Roy leva un sourcil à l'entente de l'impétueuse déclaration d'affection d'Ed, luttant pour garder son expression sous contrôle bien que son cœur sembla sauter sa gorge. Est-ce qu'Ed avait... devant la presse... ? Il inclina la tête avec curiosité.
- Vraiment ? Ce doit être un homme chanceux.
- Il l'est, mais alors, tu le saurais, n'est-ce pas ? demanda Ed avec amusement, une étincelle malicieuse dans ses yeux lorsqu'il remarqua l'amusement teinté de nervosité de Roy.
- Considérant que tu as toujours été un bâtard chanceux, Roy Mustang. Un fait que je me souviens t'avoir rappelé plusieurs fois avant cela. Arrête de venir chercher des compliments.
La vie est faite de moments, des perles brillantes enfilées ensemble sur le fil de la vie. Chaque perle est unique et parfaite, une chatoyante incarnation d'un million de choses différentes qui comptaient au moment où la perle s'est formée, un début et une fin en soi. Et à l'exact centre de chaque perle, un seul grain de vérité, un paquet incroyablement petit, épineux, aux arrêtes vives, enveloppé dans l'éclat opalescent de la mémoire.
Il était en train de vivre l'un de ces moments à cet instant précis, pensa Roy Mustang, abasourdi, et il n'allait jamais, jamais laisser tomber. Intérieurement, il jubilait, extatique, exubérant, voulant crier sur les toits sa joie de savoir avec certitude qu'Ed l'aimait. À l'extérieur cependant, son visage était étrangement calme, le feu flambant dans ses yeux sombres était le seul signe qu'il avait enregistré ce qui venait d'être dit et qu'il était conscient de ses implications. Tous les nerfs de son corps frémirent, attentif à tous les joueurs dans leur petit drame de salon. À ce moment, il savait que des événements avaient été mis en mouvement qui mettrait fin à un acte de sa vie et levait le rideau sur un autre.
Protagoniste : Edward Elric alias Auric, Lieutenant Colonel de l'armée d'Amestris, le Fullmetal Alchimiste, parfois Gardien, frère aîné loyal, amoureux passionné, personne extrêmement privée et qui détestait la presse, avait juste proclamé ses sentiments pour le Führer. d'Amestris publiquement et devant témoins. Les joues d'Ed étaient rougis agréablement par le champagne, par l'effort de remettre à sa place l'imbécile de père de son amant – alors que son regard disait qu'il aurait largement préféré être en train de déshabiller ledit amant – et, seulement probablement, par l'examen brûlant auquel le soumettait les yeux de son amoureux qui traçait leur chemin possessivement le long de son cours, comme pour vérifier qu'il n'y avait aucun signe de blessure avant de remonter lentement pour venir réclamer le regard d'Ed. Le Flame Alchimiste ne prenait ni son titre ni sa réputation à la légère, et plus d'une spectatrice avait été forcée de s'éventer contre la chaleur dégagée par sa simple présence tout en souhaitant secrètement être l'objet de ce regard brûlant, être marquée par la chaleur ardente de ses yeux. Et pourtant le Fullmetal Alchimiste sourit sereinement, ses yeux se changeant en or en fusion qui rayonnait comme la lumière de mille soleils alors qu'il regardait le Führer. le regarder.
Winry se fraya un passage à coup de coude jusqu'au devant de la foule de spectateurs.
- Ed, quand je t'ai dit de lui donner un signal... je voulais dire... oh, je ne sais pas, battre de tes foutus cils pour lui, pas clamer ta relation avec lui devant la presse ! Vieux ! N'as-tu jamais entendu parler de la subtilité ?
- Venant d'une gille qui jette des clés à molette sur les gens ? pouffa Ed avec dérision.
Il avait pris soin de vérifier la robe et le sac de Winry à la recherche d'objets cachés sous le prétexte de sécurité, donc il était assez confiant en ce qui concernait sa sécurité physique sur le moment, et il s'avéra qu'il avait raison quand Winry s'enflamma simplement et frappa Al sur l'épaule à défaut d'autre chose pour passer sa colère.
- Et de toutes manières, la subtilité n'a jamais été mon fort – c'est plutôt celui du Bâtard de Colonel. Par ailleurs, ne m'as-tu pas dit que si on s'aime l'un l'autre, il n'y avait rien de mal à laisser les autres partager notre joie ?
