Javi
J'aurais peut-être dû être surpris, sûrement être choqué, probablement paniquer et m'enfuir. Pourtant quand j'ouvris les yeux sur la forme endormie de Yuzuru dans mes bras, je me contentai de me replacer plus confortablement pour me rendormir.
Les JO étaient terminés, les devoirs médiatiques sur place avaient été remplis et finalement, hier soir, Brian, Tracy et Ghislain avaient décidé qu'on devait fêter ça avec les membres du TCC présents. La soirée avait été agréable, avec beaucoup de rires, d'anecdotes et pas mal d'alcool. Je m'étais rapidement retrouvé avec Yuzu à moitié éveillé sur mes genoux et j'avais décidé de laisser passer parce que de toute façon tout le monde avait l'habitude et que c'était les JO : on pouvait se lâcher un peu. Je n'avais pas bu suffisamment pour être ivre (j'avais quand même trois coachs qui me surveillaient) et j'avais ramené Yuzu dans la chambre.
Si je me souvenais bien, les choses avaient commencé à s'emballer dans l'ascenseur (ou plusieurs années auparavant selon le point de vue), avec une initiation très enthousiaste de Yuzu pour quelqu'un qui dormait quelques minutes plus tôt. Il me semble que nos vêtements avaient tenu le coup jusqu'à ce qu'on ferme la porte, approximativement...-Habi ?, marmonna une voix endormie.
-Mmh ?, répondis-je en ouvrant un œil.
-Heure ?...
-Sais pas...
Ma réponse parut le satisfaire car il soupira en se pelotonnant un peu plus contre moi.
-Bien dormi ?, demandai-je.
-Mmh, sourit-il. Toi ?
-Bien...
Un silence revint jusqu'à ce que je trouve le courage d'être responsable.
-On devrait en parler ?, proposai-je.
-Ou pas ?, répondit-il avec hésitation. Tu crois que ça servirait ?
-Probablement pas, soupirai-je en écho.
Les JO créaient une bulle qui permettait de ne pas avoir à se concentrer trop sur l'avenir mais on savait tous les deux que ce qui couvait depuis des années ne pouvait pas aboutir. Je n'avais pas envie de réfléchir à ce qu'on avait fait, à ce qu'on était en train de faire, toutes les significations qui allaient avec et leurs conséquences pour le futur : j'avais juste envie de profiter de la chaleur et du bien-être que je ressentais maintenant. On avait passé des années à devoir penser toutes nos interactions, à vérifier les limites, à faire attention, à se retenir : on avait le droit à une pause.
-Tu regrettes ?, demanda-t-il en chuchotant.
-Non. Toi ?
Il me répondit d'un sourire et passa un bras dans mon dos. Le fait d'être nu dans un même lit dans notre situation n'aurait pas dû avoir une sensation aussi rassurante et familière, mais je ne me plaignais pas. Je baissai les yeux vers lui quand je l'entendis rire.
-Partage ?
-Je pensais juste, rit-il en relevant la tête. On fait beaucoup câlins depuis longtemps.
-Oui ?
-Tu sais qu'en japonais, pour demander de faire sexe on utilise le mot pour "câlin" ?
-Tu plaisantes ?, marmonnai-je en écarquillant les yeux.
Il secoua la tête en riant plus fort.
-Javi me fait beaucoup de câlins, hoqueta-t-il.
-Oh mon dieu...
-Tu veux faire câlin, Jabi ?
-Et dire qu'on a fait ça sur les podiums... On devrait peut-être rédiger une lettre d'excuse publique ?
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Baiser (V3)
AcakSuite de Étreinte (V2) Avec les Jeux Olympiques de Pyeongchang, une nouvelle page se tourne et Yuzuru découvre que certaines choses ne devraient pas être prises pour acquises. Ou : personne n'était prêt pour le retirement de Javier, et surtout pas Y...