Fin

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Javi

Je n'avais rien de personnel contre le hockey sur glace et normalement j'évitais de catégoriser les gens en généralisant leurs comportements. Cependant, entre les hockeyeurs et les patineurs, ça n'avait jamais été l'amour fou et ce depuis la nuit des temps.
Déjà parce qu'il fallait qu'on se partage les patinoires et que ceux qui passaient en premier abîmaient forcément la glace, ce qui gênait les suivants : les patineurs avec les sauts (on faisait des trous au décollage) et les hockeyeurs avec leurs virages abruptes (ils massacraient la glace). Ça c'était pour l'aspect technique.

Ensuite, les hockeyeurs nous prenaient très clairement de haut, se prenaient pour les rois du monde, et quand je disais « les hockeyeurs », je parlais principalement des hommes. Parce qu'évidemment ils se considéraient comme l'épitomé de la masculinité (parce qu'ils portaient des armures, attention), et les patineurs étaient pour eux une bande de gays qui s'agitaient sur la glace en tenue moulante. Forcément, on ne partait pas sur une bonne base...

Malgré tout, si on s'était contenté de s'ignorer mutuellement tout se serait bien passé, mais ça ne s'était pas passé comme ça, malheureusement. Qui dit « partager la glace » dit « partager les vestiaires », et les hockeyeurs étaient TOUJOURS en groupe (pouvant dépasser la vingtaine de membres) donc logiquement, que faisait un groupe de hockeyeurs quand ils étaient face à un patineur isolé ?
Le nombre de cas de harcèlement était innombrable, notamment chez les jeunes. J'avais moi-même eu des problèmes quand je m'entraînais encore en Espagne et ça pouvait aller bien plus loin que de simples moqueries. Le monde du sport était particulièrement violent après tout.

Par conséquent, avec mon expérience et le nombre de témoignage que j'avais entendu au cours de ma carrière, c'était compréhensible que je n'aille pas tourner une émission avec eux dans la joie et la bonne humeur. Le concept était : Patinage VS Hockey. Ça commençait bien.
Je n'avais accepté que parce que l'Espagne avait rarement des idées d'émissions pour le patinage et parce que à mon âge et avec mon parcours je ne pouvais pas avoir peur de types incapables d'apporter des résultats à l'international. Et mon petit ami valait mieux que toutes leurs petites amies rassemblées donc ça aussi ce n'était plus un problème.

D'ailleurs Yuzuru m'avait envoyé un message qui encourageait vraiment à ouvrir des relations amicales quand je lui avais expliqué ce que j'allais tourner. « Détruis les, coupe petits morceaux et fais pâtée pour Effie ». Un petit ami adorable, on pouvait le dire. Il m'avait également envoyé un post scriptum que j'avais décidé de ne pas analyser de trop près : « Les lames de nos patins sont plus tranchantes que celles de hockey. Fais de ton mieux ».
Après réflexion je n'étais pas sûr qu'il ait compris ce que j'allais faire...

-Bonjour Mr Fernandez, venez : les maquilleuses se sont installées dans la loge par ici.

Passer par la case "maquillage" avant d'aller sur la patinoire, quelle idée étrange... Ce n'était pas la première fois que je faisais une émission mais je n'aimais pas trop me faire pomponner et mettre pleins de trucs bizarres sur le visage, surtout si c'était pour aller faire du sport.
Heureusement, je réussis à convaincre la maquilleuse de se contenter de dompter mes cheveux et de laisser mon visage tranquille avec quelques sourires, me permettant de finir rapidement et d'aller saluer le directeur qui patientait près du bord de la patinoire en réglant des détails techniques. Après les salutations d'usage, je jetai un coup d' œil à la glace où se bousculaient trois gars en tenue de hockey, jouant avec leurs crosses. Du bonheur en perspective...

Je pris mon temps pour m'échauffer après m'être changé puis rejoignis la glace où j'étais sensé faire connaissance avec mes "confrères". Peut-être que c'était parce que je partais avec un apriori mais je ne les sentais pas dès le début...

Baiser (V3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant