Baiser (V3)

Fous

Newbie

Arriver dans un nouvel environnement était toujours un peu angoissant, surtout quand c'était un lieu important et renommé. Cela dit, tout le monde avait fait en sorte que je sois à l'aise dès le premier jour : les coachs, les patineurs, les gens qui y travaillaient, et je leur en étais reconnaissant. La seule chose sur laquelle mon nouveau coach avait insisté TRÈS fermement, c'était l'interdiction formelle de prendre des photos, vidéos, enregistrements ou de divulguer des informations d'autres patineurs en dehors du Club, notamment et pour des raisons évidentes, celles de Yuzuru Hanyu.
Évidemment, j'avais acquiescé : je n'étais pas là pour prendre des photos mais pour patiner, et de toute façon la mention de confidentialité était très claire dans mon contrat.

«Ce qui se passe au TCC, reste au TCC.»

Ou quelque chose comme ça...
Mes parents avaient été un peu inquiets en voyant tous les paragraphes qui semblaient plus sévères et strictes que si j'allais dans un centre d'espionnage international mais je les avais rassurés en leur expliquant l'une des majeures raisons de toutes ces précautions (il y avait une rock-star dans ce Club après tout).
Malgré le fait que je ne sois pas un paparazzi, en tant que patineur j'avais forcément envie de voir ceux qui étaient au top de notre sport patiner et s'entraîner, c'était normal, et vu les pointures qu'il y avait ici ça n'était pas un rêve impossible. J'avais déjà vu Jason Brown parce que nos temps d'entraînement seraient assez proches et que mon coach me l'avait rapidement présenté : il avait été un ange, m'avait proposé de me faire visiter et de manger ensemble à la cafétéria, ça avait fini de me rassurer. J'avais également croisé Evgenia Medvedeva près du distributeur automatique, j'avais paniqué, elle m'avait souri, souhaité la bienvenue et j'avais fini ma journée en sautillant de bonheur.

Devant un accueil aussi chaleureux, c'était donc un peu plus à l'aise que j'étais allé quelques jours plus tard aux vestiaires pour prendre un casier, comme me l'avait dit mon coach : «Trouve en un ouvert et vide, mets tes affaires et ça sera ton casier permanent », pour le citer. Il y en avait plusieurs qui correspondaient à cette description sans surprise et j'en pris un au hasard, vérifiant bien qu'il était vide avant de déballer mes affaires.

-Toi, stop ! Qui tu es ?!, cria d'un coup une voix énervée.

Je bondis en lâchant ma serviette et me retournai vers la porte où se tenait celui qui m'avait interpellé.

-M-moi ?, bégayai-je alors qu'il n'y avait personne d'autre dans la pièce.

Mon cerveau tournait à plein régime, cherchant sans trouver pourquoi le double Champion Olympique, patineur légendaire et détenteur de bien trop de titres pour tous les nommer me fixait comme s'il voulait m'égorger et jouer avec mes boyaux après. Littéralement.

-J-je... j'ai... je nouveau...

Et anglophone de naissance mais il y avait des moments où ça bloquait.

-Ne touche pas à ce casier, gronda-t-il.

Je ne posai aucune question et ramassai juste mes affaires le plus vite possible avant qu'il ne sorte un couteau ou quelque chose comme ça, me dépêchant d'aller vers un autre casier le plus loin possible de lui en baissant les yeux. Je ne savais pas ce qui se passait mais ça se passait mal et j'avais envie de fuir du club en rampant par terre et de ne plus jamais revenir.
Hanyu entra finalement complètement dans la pièce et je me recroquevillai sur le banc alors qu'il se dirigeait là où j'étais avant. Ce n'était quand même pas son casier ?! J'avais mal compris la consigne ? «Ne prends PAS un casier vide» ? Ça n'avait pas de sens mais mon cerveau était en train de court-circuiter et je ne voulais vraiment plus être seul ici avec quelqu'un voulant très probablement ma mort dans des conditions douloureuses. Je croyais qu'Hanyu était quelqu'un d'adorable avec une peluche ! À quel point quelqu'un pouvait-il être différent dans la vraie vie par rapport à devant les caméras ?! C'était pour ça les clauses de confidentialité ?