Yuzu
La guerre était déclarée.
Je ne l'aimais pas depuis le début mais la rencontrer avait empiré mon opinion d'elle. J'étais sûr d'une chose : Javi méritait beaucoup mieux.J'avais fait en sorte que tout le monde soit au courant de ce qui allait se passer (sauf Javi évidemment) et j'avais été jusqu'à prévenir le staff que la bêcheuse était dorénavant persona non grata dans la patinoire, sauf si expressément accompagné par un patineur. Le staff n'avait pas bronché et avait accepté sans discuter mes ordres exigences, les patineurs aussi mais avec un enthousiasme très marqué et un peu inquiétant (pour elle). C'était pour ça que je leur avais précisé que je ne comptais pas la jeter de la fenêtre du troisième étage. Cependant, devant l'air extrêmement déçu d'Evgenia j'avais avoué que c'était ma dernière option, histoire de remonter le moral de tout le monde.
Le plan n'était pas une attaque frontale, trop repérable pour Javi, mais plutôt de l'avoir à l'usure. Ce n'est pas parce que je n'en profitais pas en compétition que je ne savais pas comment faire pression psychologiquement sur quelqu'un... Le casting entier avait donc comme consigne de faire comme si elle était invisible, littéralement : ne pas la regarder, ne pas lui répondre, ne pas lui parler. Sauf si Javi était là évidemment : dans ce cas là, tout le monde devait faire comme si de rien n'était, voir même être le plus charmant possible. Ça allait sans aucun doute la rendre folle, surtout qu'elle n'avait l'air ni très patiente ni très futée.
Ensuite, parce que malheureusement Javi la faisait souvent rentrer, je m'arrangeai pour qu'elle ait de bonnes raisons à me jalouser : mes pantalons d'entraînement n'étaient maintenant plus si différents de simples collants et je m'étais découvert une nouvelle passion pour tous les exercices d'étirements et d'assouplissements sur la glace. Je n'avais jamais fait autant de Biellmans, de spins, et Let's Go Crazy était revenu au goût du jour avec quelques arrangements. Certes, le dernier point n'avait pas été des plus subtiles mais Deniss (un gamin fort sympathique que Stéphane avait vraiment bien élevé) avait clamé haut et fort qu'il avait vraiment envie de me voir travailler cette chorégraphie alors... comment aurais-je pu dire non ?
Pour des raisons strictement professionnelles, j'avais ensuite demandé à Javi de m'évaluer sur plusieurs passages, insisté pour recommencer certaines figures parce que je n'étais pas satisfait, et ainsi de suite... Marina ne connaissait certainement pas mon programme, je le faisais sans musique ni costume, et comme c'était Javi qui me « jugeait » je faisais forcément tous les mouvements en m'adressant à lui : elle me regardait donc flirter ouvertement avec lui et lui m'observer attentivement pendant toute la séance. Oups ?-Yuzu kun ? Elle est juste devant la porte, marmonna Nobu alors qu'on se changeait dans les vestiaires à la fin d'un entraînement.
-Devant comment ? Si quelqu'un ouvre, est-ce qu'elle verra ?, demandai-je avec intérêt.
Il acquiesça et je retins un sourire en jetant un coup d'œil à Javi à quelques places de là. Il discutait avec Alex sans se presser en pliant ses affaires, torse nu, et je fis un rapide tour de pièce du regard pour voir si quelqu'un aurait l'idée fantastique de sortir maintenant.
-Tonton Nobu va intervenir je pense, rigola mon voisin en ramassant son sac.
C'était exactement pour ça que Nobu était quelqu'un sur qui on pouvait compter.
-Merci Nobu kun, je te le revaudrai. Ouvre suffisamment pour qu'elle voit mais referme avant qu'elle ne puisse intervenir, d'accord ?
-Je gère. Et je te raconterai sa tête après...
Il salua tout le monde et se dirigea vers la sortie alors que je sortais le paquet de chocolat que j'avais ramené de chez Lotte. Je m'approchai ensuite « innocemment » de Javi et m'appuyai sur lui en faisant en sorte que le chocolat soit caché de la porte par nos corps au moment où Nobu l'ouvrit.
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Baiser (V3)
RandomSuite de Étreinte (V2) Avec les Jeux Olympiques de Pyeongchang, une nouvelle page se tourne et Yuzuru découvre que certaines choses ne devraient pas être prises pour acquises. Ou : personne n'était prêt pour le retirement de Javier, et surtout pas Y...