Maes Hugues sourit avec suffisance à l'entente de l'allègre déclaration d'Ed, ignorant avec détermination le coup de coude prévenant de Gracia dans ses côtés. Une bonne chose qu'il ait préparé cette déclaration de presse sur le futur Consort du Führer. avant le bal. Il avait même pensé à faire faire des copies qui attendaient d'être distribuées à la presse, et il semblait qu'elles allaient être nécessaires ! Il aimait tellement son travail parfois et il soupira avec contentement quand il commença à réfléchir aux photos officielles qu'ils allaient devoir publier en même temps que la déclaration. Peut-être une avec Ed regardant Roy avec adoration, visage de trois quarts avec Roy de profile... oui, cela fonctionnerait très bien, pensa-t-il. Ce serait juste trop demander que d'espérer un vrai baiser.
Antagoniste : un Maximillian St. Just, Grand Duc de Hoffburg, membre de la haute noblesse, dernier rejeton légitime de la Maison St. Just, père anciennement non reconnu du nouveau Führer. d'Amestris. Les ravages du temps n'avaient pas épargné son visage, mais il y avait un orgueil délabré et délavé dans ses épaules qui trahissaient sa lignée, même si ses traits aristocratiques étaient actuellement déformés par un rictus de dédain alors qu'il regardait d'abord le jeune blond en face de lui puis son enfant bâtard qui lui ressemblait tellement, malgré l'étrange douceur et le sombre bleu-noir de ses cheveux, et l'exotique inclinaison de ses yeux. Le sang des St. Just courrait dans les veines du père et du fils ; c'était là pour tous ceux qui regardaient, dans la forme de leurs mains et les os fins sous leur peau pâle, dans les hautes pommettes et les regards bleu nuit intensément sombres, et dans la grâce innée qui ne les quittait jamais. Étrange que ses héritiers légitimes ne lui aient jamais ressemblé d'une manière aussi frappante.
- Vous confondez l'Amour avec vos propres désirs de base, les garçons, ricana l'aristocrate du vitriol dégouttant de ses mots. Cependant, je suppose que la faute n'est pas entièrement la vôtre – aucun doute que vous avez été induits en erreur par des personnes plus âgées qui auraient dû savoir mieux. Mais alors c'est toujours le cas avec le métissage – sa mère n'était rien de plus qu'un pute après tout.
Un murmure parcourut la foule à cette flagrante offense envers le nouveau Führer., et la vision d'Ed s'embruma brusquement lorsque un brouillard rouge de rage s'abattit sur lui. Dans sa vision périphérique, il pouvait voir qu'Hawkeye et Havoc avaient émergé de la foule et s'étaient déplacés pour encadrer Roy à une distance discrète, surveillant les arrières de leur chef, et qu'Al avait retiré doucement enlevé la main de Winry de son bras et avançait pour se tenir à côté d'Ed, sa carrure imposante lui permettant de regarder St. Just de haut avec une aversion inhabituelle dans ses yeux gris. Le Fullmetal Alchimiste se mit à rapprocher ses mains, mais se vit retenu de force alors que le gant blanc de Roy tombait gentiment sur son poignet, la poigne de son amoureux ferme mais d'une façon ou d'une autre rassurante. Un tourbillon lumineux de mouvement sur le devant de la foule attira son attention, et Ed se mordit la lèvre lorsqu'il rencontra le regard effrayamment sage de Ling, le prince secouant la tête presque imperceptiblement jusqu'à ce que l'alchimiste acquiesce avec réticence. Il savait qu'il était nécessaire qu'un fils soit vu traiter lui-même avec son père, mais il n'avait pas à aimer cela.
- Mieux vaut une pute avec honneur qu'un goujat sans.
La voix traînante de Roy avait un ton neutre scrupuleusement étudié, et pourtant les mots tombaient lourdement dans le gouffre tendue entre les deux hommes qui se ressemblaient tellement, et qui étaient pourtant si différent.
- Le premier ne prend pas avantage de celui qui est vulnérable que par leurs propres désirs ; le second n'inflige rien mais blesse le faible.
Son père siffla.
- Comment oses-tu me parler de cette manière !
- Je ne faisais rien d'autre qu'un commentaire général, Grand Duc. L'honneur est, après tout, le plus noble des traits, par lequel l'humble peut se faire acclamer et sans lequel le puissant n'est pas plus qu'un insignifiant valet. Cependant, si quelqu'un croit que cela s'applique à lui...
Ed cligna des yeux à la formalité archaïque de la langue de Roy, tellement éloignée de sa facile politesse habituelle, mais l'expression absorbée sur le visage de Ling expliquait beaucoup – c'était visiblement une sorte de bataille qui se déroulait dans le langage pompeux de l'aristocratie, dont un grand nombre de membres étaient rassemblés autour et écoutaient attentivement. Bien que ce ne soit pas son domaine d'expertise, c'était à n'en pas douter quelque chose avec quoi Ling était très familier, et l'alchimiste
était revigoré par l'apparente approbation de Ling envers l'approche de Roy. Gardien ou non, Ed préférait largement une approche directe des problèmes, donc bien qu'il ait eu toute confiance en son amant, cela ne faisait jamais de mal d'avoir l'avis d'un expert sur le sujet, particulièrement puisque ce niveau d'escrime verbale, exprimée dans les archaïsmes polis du langage des salons, lui faisait mal aux dents. Les yeux de Ling se posait pensivement d'abord sur un homme, puis sur l'autre, comme s'il essayait d'évaluer les concurrents à un combat de boxe. Ce que c'était, supposa Ed, dans une certaine mesure. Il savait qui il soutenait, et il se frotta le poignet d'un air absent, sa peau picotant encore à l'endroit où Roy avait enroulé ses doigts autour de lui, manquant le contact physique.
- Tu oses m'insulter dans un lieu aussi public ?
Le visage du Grand Duc était d'une désagréable teinte de bordeaux, et ses yeux injectés de sang décochaient sauvagement des regards furieux. En comparaison, le Flame Alchimiste se tenait dans un calme serein, bien qu'il y ait quelque chose d'un félin aux aguets dans sa posture gracieusement relaxée, ses yeux sombres brillants d'étincelles phosphorescentes lorsqu'ils capturaient la lumière.
- J'ai simplement mis en avant l'attribut, c'est vous qui avez choisi de l'accepter.
Et un murmure d'assentiment parcourut la foule. Le vieil homme lança un regard furieux alors que nombre des nobles de la foule pinçaient les lèvres et acquiesçaient. Il savait qu'il perdait du terrain, même s'il ne pouvait pas poser le doit sur le pourquoi exactement.
- Ne prétend pas m'éduquer à la rhétorique, mon garçon ! Puis-je te rappeler que c'était à mon bon plaisir que tu as reçu tes premières leçons dans ce domaine ? Je t'ai hébergé, nourri, vêtu et éduqué – et je n'ai rien reçu en retour si ce n'est du chagrin. Tu me dois tout. Tu me dois la vie.
- Je ne suis pas un garçon, Grand Duc.
Et pour la première fois, le plus jeune des hommes autorisa une touche glaciale à s'insinuer dans sa voix, saupoudrant ses paroles comme la poudre fine d'une première neige.
- En effet, si un homme est considéré par la somme de ses accomplissements, mes vieilles années feraient honte à votre nouvelle jeunesse. Et si nous sommes ne train de régler nos comptes, n'oublions pas que j'ai payé pour votre charité dans le sang et les coups pris pour vos héritiers, et que je vous ai soulagé du fardeau de mes soins aussitôt que je l'ai pu. S'il y a des dettes impayées à mon nom, elles sont envers mon pays, pour m'avoir autorisé à le servir, et à tous mes concitoyens, pour avoir permis quelqu'un avec mes humbles origines de les guider.
Un inspiration tranchante parcourut la pièce à l'allusion décontractée à ce qui était considéré comme une pratique barbare, et à la confirmation que le Grand Duc St. Just l'avait autorisé sous son propre toit. Les femmes haletèrent et couvrirent leurs chuchotements derrière des éventails tandis que les hommes s'éclaircissaient la gorge et se balançaient maladroitement sur leurs pieds. Ed jeta un coup d'œil sur ce qu'il venait à considérer comme le Ling-baromètre, et fut rassuré par le faible sourire sur le visage du prince alors qu'il admettait le doigté avec lequel Mustang avait lavé le linge sale de St. Just tout en jouant simultanément avec le sentiment de fierté du public à l'égard de sa propre magnanimité et de son patriotisme.
Les lèvres ridées du vieil homme s'affinèrent.
- Et qu'en est-il de Reginald ? Sa mort est de ta faute et son sang est sur tes mains ! Il n'aurait pas été sur le front si cela n'avait pas été pour son inquiétude malavisée au sujet de ta vie sans valeur.
Dans la foule, Maes Hugues se raidit. Maudissant le Grand Duc pour s'abaisser à utiliser Reggie contre le frère qui l'avait aimé si tendrement, le grand homme se mit à se frayer un passage jusqu'à son ami, voulant être présent pour Roy comme il l'avait été en revenant d'Ishbal. Une main ferme sur sa manche l'arrêta cependant et il se retourna avec surprise pour voir Gracia secouer la tête alors qu'elle lui faisait un geste discret du menton. Il suivit son regard jusqu'à l'endroit où il se posa sur le Fullmetal Alchimiste. Il regarda à nouveau sa femme, confus pendant un moment, et puis alors qu'Ed se rapprochait petit à petit de Roy et était accueilli avec un faible sourire de gratitude, la compréhension arriva et un sourire nostalgique adoucit l'ensemble de granite de sa mâchoire. Il était peut-être toujours le meilleur ami de Roy, mais pas plus longtemps la tâche de réconforter Roy et d'éloigner de lui les cauchemars ne lui reviendrait. Mais ce n'était pas grave, pensa-t-il, pas grave. Roy était entre de bonnes mains.
Roy prit une inspiration profonde, stupéfait qu'il se contrôle encore lui-même.
- Reginald St. Just est mort en martyr pour une cause qu'il croyait être juste. C'est en sa mémoire, et en celle de tous nos morts, que j'ai l'intention de reconstruire Amestris et d'instaurer une ère de paix et de solidarité avec nos voisins. Il était un docteur qui croyait au caractère sacré de la vie et qui m'a donné des raisons de croire en la valeur de ma propre vie... un homme bon et honorable, mon ami... et mon frère, et pas un jour ne passe sans que je ne pleure sa perte.
Les yeux d'Ed brûlèrent férocement aux mots de Roy, et il abandonna finalement l'idée de combattre la forte envie de glisser sa main dans celle de son amant, entrelaçant ses doigts avec ceux de Roy et les pressant, essayant de transmettre à travers la chaleureuse pression de sa main même une simple fraction de l'amour et de la fierté qu'il ressentait à ce moment. Les yeux de St. Just suivirent le mouvement et ses lèvres se retroussèrent de dégoût.
- Ne ternis pas le nom de mon fils en parlant de lui tout en continuant avec ton tout nouvel animal de compagnie...
- Assez.
Le seul mot tomba comme un marteau sur leurs oreilles, et la force et l'autorité condensées dedans étaient telles que tous ceux qui écoutaient se voyaient soudainement rappeler que l'homme qui parlait n'était pas simplement un soldat ou un alchimiste ou même le fils illégitime d'une des plus anciennes maisons de nobles, mais le Führer. d'Amestris. Le visage de Roy Mustang était serein et froid, et si un sourire à faire froid dans le dos jouait sur ses lèvres, il n'atteignait pas les charbons brûlants de ses yeux.
- J'ai laissé passer vos insignifiants griefs pendant assez longtemps, Grand Duc. J'ai répondu à vos accusations et je vous ai autorisé une latitude considérable en considération de notre... relation. Mais vous vous oubliez et vous oubliez à qui vous êtes en train de parler. Puis-je vous rappeler que parler ainsi contre le Führer. devant tant de témoins pourrait être interprété comme un acte de sédition ?
Les yeux du vieil homme s'élancèrent vers la foule, cherchant des soutiens et n'en trouvant aucun, pas même parmi ceux de l'aristocratie. Il se releva, essayant de rassembler les lambeaux de dignité qui l'entouraient. Sa bouche travailla durant un moment, mais aucun mot ne sortit, et puis finalement :
- J'avais exigé satisfaction du Colonel Elric avant que tu nous interrompes. J'insiste...
- Vous n'insisterez sur rien. dit le Führer. avec un calme glaçant et l'audience captivée recula instinctivement, car ses mots étaient froids et tranchants et scintillants comme des éclats de verre brisé. Les bougies disposés autour du dôme vacillèrent brusquement et puis s'embrasèrent pendant un moment, rappelant à toutes les personnes présentes que le nouveau dirigeant d'Amestris portait le titre de Flame Alchimiste pour une raison.
- Vous allez rétracter votre défi ou je serai forcer de vous placer en détention. Sous les lois de ce pays, les Alchimistes d'État sont considérés comme des atouts précieux à utiliser pour l'amélioration de l'état et délibérément mettre en danger leurs vies est considéré comme un délit pénal.
Ed se mordit la lèvre pour s'empêcher de souligner que ce serait St. Just qui serait en danger dans n'importe quel duel contre le Fullmetal Alchimiste. Ce n'était tout simplement pas le bon moment. Plus tard, cependant...
Le Baron Hawkeye s'avança hors de la foule, posant une main sur la manche du Grand Duc.
- Venez maintenant Grand Duc – ne vous faites pas cela à vous-mêmes. Laisser les choses en l'état. Le Führer. a raison...
- Je n'ai pas besoin de votre pitié, Baron ! bouillonna l'autre.
- Vous ne l'avez jamais eu, Grand Duc, le réprimanda le Baron. Toute la honte que vous ressentez est entièrement le produit de vos propres actions. Cependant, en tant que membre de la noblesse, il en va de ma responsabilité de vous empêcher de vous embarrasser encore plus, vous et votre maison.
- Allez au diable.
Le Baron pressa fermement ses lèvres l'une contre l'autre, ses yeux brun-rouge se rétrécissant, et pendant un moment, Ed put voir la ressemblance frappante entre le père et la fille. Les mains de l'homme s'agitèrent, comme si cela le démangeait d'attraper un revolver.
- C'est un monde nouveau, St. Just. Un monde que votre fils mènera. Et pour tout ce que j'ai vu et entendu, il est un jeune homme des plus impressionnants – intelligent, passionné, charismatique et respecté – tout ce que vous pourriez attendre d'un descendant de la lignée des St. Just. Pouvez-vous ne pas y trouver un peu de fierté et de paix ?
La pensée que les choses auraient pu être différentes si Roy Mustang avait reçu le nom de St. Just était d'autant plus forte qu'elle n'avait pas été dite.
- Il n'est pas mon fils !
Dans la brèche du silence déchirée par le virulence de ces paroles vint un ricanement nerveux qui fut rapidement étouffé. Le Grand Duc regarda autour de lui avec les yeux confus et rhumés d'un vieil homme, réalisant abruptement qu'ils étaient entourés par des membres de la presse, témoins de son humiliation. Il sembla soudain très frêle, et très petit, et très fatigué, pensa Ed, et il fut surpris de découvrir qu'il avait en fait pitié du vieil homme pour son refus obstiné de voir que c'était son propre orgueil qui l'avait mené à cet état. En comparaison, les yeux de Roy étaient sombres d'une douleur ancienne, son visage maussade alors que son père le répudiait une fois de plus. Il y avait une sorte d'immobilité dans l'air tandis que tout le monde attendait en retenant son souffle la réponse du Führer.
- C'est peut-être le cas, dit finalement Roy.
Sa voix était douce, et presque triste.
- Mais vous avez toujours été mon père. Je suis désolé. Les choses auraient été différentes...
- Va te faire foutre.
La voix du vieil homme se fissura.
Les sombres miroirs des yeux du Führer. scintillèrent faiblement alors qu'il se détournait, mais le masque du dirigeant d'Amestris était une fois de plus bien en place.
- Vous êtes confus, Grand Duc. Il s'agissait de ma mère. Je ne suis pas une cible aussi facile, et il y a sûrement des choses que même un homme comme vous doit considérer comme tabou.
Il fit un signe de tête à quelques membres de son détachement de sécurité qui rôdaient à une distance discrète.
- Escortez le Grand Duc à l'extérieur, s'il vous plaît – je pense qu'il en a assez fait pour la soirée.
Assez surprenamment, Maximillian St. Just ne résista pas, et Roy ne le regarda pas partir, mais sa poigne se resserra douloureusement autour de la main d'Ed au cliquetis aux talons des bottes du Grand Duc que disparaissait dans la distance. Et puis, aussi brusquement que si quelqu'un avait tourné le cadran d'une radio, un brouhaha douloureux surgit autour d'eux alors que les gens commençaient à parler avec excitation du scandale auquel ils venaient juste d'assister, et la presse se mit à assaillir tout le monde et quiconque pour des citations et des avis. Dans le tumulte, Roy réalisa soudainement qu'Ed avait disparu, sa main picotant d'une chaleur résiduelle, et que c'était Alphonse Elric qui le guidait à travers la foule, utilisant sa carrure pour pousser de l'épaule les plus persistants même si Hawkeye et Havoc surveillaient ses arrières et que son service de sécurité se dressait protrectivement autour de lui. Il pouvait voir Maes, déjà en train de tenir une conférence de presse impromptue pour faire diversion, attirant l'attention loin de Roy, ce pour quoi il était reconnaissant, mais tout ce à quoi il pouvait penser était Ed et combien il le voulait ici et où diable était-il ?
Une fois de plus, Alphonse apparut sous la lumière de la lune comme une sorte de liseur d'esprit, parce qu'il se tourna et sourit à Roy d'un air rassurant.
- Grand frère revient tout de suite, Monsieur, il est seulement en train... de régler quelques détails. Par là-bas.
Et Roy tourna sa tête dans la direction qu'Al indiquait. Il vit Ed parler discrètement mais vigoureusement au Grand Duc St. Just et pendant qu'ils passaient, le Fullmetal Alchimiste dit avec une intensité féroce :
- ...et si vous vous approchez encore de lui... si vous dites encore quoi que ce soit contre lui – bon sang, si j'entends que vous n'avez ne serait-ce que pensé à lui souffler dessus encore une fois – je vous trouverai, et je vous blesserai. D'une manière permanente. Sommes-nous assez clair à ce sujet, St. Just ?
L'alchimiste blond hocha la tête aux gardes encadrant le Grand Duc sans attendre pour une réponse. Ils se précipitèrent et poussèrent l'objet de sa colère vers la sortie, et Ed les regarda partir, une expression illisible sur le visage, avant qu'il se retourne et rencontre le regard de Roy. Un fugitif regard de surprise se leva dans les yeux dorés d'Ed, et puis il traversait le parquet en courant pour les retrouver, la moue hésitante sur son visage le rendant étrangement vulnérable alors qu'il s'arrêtait devant Roy. Les autres s'éloignèrent avec tact pour leur donner à tous les deux un peu d'intimité, et Roy se trouva charmé par la soudaine maladresse sur le visage d'Ed tandis que la crise immédiate se dissipait, le laissant aussi perdu que Roy s'était senti quelques instants plus tôt.
- Hey bâtard, dit finalement le plus jeune en haussant les épaules. Est-ce que tu... tu sais... est-ce que tu vas bien ?
Sa main fit un geste avorté pour atteindre celle de Roy, avant de retomber, un mouvement minuscule, comme si son propriétaire n'était pas certain de l'accueil. Roy le fixa d'un air absent pendant un moment. Bien ? En l'espace d'une simple demi-heure, il avait vu le Fullmetal Alchimiste annoncer publiquement son amour pour le Führer., avait été publiquement répudier par son père – et même si le vieil gomme ne l'avait jamais reconnu comme son fils, cela piquait encore – et avait été forcé d'affirmer publiquement son autorité en tant que Führer. sur l'homme. Sa vie privée était étalée à la vue de tous et on lui demandait s'il allait... bien ? Et puis Ed se mordit la lèvre, et sa main bougea à nouveau, et cette fois elle alla chercher son homologue qui ne résista pas et il croisa ses doigts avec ceux de Roy. La chaude poigne d'Ed était solide et rassurante, même à travers les gants qu'ils portaient tous les deux, et pourtant d'une façon ou d'une autre pleine d'espoir et dans le besoin, et comme s'il agissait de son propre chef, Roy sentit son pouce frotter doucement la paume de l'autre homme, un mouvement répétitif qui apaisait et calmait pour une raison ou une autre. Ed lui offrit un sourire tremblant, apparemment pleinement conscient de l'ampleur de ce qui venait de se passer, et dans ses yeux Roy vit l'amour, et l'acceptation, et la détermination, et l'inquiétude, et l'espoir. Il prit une profonde inspiration et lui retourna le sourire, se prélassant dans la brillance de l'éclat rassurant d'Ed.
- Maintenant oui.
La danse avait repris à un moment donné – c'était, après tout, un bal, avant tout – bien que Roy ne pouvait pas dire quand précisément. Winry les avait rejoints à un moment et était désormais accrochée au bras d'Al, souriant malicieusement aux Flame et Fullmetal Alchimistes alors qu'elle demandait :
- Bien. Maintenant que tout cela est classé, lequel d'entre vous va demander à l'autre d'aller danser ?
Ed rougit, mais réussit à rassembler un regard furieux :
- Winry...
- Non, Fullmetal, l'interrompit Roy avec un petit sourire supérieur familier, elle a raison. C'est un bal après tout. Me ferais-tu l'honneur de m'accorder cette danse ?
Al sourit.
- Tu sais, Grand frère, la presse ne peut pas vraiment vous suivre sur la piste de danse – c'est un sérieux manquement à l'étiquette...
Il laissa sa voix s'estomper de manière suggestive.
- Allez-y Boss, claironna joyeusement Havoc ayant depuis longtemps renoncé à toute prétention de ne pas espionner. Vous savez bien que vous avez juste attendu une excuse pour embrasser Mustang pendant toute la journée. Et le Général de Brigade Hugues ne va pas retenir la presse plus longtemps, même s'il sort un album photo d'Elysia.
- Surtout s'il sort un album photo d'Elysia, murmura Roy d'un ton étouffé.
- Capitaine. Est-ce que la phrase « Je vous transmuterai de l'intérieur vers l'extérieur et je ne vous re-transmuterai pas avant la semaine prochaine » vous dit quelque chose ? grogna the Fullmetal Alchimiste.
Havoc sourit et enroula un bras un peu plus fermement autour d'Hawkeye.
- Vous n'oseriez pas, pas devant Riza.
- Je ne me mettrais jamais en travers du chemin d'un officier supérieur, psalmodia sévèrement Riza Hawkeye avec un tout léger soupçon de scintillement dans ses yeux auburn. À la semaine prochaine, Jean.
Son compagnon gémit alors qu'Ed commençait à avancer d'une démarche significative vers lui, mais il s'arrêta net dans ses pas lorsque Roy demanda doucement.
- Edward. Pensais-tu ce que tu as dit tout à l'heure ?
Une pause. Un espace entre deux battements de cœur. Une vie entière en un instant.
- Oui. Bon sang, bâtard, pourquoi continues-tu à m'obliger à me répéter ?
- Alors danse avec moi.
Tous les yeux étaient sur le Führer. et son Consort alors qu'ils s'avançaient gracieusement au centre de la piste de danse, la foule rassemblée sur les bords pour ouvrir le passage au couple imposant tandis qu'un chanteur se glissait doucement dans les intonations d'une pièce romantique populaire. Les membres de l'entourage du Führer. suivirent rapidement leur chef : l'Earth Moving Alchimiste et sa femme enjouée, le Général de Brigade Hugues et sa femme, comme toujours la grâce incarnée, et le Major Hawkeye et son compagnon, le Capitaine Havoc. Les couples commencèrent à se disperser sur la piste, rejoignant les autres danseurs, jusqu'à ce que les seuls qui restaient immobiles soient le Flame et le Fullmetal Alchimistes. Ils offrirent une vue séduisante tandis qu'ils s'inclinaient l'un devant l'autre, l'un sombre et l'autre lumineux, l'un à la peau lumineusement claire et l'autre élogieusement bronzé, l'un élégamment sobre, l'autre expressément agile. Un tout petit sourire retroussa les lèvres de Roy alors qu'il tendait la main, et après la plus courte des hésitations, Ed s'en empara et s'avança dans l'enceinte sécurisante des bras de Roy, le duo tombant naturellement dans le rythme de la musique comme s'ils avaient dansé ensemble toute leur vie.
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Full Circle
FanficEdward Elric revient amnésique. Il a vécu les quatre dernières années en tant qu'Auric, un Gardien de Portes. Mais il y a certaines batailles qu'il est le seul à pouvoir combattre. Ses amis seront-ils capables de réveiller Ed, et qu'arrivera-t-il à...