Baiser (V3)

Insupportable

Shoma

J'étais peut-être celui qui avait le plus de mal avec les relations humaines mais en attendant j'avais aussi été le moins surpris quand Yuzuru et Javier avaient annoncé qu'ils étaient en couple au début des ice shows. Je ne sais pas pourquoi tout le monde hurlait de partout : ils se comportaient comme un couple depuis des années et s'en cachaient à peine... Je veux dire, on peut regarder ça comme on veut, mais on ne s'assoit pas sur les genoux de quelqu'un juste parce qu'on n'aime pas les chaises qui sont là, en tout cas pas amicalement il me semble. La seule chose surprenante là dedans c'est qu'ils aient réussi à le nier aussi longtemps : là d'accord, bravo, c'était impressionnant.

Cependant, tout expérience mobilière de côté, les ice shows étaient devenus pour moi un endroit où le danger se cachait derrière chaque porte et au détour de chaque couloir. Javier était quelqu'un de fort sympathique, que j'appréciais à une distance raisonnable, et Yuzuru était un bon sempai quand il n'essayait pas de me pincer les joues ou autres actions non recevables, mais pour autant que je n'avais rien contre leur relation (j'avais eu plusieurs années pour me préparer psychologiquement après tout), les voir se tripoter ou se lécher n'était pas mon dada.

-On dit s'embrasser Shoma kun, soupira Nobu en secouant la tête comme si j'étais celui qui était irrécupérable.

-C'est pareil, remarquai-je en frappant violemment à la porte des vestiaires au cas où.

Une habitude qui m'avait sauvé plusieurs fois par le passé.

-Tu n'as aucun romantisme...

-C'est parce que ça ne sert à rien : ça ne se mange pas.

-Ne dis pas n'importe quoi : ils sont adorables, roucoula-t-il.

Yeurk, j'avais de moins en moins envie d'être en couple...
Trop de contacts, de contacts, et surtout de contacts. D'après mes observations quand on était en couple il ne devait pas y avoir de moments sans liaisons physiques : quand l'un enlevait sa main, l'autre prenait le relais. Terrifiant, j'en étais fatigué rien que d'y penser... Le QI diminuait également si j'en croyais le sourire idiot de nos spécimens de choix portaient constamment quand l'autre était dans un périmètre de moins de cinq mètres, ce qui était inquiétant pour notre espèce et notre futur. Le plus étrange (grave ?), c'était qu'ils n'avaient pas l'air de trouver ça problématique mais plutôt d'en être heureux, et j'avais donc décidé de simplement arrêter d'essayer de comprendre les relations et les interactions humaines à partir de là. Maintenant je frappais juste sur les portes et je faisais beaucoup de bruits en arrivant au bout d'un couloir.