La chaleur de l'été brûlant écrasait la cité blanche d'Amarylis. Eliam avait fait venir des vivres de la province d'Iena. La population de la ville ne mourant plus de faim, Garance avait pu asseoir sa position. Avec l'aide des guerriers de Vanech restés à ses côtés, elle avait désormais la main mise sur l'armée d'Elenith.
Eliam savait qu'il ne pourrait pas s'éterniser à Amarylis, il devait sans tarder retourner à Estran. Pour l'instant, il s'évertuait à retrouver la femme qu'il aimait. Elle l'étonnait par son assurance et son charisme de Reine, mais le concernant elle restait hésitante et apeurée. Cependant, Eliam avait des certitudes pour eux deux.
Le Roi de Saillans était adossé au mur de marbre blanc de la chambre de Garance. Il observait Oxance, assis sur le sol jouant avec des cubes de bois. Il s'émerveillait chaque jour de cet enfant vif et attachant, à dix-huit mois, il marchait et commençait à prononcer ses premiers mots. Le sourire et la joie de vivre de ce petit garçon était une véritable bouffée d'espoir. Il ignorait s'il était son père et cela n'avait aucune importance : il voulait être le père de cet enfant.
Il s'approcha d'Oxance et s'accroupit à ses côtés. L'enfant leva ses grands yeux vers l'homme. Puis il laissa échapper un babillement joyeux qu'Eliam ne comprit pas. Mais il ne put s'empêcher de lui sourire et le petit garçon vint se blottir contre l'homme en gazouillant.
Lorsque Garance entra dans ses appartements, elle vit son fils dans les bras d'Eliam. Cette vision lui parut si juste, Eliam semblait apaisé, son visage retrouvait l'insouciance qu'elle lui avait connue. Leurs regards se croisèrent, Eliam lui sourit et elle lui répondit. Il laissa l'enfant à son jeu et s'approcha de la jeune femme.
- Nous devons parler avant que je reprenne la route de Saillans.
- Bien, suis-moi, répondit Garance en faisant signe à Ilith de garder un œil sur Oxance.
Puis la jeune femme conduisit Eliam jusqu'à son bureau.
- Quand repars-tu ? demanda la jeune femme.
- Demain, à l'aube. Je ne peux pas rester plus longtemps loin de Saillans. J'ai quitté Estran si vite, ma mère doit s'inquiéter. Puis ce n'est pas bon pour toi que je reste ici, cela doit jaser en ville.
Garance se contenta d'hocher la tête.
- Acceptes-tu que je fasse d'Oxance, l'héritier du trône de Saillans ? Demande brusquement Eliam.
Les deux amants s'étaient assis face à face dans les confortables fauteuils du bureau. Garance resta muette.
- Qu'il soit mon fils ou celui de Gal, il est l'héritier légitime de Saillans. Continua Eliam.
- Ce n'est pas nécessaire, je fais en sorte de lui assurer le trône d'Elenith. Et puis tu auras peut-être d'autres enfants à qui léguer ton royaume.
Eliam quitta brusquement son siège, il se mit à arpenter la pièce de long en large comme un lion en cage puis il se figea face à Garance, mit un genou à terre et saisit l'une de ses paumes de son unique main.
- Tu n'as pas compris.... Je n'aurais pas d'enfant à moins que tu m'en donnes. Dit-il en scrutant les prunelles de cendre de Garance.
Garance ne put retenir les larmes qui emplissaient ses yeux et la boule qui se formait dans sa gorge.
- Que tu acceptes de m'épouser ou non, à ma mort, Saillans et Elenith seront unis par le sang qui coule dans les veines d'Oxance.
- Eredjan est un rêve qui a brisé ton père et tué ton frère, crois-tu vraiment qu'il soit nécessaire de s'obstiner ?
- Nous ne parlons plus de conquête ou d'annexion mais d'unification, cela peux faire la différence. Ne crois-tu pas ?
- Peut-être.
Eliam et Garance passèrent la nuit entière à se dire adieu. Tous deux avaient l'impression de courir après des minutes qui s'égrainaient à la vitesse de la lumière. Avant que l'aube n'apparaisse, Garance observa le visage endormi de son amant. Elle était plus que jamais tiraillée entre ses peurs réelles ou irrationnelles et ce que son cœur voulait lui dicter. Ses quelques jours auprès d'Eliam, la confiance qu'il avait pour deux, faisaient peu à peu vaciller ses certitudes. Eliam parvenait à lui faire entrevoir un autre destin où les erreurs du passé pourraient être pansées. Tous deux avaient tant changé et pourtant le lien qui les avait réunis semblait indéfectible.
Au petit matin, Garance observa Eliam s'habiller. Tandis qu'elle-même revêtait l'une de ses robes d'été, le Roi de Saillans se rendit dans la chambre attenante d'Oxance et embrassa l'enfant ensommeillé, puis il rejoignit ses compagnons de voyage qui l'attendait dans la cour du château, chevaux sellés. La main sur le garrot de sa monture, il se retourna vers les marches de marbre blanc de l'entrée du palais. Garance le dévisageait de ses prunelles de cendre, pour la première fois depuis qu'il l'avait retrouvé elle avait revêtit une robe. La mousseline blanche glissait le long de son corps. Eliam laissa son regard se perdre sur la silhouette diaphane, la jeune femme lui sembla tellement fragile.
Quand il la vit courir jusqu'à lui pour se jeter dans ses bras, Eliam crut que son cœur allait exploser. Il lâcha les rênes de sa monture et la serra contre lui de son bras valide. Garance prit son visage entre ses mains, ses paumes glissant sur la barbe naissante d'Eliam.
- Reviens-moi.... Et épouses-moi.
Le jeune Roi laissa échapper un sourire :
- Bien Majesté. Répondit-il en prenant ses lèvres.
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Les Royaumes d'Eredjan 2 - Les Frères Maudits
RomanceEliam de Saillans et Garance d'Elenith ont choisis leur destin. Ils ne leur restent qu'à affronter le poids de leurs regrets et à oublier désir et culpabilité. Mais de lourdes menaces pèsent sur Saillans. Malgré leur acharnement, Galahaad et Eliam p...