Deniss
J'avais déjà parlé à Javi de nombreuses fois : il faisait parti du groupe qui sortait régulièrement au bowling, au bar, à l'arcade, ou à toute autre activité de groupe pendant les ice shows. Il était sympa, facile à approcher et quand je lui parlais je n'avais pas l'impression d'être en face d'un double champion mondial, encore moins d'un médaillé olympique : j'avais juste l'impression de discuter avec un ami.
J'avais déjà parlé à Yuzuru aussi, inévitablement, mais juste quelques mots pendant les entraînements avec des gens autour. Ce n'était pas qu'il semblait méchant : il souriait, faisait attention que tout le monde se sente inclus, aidait pour la chorégraphie, prenait des photos avec ceux qui demandaient... Mais je n'avais pas l'impression d'être du même monde que lui.À vrai dire, ma présence sur FaOI avait été un peu (beaucoup) pistonnée par Stéphane et même si je n'irais pas jusqu'à dire que je me sentais illégitime, j'étais quand même timide. Je connaissais beaucoup de monde dans le tour grâce à mon coach qui s'était chargé de faire les présentations dès le début et tous les patineurs m'avaient accueilli chaleureusement. J'avais appris les dynamiques de cet environnement étrange grâce à eux et je ne regrettais absolument pas (sauf peut-être pour les costumes qui étaient encore plus hideux en réalité qu'en images).
Le premier conseil que j'avais reçu était : « Si tu as besoin de quoi que ce soit par rapport au show, demande à Javi ». Ça m'avait surpris, parce que Javi n'était qu'un patineur parmi tous les autres, qui n'avait rien à voir avec l'organisation japonaise (même si j'avais appris plus tard qu'il était un sorte de VVV[...]VIP) mais l'explication était d'une logique implacable. « Javi demandera à Yuzuru et Yuzuru ne peut rien refuser à Javi ». Je savais déjà que c'était Yuzuru qui dirigeai l'ice show (le Japon ?) mais le reste était... intéressant. Quand j'avais demandé à Stéphane à propos de leur relation il avait levé les yeux au ciel et soupiré que « je verrais bien pendant le tour ».
J'avais bien vu.En apparence, rien ne différenciait le statut de Javi de celui de Stéphane, de Johnny Weir ou de Plushenko (à part l'âge mais là n'était pas la question), pourtant il y avait une différence. Pas forcément sur le spectacle en lui-même, mais dans tout ce qu'il y avait autour et surtout derrière. J'avais observé le staff japonais le regarder prudemment quand il passait, le saluer tout aussi prudemment, et le regarder du coin de l'œil quand il était à proximité. Ce n'était pas qu'ils étaient mal polis et ignoraient les autres, c'était simplement que Javi était traité avec subtilement plus d'attention, de prudence.
-Stéphane, pourquoi le staff regarde Javi comme s'il avait le gant de Thanos dans la poche ?
-Parce qu'il l'a, renifla distraitement mon coach. Ça fait des années que ça dure et ça ne va pas changer de si tôt. Le pauvre garçon ne s'en rend même plus compte tellement il est habitué maintenant...
-Je ne comprends pas... Javi ne fait pas vraiment peur...
-Ce n'est pas la question et tu n'as jamais vu Javi en colère, grimaça-t-il en touchant superstitieusement le bois d'un meuble près de nous. Ce n'est pas de Javi lui-même dont ils ont peur, c'est de Yuzu.
-Je ne le vois pas aller pleurnicher dans les jupes de Yuzuru parce qu'il aurait été vexé...
Stéphane plaça une main sur mon épaule et me regarda gravement.
-Tu ignores encore beaucoup de choses Petit Scarabée, mais ne t'en fais pas : tu apprendras. Vois-tu, Javi n'irait en effet jamais réclamer égoïstement quelque chose à Yuzu et il profiterait encore moins de son influence pour se donner de l'importance, pas comme certains.
Il s'interrompit pour tousser des syllabes qui sonnaient étrangement comme un nom russe.
-Cependant Yuzu est du genre à prendre des initiatives par lui-même donc le staff est très prudent.
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Baiser (V3)
RandomSuite de Étreinte (V2) Avec les Jeux Olympiques de Pyeongchang, une nouvelle page se tourne et Yuzuru découvre que certaines choses ne devraient pas être prises pour acquises. Ou : personne n'était prêt pour le retirement de Javier, et surtout pas Y...