, le blâme... blâme qui avait été mal dirigée, il le réalisait avec le bénéfice des années de rétrospection. Avec la vision du monde typiquement égoïste d'un enfant, il avait voulu que l'homme lui donne ce qu'il voulait, quand il le voulait, sans penser à ce que cela pourrait coûter à Mustang, et se tenant là dans le salon de Maes, il avait senti une lente brûlure monter dans ses joues alors qu'il considérait tout ce qu'il avait exigé de l'homme à l'époque, et tout ce qui lui avait été donné malgré lui. Les yeux sombres de Roy s'étaient posé sur lui d'un air penseur, l'observant attentivement comme s'il cherchait quelque chose, et puis une expression satisfaite avait traversé son visage tandis qu'il se levait sur ses pieds avec grâce.
- Cela a été très instructif, Fullmetal, mais je pense que j'entends une voiture à l'extérieur, ce qui signifie qu'il est temps pour moi de partir. Tu as ma gratitude la plus sincère pour tes... services ce soir.
Et le sourire en coin exaspérant qui tordit les lèvres de l'homme tandis qu'il laissait son ton moqueur le taquiner et insinuer des choses avait donné une étrange apparence de normalité à la situation. En y repensant, l'alchimiste blond pouvait voir ce qu'il avait pris pour l'arrogance habituelle de l'homme avait vraiment été une façade pour cacher une veine de douleur plus profonde.
- Attends une minute ! avait claqué Ed en sautant sur ses propres pieds alors qu'il lançait un regard belliqueux à l'alchimiste plus âgé. Quid pro quo, connard, je t'ai donné mes raisons, maintenant tu me donnes les tiennes. Nous avions un accord.
Roy avait haussé les épaules.
- Mes raisons sont évidentes, situ voulais seulement prendre le temps d'y penser. Maintenant que tu n'es plus un enfant, tu pourrais vouloir essayer d'utiliser ta tête avant de recourir à la violence, Fullmetal, tu trouveras ça rafraîchissant, j'en suis sûr.
Et sur ce, l'homme s'était dirigé vers la porte, laissant Ed bouche bée, pris entre incrédulité et rage aveugle.
- Qu'importe ce que cela demande, je suis sûr que Mustang nous guidera à travers cela, avait cité Ed amèrement dans le dos de l'alchimiste plus âgé se souvenant d'un jeune Lieutenant Colonel qui était venu le chercher à Resembool huit ans plus tôt et ses paroles à Al à ce moment-là.
L'homologue plus âgé de cet homme s'était arrêté à l'entrée de la porte, mais ne s'était pas retourné.
- Ah. Mon cul.
- Je te guiderai toujours, Ed, si c'est ce que tu choisis.
Et Ed avait tressailli à l'utilisation de son nom et au ton doux mais catégorique avec lequel le Général parlait.
- Mais je n'ai jamais était capable de te retenir. Même pas en tant qu'enfant, et jamais en tant qu'adulte. Auric a compris ça quand il a choisi d'entrer dans ce contrat.
Sur ce, Roy était parti, le détachement de sécurité de Havoc grouillant autour de lui, les canons levés, alors qu'ils l'avaient précipitamment enfermé dans une énorme voiture noire qui ronronnait dans la nuit, Maes lançant à l'alchimiste blond un regard inquiet par dessus son épaule tandis qu'il le suivait dans la voiture suivante. Et Ed s'était téléporté à nouveau à Centrale dans un état de confusion extrême, un état qui ne s'était pas amélioré depuis des heures. Jusqu'à maintenant. Maudit soit cet homme. Quand Ed mettrait la main sur lui, la première chose qu'il allait apprendre à ce bâtard était comment parler clairement et pas en code. Alchimiste ou pas, il devait y avoir certaines limites.
Le mince alchimiste blond enroula ses bras autour de ses genoux tandis qu'il s'asseyait avec son dos contre le mur et se balançait doucement d'avant en arrière, enfoncé dans ses pensées.
- Mes raisons sont évidentes... je te guiderai toujours, Ed, si c'est ce que tu choisis...
Les mots de Roy résonnaient dans sa tête douloureuse. Merde. Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Il avait été tellement pris par ses propres problèmes qu'il avait échoué à se souvenir du vieil adage des Gardiens : Il y a toujours deux côtés à chaque portail. Ce qui voulait dire que le moyen le plus simple de comprendre une situation était toujours de la regarder du point de vue de l'autre. Roy avait dissous le contrat parce qu'Ed avait fait croire qu'il l'honorait sous la contrainte, et le foutu code d'honneur de Roy ne lui permettait pas de lier ses hommes à lui par la peur, la coercition, ou quoi que ce soit d'autre qu'un choix fait de leur propre gré. Il assumerait volontiers le fardeau de les diriger, mais seulement s'ils étaient prêts à reconnaître que c'était leur choix de les suivre et de vivre avec les conséquences de ce choix. Hawkeye, Havoc, Fuery, Hugues et Armstrong – chacun d'entre eux avait fait le choix de suivre l'homme en toute connaissance de cause. Et maintenant, il donnait à Ed l'opportunité de faire la même chose.
Ed se renfrogna tout seul. C'était ce que Mustang avait voulu dire quand il avait dit qu'Auric avait compris. Le Gardien avait été celui qui avait scellé le contrat, une reconnaissance implicite qu'il faisait le choix de son propre gré, qu'il était le seul responsable de ses choix – qu'il était un adulte, libre et indépendant. Un égal, en d'autres termes, et Mustang l'avait traité comme tel. Mais Ed n'avait pas choisi de signer le contrat, et Mustang ne le tiendrait pas à une promesse faite par un autre – plus que cela, il ne le laisserait pas utiliser le contrat comme une excuse pour éviter d'avoir à faire des choix dont il serait désormais seul responsable en tant qu'adulte. S'il choisissait de rester aux côtés de Mustang, ce serait entièrement sa décision – comme ce serait le cas s'il choisissait de partir. Un sourire réticent se glissa sur son visage tandis qu'il entendait sa propre voix dire à Al « Il pousse tout le monde aux limites de leur potentiel – et au-delà. » Bâtard, inséra-t-il automatiquement. Qu'est-ce que tu feras si je pars tout simplement ?
Je te laisserai partir, était la réponse nonchalante. Il pouvait presque voir l'homme se tenir en face de lui, le regardant avec cet exaspérant sourire en coin et ces yeux moqueurs. Mais ce serait dommage – j'ai donné à Auric le même choix, tu te souviens ? Et il a choisi de rester et de faire face à ses peurs, de trouver son but. Mais nous ne pouvons pas espérer le même courage d'une demi-portion, pas vrai ?
Ne me traite pas de petit ! Et je n'ai pas peur, claqua-t-il avec humeur. Et je ne peux pas croire que je sois en train de me disputer avec toi dans ma tête. Trou-du-cul manipulateur, sournois et paresseux...
Langage, Fullmetal. À ton âge tu devrais avoir plus de bon sens. Et techniquement, puisque je suis dans ta tête, comme tu l'as clairement établi, je pense vraiment que tu viens juste de te traiter de pet...
Ne sois pas condescendant avec moi, espèce de fils-de-pute.
Un hennissement amusé. Déjà vu. Ne me tente pas.
Le Fullmetal Alchimiste grogna et cogna sa tête contre le mur. Choix. Toujours les mêmes maudits choix. La seule fois où il pouvait se souvenir de jamais avoir été libre de ce combat constant était quand maman était encore en vie et qu'il était un enfant... il se figea et fit courir cette dernière pensée une nouvelle fois. Il n'avait plus été un enfant depuis qu'il avait fait son premier choix d'essayer de ramener sa mère. Et ce premier choix avait mené à tellement d'autres. Sacrifier son bras pour lier l'âme d'Al à l'armure. Choisir de vivre et accepter l'automail. Et puis se souvenir de l'offre faite par ce jeune officier avec les cheveux sombres... ses yeux s'écarquillèrent et se perdirent dans le vague alors qu'une autre mini-épiphanie montait.
Cette voix de velours parla à nouveau dans son esprit. Alors tu commences à comprendre. Tu as toujours fait tes propres choix. Et la voix de Roy était juste tellement gentille et compréhensive, et Ed se trouva à avoir à combattre la boule dans sa gorge. Tout ce que je pouvais faire pour toi à l'époque était de t'aider, t'ouvrir plus d'options pour que tu choisisses. L'armée et ses ressources. Les examens d'Alchimistes d'État. Les missions – et les voyages parallèles 'non-autorisés'. L'esprit d'Ed pataugea alors qu'il voyait soudainement sa vie entière à travers une autre paire d'yeux.
Mais Roy avait fait plus que de simplement lui procurer des choix. Il avait permis à Ed de maintenir un semblant de normalité en se faisant un bouclier et un bouc émissaire – et pas seulement pour les innombrables bâtiments qu'Ed avait endommagés pendant ses missions, non plus. Permettre à Ed de passer sa rage – et sa peur, et la misère d'être poussé si rapidement vers l'âge adulte – sur lui signifiait qu'Ed pouvait éviter d'avoir à accepter que ses actions avaient généralement des conséquences. Il se débattait déjà avec les plus grandes d'entre elles, se les voyaient rappeler à chaque fois qu'il regardait son frère pris au piège dans une armure trop lourde – Roy pouvait au moins le protéger pendant un certain temps du reste. Et c'est ce qu'il avait fait, permettant à Ed de poursuivre ses objectifs sans entrave. Avait donné de lui-même – et avait laissé Ed partir de toutes façons, et avait accepté la douleur et la solitude qui était la conséquence de ce choix. L'avait honoré en ne s'abaissant jamais à quelque chose d'aussi mesquin que la pitié. Et donc maintenant, quatre ans plus tard, ils avaient atteint la croisée des chemins. Si être un enfant signifiait vivre sans se soucier des conséquences de ses choix, être un adulte signifiait apprendre à accepter ces conséquences. Et si Ed voulait être considéré comme un adulte... un égal... un partenaire, et son traître d'esprit s'était attardé plus longtemps qu'il n'aurait dû sur ce mot, se souvenant de la sensation de la peau nue et des mains habiles et des lèvres soyeuses...
Des choix. Vivre ou mourir. Rester ou partir. Se lever ou tomber. Abandonner... ou continuer. Il savait que son choix était. Il avait même sermonné la Porte à ce propos, et il serait maudit s'il la laissait faire de lui un hypocrite maintenant. Et d'un seul coup, il sentit soudain un sentiment de but s'unir dans sa poitrine et s'installer dans l'équanimité. Il était temps de se lever et de continuer à vivre. Alors il ne savait pas exactement ce qu'il devait faire maintenant – il improviserait comme il l'avait toujours fait, ce n'était pas si différent de se réveiller de l'autre côté de la Porte sans aucun souvenir, après tout. Al n'avait peut-être plus besoin de lui, mais ce bâtard au sourire en coin pourrait certainement apprécier l'aide. Son destin était devant lui, même s'il ne le voyait pas encore clairement, et il n'aurait qu'à y faire face un choix à la fois, et il pouvait jurer qu'il entendait Alp soupirer de soulagement en entendant son partenaire Gardien au crâne épais se rappeler enfin la devise officieuse de la leur Guilde. C'était drôle, cette dualité de pensée et de sentiment avec laquelle il s'était débattu avait disparu, à sa place une certitude concentrée, et la pensée lui traversa l'esprit qu'une couronne symbolisait aussi la perfection d'un métal, étrangement approprié à la lumière de son titre officiel en tant qu'Alchimiste d'État. Et dans un soudain relâchement de la tension, il se mit à rire, s'agrippant à son ventre les larmes coulant sur son visage alors qu'il gloussait et tombait sur le côté, se recroquevillant alors qu'il se livrait à une légère crise d'hystérie. Fullmetal en effet.
Il riait toujours quand la porte s'ouvrit pour révéler Hawkeye se tenant là avec une cafetière dans une main et deux tasses dans l'autre, semblant surprise de trouver le Fullmetal Alchimiste riant au milieu du parquet comme s'il avait perdu l'esprit.
- Monsieur... Edward, est-ce que tu vas bien ?
Le jeune homme sa battit vaillamment pour dompter son hystérie, enfouissant son visage dans ses mains, de derrière lesquelles des hennissements étouffés pouvaient être entendus. Finalement, il releva la tête vers elle, un sourire d'auto-dénigrement étirant ses lèvres.
- Tout va bien, Major. Seulement... des douleurs de croissance.
Il n'élabora pas, et elle n'insista pas, mais parfois Riza Hawkeye se demandait si c'était une sorte d'exigence d'Alchimiste d'État de parler tous en code chaque fois que c'était possible pour rendre les autres fous autour d'eux. Et le Fullmetal devenait aussi mauvais que le Flame en ce qui concernait un double langage particulièrement obscur.
- Être un adulte craint vraiment, parfois, vous savez ?
Eh bien, cette dernière partie, au moins, avait été assez claire. Riza fit tourner une roue mentale dans son esprit, en choisissant parmi les quatre réponses que l'on enseignait à tous les soldats pour couvrir toutes les éventualités : Non, Monsieur ; À vos ordres, Monsieur ; Pas d'excuse, Monsieur ; et oh, celle qu'elle cherchait... « Oui, Monsieur ». Et ils partagèrent un moment de parfaite compréhension mutuelle quand leurs yeux se rencontrèrent. Elle souleva la cafetière bleue écaillée un peu plus haut.
- Je pense néanmoins que cela aidera – j'ai ajouté une lampé du whisky que le Général cache dans les tiroirs de son bureau. Du bon matériel.
Ed leva un sourcil sardonique dans sa direction, ressemblant remarquablement au Flame Alchimiste tandis qu'il lançait d'une voix traînante :
- Hawkeye... vous avez volé le whisky de Mustang ?
- Temporairement fauché, Monsieur, corrigea-t-elle.
Il sourit narquoisement, et elle ajouta pour sa défense :
- Je l'ai remis en place. Et de toutes manières... il vole toujours mes stylos préférés et il pense que je ne le remarque pas !
Elle lança un regard noir d'un air rebelle, ressemblant remarquablement à un certain alchimiste très blond dans ses jeunes jours.
- Oh croyez-moi, je ne me plains, soupira Ed tandis qu'il tendait la main pour les tasses de café qu'elle tenait.
La première gorgée lui ébouillanta la langue, mais il se sentit bien en la descendant, et il s'épanouit dans la lueur chaude qui imprégna lentement son corps pendant qu'il roulait doucement sa tête d'un côté à l'autre, essayant de soulager la tension dans ses épaules.
- Le Colonel Armstrong a-t-il eu d'autres succès avec le prisonnier ?
Ed fit une grimace alors qu'il se levait et s'étirait prudemment. Il pouvait sentir la tension de ses muscles de son entraînement antérieur – ce qu'il ne donnerait pas pour un bon massage. Hm. Il se demanda paresseusement si les mains de Mustang avaient déjà guéri.
- Je ne pense pas. Eh bien. Je suppose qu'il est temps pour le plan B.
Très bien, bâtard, je choisis de faire ça. Pour toi. Parce que je le veux. Content ? Un sourire en coin silencieux fut sa seule réponse, et il secoua la tête pour lui-même. Il avait besoin de trouver le vrai Mustang et d'en parler avec lui... mais d'abord, il devait assurer la sécurité de l'homme, et il n'y avait qu'un moyen de le faire. Ah, les joies de l'intrigue politique. Malgré toute son ambivalence à ce sujet, il était bien connu dans la communauté des Gardiens que celui d'entre eux qui s'appelait Auric faisait preuve d'une finesse particulière pour manipuler des situations exceptionnellement complexes, et la Guilde n'avait été que trop heureuse de faire usage de cette monnaie. Il était temps qu'il en consacre une partie à ses propres affaires.
Hawkeye regarda son officier nominalement supérieur avec suspicion, parce que le jeune homme avait l'air tout à fait trop blasé au sujet de la situation. Un certain Général avait tendance à adopter ce ton chaque fois qu'il était sur le point de faire quelque chose qu'il savait qu'elle ne serait pas entièrement d'accord avec lui – peut-être qu'il déteignait sur Edward.
- Quel plan B ?
Un soudain éclair de croc la fit reculer involontairement.
- Ça serait moi et Hendricks seuls dans la pièce, et vous deux attendant à l'extérieur, s'il vous plaît. Ce qui vous ne voyez pas, vous n'aurez pas à savoir quoi que ce soit à ce propos.
Hawkeye pâlit.
- Monsieur... vous savez que les règlements militaires interdisent toute forme de torture physique. Et vous êtes un officier, que vous choisissiez de porter ou non l'uniforme...
Il tourna des yeux moqueurs et pleins de tristesse vers elle.
- Major Hawkeye, je suis blessé ! Vous ne me faites pas confiance ? D'ailleurs, la clé est ici... je ne porte pas l'uniforme. Malgré ça, vous savez et je sais que je suis... sujet aux réglementations militaires. Mais le sait-il ? La peur peut être un levier efficace – un axiome de Gardien quand ils agissent en tant que... influenceurs.
Il claqua ses mains l'une contre l'autre abruptement, un bruit aigu comme celui d'un coup de feu, et elle sursauta, tendant instinctivement sa main vers sa propre arme tandis que ses yeux se mettaient à chercher les crépitements révélateurs de l'énergie alchimique. Ed leva les mains dans un geste de paix alors même qu'un sourire scintillant se répandait sur son visage.
- Vous voyez ?
- N'y a-t-il aucun rôle que les Gardiens n'assument pas ? demanda-t-elle d'un air grognon alors qu'elle prenait une profonde inspiration en essayant de ralentir son pouls. Et respectueusement Lieutenant Colonel Elric, Monsieur, si vous recommencez, je vous tirerai dessus.
Le regard doré se fit malicieusement moqueur.
- Noté, Major. Et presque tout a un prix. Bien que j'essaye vraiment d'éviter de faire la vaisselle. Et les fenêtres, c'est chiant. Mais je peux cuisiner et faire le lit.
- Je suis sûre que le Général sera très reconnaissant, Monsieur, dit-il avec un visage franc – et elle fut récompensée par un rire sincère.
La léthargie est une mousse, une écume, ou les cendres d'une opération métallique.
l'ablution est le processus de lavage d'un solide avec un liquide, généralement dans l'eau. Spirituellement et psychologiquement, c'est faire face à ses émotions et laisser couler ses sentiments, pour que l'innocence et la pureté puissent être restaurées.
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Full Circle
FanfictionEdward Elric revient amnésique. Il a vécu les quatre dernières années en tant qu'Auric, un Gardien de Portes. Mais il y a certaines batailles qu'il est le seul à pouvoir combattre. Ses amis seront-ils capables de réveiller Ed, et qu'arrivera-t-il à...