Chapitre 22

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Mina

Un mois est passé depuis son départ. Il m'a fallu plus de deux semaines pour commencer à reprendre ma vie en main. Bien sûr qu'il me manque encore, mais je n'ai pas d'autre choix que d'aller de l'avant. Grâce à mes amis, j'ai pu me changer les idées et prendre de nouvelles habitudes. Daphnée et Ronan sont aux petits soins avec moi et contre toute attente Theo et moi sommes devenus proches.
Je me suis mise au goût du jour en rejoignant les réseaux sociaux. Cela m'a permis de retrouver des camarades de classe ainsi que de m'occuper l'esprit.
Attablé en compagnie de Ronan au restaurant chinois Miss Kô nous discutons du dernier épisode de sa vie amoureuse. Il a rencontré John il y a dix jours dans un bar gay de la ville. Ils ont tout de suite accroché, jusqu'au moment où son Apollon lui a avoué ne rien attendre de lui.
Le grand romantique qui se cache au fond de lui est déçu.
– Il m'a carrément sorti « soit beau et tais-toi ». Non, mais tu imagines ?
– Ah oui en effet, je ne pense pas que ce soit le genre de gars avec qui tu peux envisager un avenir, assuré-je.
– Cette vermine bouffe sans doute à tous les râteliers, ronchonne-t-il.
– Qu'est-ce que tu as l'intention de faire ?
– Continuer à le baiser encore un peu, c'est un sacré bon coup ! Je crois que c'est la seule raison qui me pousse à le garder, lance-t-il en levant les yeux au ciel.
Nous continuons notre conversation tout en dégustant nos plats. Je raffole des nouilles sautées au poulet de cet endroit.
Il est plus de 22H30 lorsque nous quittons les lieux. Les rues parisiennes sont bondées ce samedi soir, nous avançons bras dessus, bras dessous en riant aux blagues que nous échangeons.
– Alors... comment allons-nous poursuivre cette soirée ? m'interroge mon ami.
– C'est toi l'expert ! Je vais me laisser guider...
– Je ne te suis d'aucun recours. Les endroits que je fréquente sont plutôt destinés aux garçons "joyeux" si tu vois ce que je veux dire.
– Ça ne me dérange pas, je n'y vais pas dans l'intention de rencontrer qui que ce soit.
– Je crois qu'il serait vraiment utile que tu te fasses tirer un bon coup ma chérie.
Je manque de m'étrangler avec ma salive, il m'adresse un regard enjoué et nous pouffons.
– Plus sérieusement, dis-je. Je souhaite passer une soirée sympa sans lourdingues racoleurs.
– Bon OK... marmonne-t-il. Je connais l'endroit parfait.
Quelques minutes plus tard, nous poussons les portes du free DJ. Un bar-discothèque gay situé sur deux niveaux où les soirées sont animées par plusieurs DJ. Ronan m'apprend que le dimanche, il est possible de s'y confesser et de se faire fouetter si on a commis des actes que le prêcheur estime punissables. Il semble connaître énormément de monde et me présente à chaque personne qu'il salue. Après plusieurs verres je me laisse entraîner sur la piste et me déchaîne sur le dancefloor. Mon coeur bat au rythme de la musique, j'aime l'atmosphère qui se dégage de cet endroit. Les gens sont sympas, amusants, je me sens bien. Nous enchaînons les tournées, entre tequila, mojito et cosmopolitain je me sens comme une adolescente. Je m'éclate, ris, chante à tue-têtes, hurle lorsque je connais la chanson qu'ils diffusent en sautant comme une écervelée. Mais au bout d'un moment je sens que ma tête commence à virevolter, Ronan le remarque et m'entraîne prendre l'air. Le vent est frais, ça fait du bien de sortir loin de la chaleur étouffante, nous échangeons un moment sur la soirée.
– Ça a l'air de te plaire, lance-t-il les yeux pétillants.
– Tu déconnes ? j'adore ! m'esclaffé-je.
– C'est bon de te retrouver, dit-il en souriant franchement.
– Par contre, j'ai un peu froid, grelotté-je.
– Retournons à l'intérieur.
Nous nous dirigeons vers le bar, prenons place aux côtés de deux gars déjà installés.
– Voici Nico et Danny, dit mon ami en me les présentant.
Nico est assez petit et plutôt maigrichon. Son teint très pâle, ses yeux verts et ses cheveux châtains coiffés à la Edward Cullen, lui vont bien. Danny, lui, a les yeux bruns, les cheveux noirs et le teint hâlé. Le genre de mec qui te fait regretter de faire partie de la gent féminine quand tu as conscience qu'il te manque une queue entre les jambes pour attirer une telle petite perruche.
– Je vous présente Mina, reprend Ronan.
– Bonjour Mina, alors, dis-moi... nous avons là une hétérote ? me demande Nico.
– Euhhh... j'aime les gars moi aussi beuglé-je.
– La coquine aime les pines, chantonne Danny.
– Est-ce que vous êtes en couple ? demandé-je.
– Non, je suis avec une femme, mais j'aime aussi les hommes, confie Nico.
– Quoi ? Mais c'est dégueulasse, m'indigné-je.
L'alcool est en partie responsable de ma réponse, je n'arrive pas à penser à voix basse.
– Elle a un problème avec l'infidélité, s'empresse de justifier Ronan.
– Non... mais non, reprends-je. Tu te brosses les dents au moins quand tu embrasses ta femme ?
Les trois hommes me scrutent attendant que je lâche la fin de ma phrase. Je soupire, blasée et reprends le plus naturellement du monde.
– Tu ne peux pas pomper un mec et rouler une pelle à madame ensuite ! Ou pire, soufflé-je.
– Qu'est-ce que tu entends par pire ? m'adresse Nico, hilare.
– Et si en plus tu leur farfouilles la rondelle avec ta langue... c'est dégueu, grondé-je. Est-ce que tu lèches des culs ?
Ils rient à ma question, sans pour autant me donner de réponse. Nous discutons encore un long moment. Nico m'apprend que sa femme est au courant et qu'ils leur arrivent même de faire des plans à trois. Ils sont ensemble, mais ne s'appartiennent pas. C'est une devise qui me plait bien quand j'y pense...ou pas... La seule fois où Hugo m'a trompé a déjà été très difficile pour moi, si en plus il s'était mis à fourrer du mâle...
Je ne suis pas certaine que j'aurais pu accepter une telle situation. Mais bon, si eux trouvent leur équilibre dans cette pratique, grand bien leur fasse !

Transparent Lies  (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant