Yuzu
Il n'y avait rien de plus satisfaisant que de voir une de mes idoles tenter de gagner mon attention. J'adorais ça et ça me rendait fier évidemment : le fait que tout le monde veuille prendre une photo avec moi était flatteur même si ça finissait par être fatiguant mais j'aimais être au centre de l'attention donc je n'allais pas me plaindre.
Malgré tout, il y avait des limites à poser. J'avais un espace personnel que je préférais préserver avec les gens que je connaissais moyennement et même avec ceux que je connaissais bien il y avait des degrés d'intimité et de contact que j'acceptais ou que je refusais. La plupart du temps les gens saisissaient vite et j'étais relativement tranquille mais je n'hésitais pas à mettre un stop ferme et poli si quelqu'un dépassait un peu trop une limite que j'avais installé : je n'enlaçais pas tout le monde, je n'allais pas engager la conversation avec tout le monde, je ne touchais pas tout le monde et ça, il me semblait que j'avais été assez transparent là dessus.
Le problème, c'est que quand c'était Plushenko qui s'enhardissait un peu trop, c'était difficile de dire stop... J'avais donc mis en place un système "d'ignorance naïve" pour que mes refus ne soient pas impolis : par exemple, alors qu'on patinait en fil indienne pour saluer le public à la fin d'un show et qu'il tendait les mains derrière lui pour que je les prenne, je me contentai de les frapper comme un sorte de high five avant de recommencer à saluer. Je ne restreignais pas beaucoup de choses avec Plushenko mais il y avait quand même une zone confortable à conserver : le seul qui avait le droit de me tenir les mains comme ça ou de m'enlacer dans un contact qui dépassait les trois secondes (chrono), c'était Javi. Javi qui était d'ailleurs le seul à ne pas chercher à attirer mon attention : il n'essayait pas d'être absolument à côté de moi pour les saluts ou les photos de groupe, il ne cherchait certainement pas à prendre des selfies (ça aurait été vraiment bizarre) et il ne tentait pas non plus d'avoir un passage du show avec moi. C'était pour ça et pour pleins d'autres raisons que je me tournais vers lui dès que j'avais besoin d'une pause : quand j'étais avec lui, personne ne nous dérangeait et il ne me regardait pas en se demandant combien de vues pourraient lui rapporter une photo ensemble. Parfois c'était même vexant de voir à quel point il pouvait m'ignorer naturellement : je pouvais aller vers lui, me rapprocher, voir me coller à lui et il se contenterait de sourire en passant un bras autour de moi avant de repartir faire autre chose. Si j'agissais de cette façon avec n'importe qui d'autre, ils seraient déjà dans tous leurs états, pressés de me donner toute leur attention et de me garder près. Son attitude était donc à la fois un avantage et un inconvénient, mais honnêtement si je m'accrochais à lui il ne pourrait pas m'ignorer donc ça passait.Ainsi, à la toute fin du spectacle alors que quasiment tout le monde était sorti de la glace et que j'étais coincé entre Plushenko qui voulait faire je ne sais pas trop quoi (une photo ? passer son bras autour de mes épaules ? les deux à la fois ?) et deux autres patineurs voulant faire des selfies de façon assez insistante, je m'enfuis vers Javi qui était resté un peu derrière pour saluer certains fans de son côté. Je m'enfuis littéralement d'ailleurs : je glissai sous le bras de Plushenko, passai dans son dos pour éviter les deux patineurs et filai directement vers Javi en essayant de ne pas trop paraître pressé. Il était dos à moi et tenait un bébé (?), et je ne pus m'empêcher de sourire et le voyant comme ça, encore plus quand il se tourna vers moi avec un sourire et l'enfant toujours dans les bras. Mon cœur eut un contre-temps que je décidai d'ignorer et je passai ma main dans les boucles de Javi comme si c'était lui l'enfant.
-Ça va ?, demanda-t-il en rendant l'enfant à sa mère et en me suivant.
J'acquiesçai sans cesser d'agiter la main pour saluer le public et je vis les paparazzis revenirent à la charge du coin de l'œil. Je ne sais pas trop comment mais Javi sembla comprendre le problème et se glissa à mes côtés en passant naturellement son bras dans mon dos.
Apparemment, ce n'était pas suffisant car si l'un abandonna, l'autre persévéra et je me résolus à lui offrir un rapide sourire forcé avant d'être attiré dans une étreinte sans aucune raison valable par mon partenaire d'entraînement.
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Baiser (V3)
RandomSuite de Étreinte (V2) Avec les Jeux Olympiques de Pyeongchang, une nouvelle page se tourne et Yuzuru découvre que certaines choses ne devraient pas être prises pour acquises. Ou : personne n'était prêt pour le retirement de Javier, et surtout pas Y...