Transparent Lies (nouvelle version)

Chapitre 27

Hugo

Plus tôt ce jour-là.

Je me sens relativement bien ici. Mon père et moi passons beaucoup de temps ensemble. Bien qu'il m'ait posé des questions sur mon enfance, je ne lui ai rien révélé de ce que j'avais vécu. Je ne suis clairement pas prêt à en parler avec lui. Et je doute fortement qu'il soit prêt à entendre la vérité.
Lui et sa femme Gisèle sont de belles personnes. Débordants de bienveillance comme je n'en ai jamais connu. Tout cela m'a amené à rencontrer ma sœur, dont j'ignorais l'existante. Daniela a 17 ans, elle a le même regard que mon père. Sa silhouette beaucoup trop fine se dissimule sous sa longue chevelure brune. Je la soupçonne d'avoir un problème d'alimentation. À son âge, elle devrait déborder d'énergie. Pourtant, je trouve son teint blafard. De plus, j'ai pu constater que c'était quelqu'un de très réservé, même si cela n'enlève rien à sa sympathie.
Ce matin-là, le soleil brille et je me prélasse sur la balancelle, une tasse de thé à la main. Gisèle me rejoint.
– Comment vas-tu mon grand ?
– Bien merci, réponds-je.
Elle prend place à mes côtés, le parfum vanille qu'elle dégage vient chatouiller mes narines.
– Et toi, ça va ? demandé-je.
– Oui, je vais bien. Je te trouve très pensif ces derniers jours, avoue-t-elle.
– Je commence à me demander s'il n'est pas temps pour moi de rentrer.
– Rien ne presse, tu es ici chez toi !
– Merci, mais je vais bientôt devoir reprendre le travail, tenté-je de me justifier.
– Et puis, il y a cette fille, lance-t-elle.
– Pardon ?
Comment peut-elle savoir, je ne lui ai parlé de rien.
– Ma grand-mère disait toujours : on n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. J'ai bien compris que la jeune fille à qui j'ai décroché avait une certaine importance pour toi.
– Oui, c'est complexe. Mais elle compte pour moi.
Elle me détaille avec affection et m'adresse un sourire chaleureux.
– Elle aurait pu venir avec toi.
– J'ai préféré venir tout seul.
– Et maintenant tu commences à penser aux conséquences que pourrait avoir ton absence ?
– Oui...
– Est-ce qu'elle te manque ?
– Plus que je ne l'imaginais, admis-je.
– Alors, dis-lui.
– Tu sais, c'est très compliqué pour moi de me dévêtir de ma pudeur. Elle a vécu des moments pénibles à mes côtés et je ne veux pas qu'elle assiste à d'autres merdes.
Elle me scrute silencieusement.
– Ma mère est tellement givrée, je n'avais aucune idée de ce que j'allais trouver ici, expliqué-je
– Je crois qu'aimer quelqu'un c'est l'accepter à part entière. Quand j'ai rencontré ton père, il était dans un état tellement laborieux. Ça a pris beaucoup de temps, avant qu'il ne daigne revivre de façon normale. Si cette fille te mérite, elle te soutiendra dans chaque étape, raconte-t-elle.
Je n'ai jamais perçu l'amour sous cet angle-là. Toutefois, c'est une représentation qui me plait. Peut-être que Mina était prête à aller au bout avec moi. Mais à force de vouloir la préserver, il se peut que j'aie pris de mauvaises décisions.
– J'aime ta vision des choses. Mais je crois que j'ai tout foutu en l'air, me resigné-je.
– Tu as pris soin de te cacher derrière tant de visages mon garçon, en imaginant que ça t'éviterait d'être percé à jour. Pourtant un jour où l'autre il faut pouvoir être soi-même.
– C'est un peu effrayant, la transparence.
– Appelle la. Le temps que tu passes à fuir ne fait que t'éloigner davantage de ce qui est positif, déclare-t-elle.
Je reste silencieux, laissant une bataille intérieure s'établir entre mon cœur et mon égo.
– Hugo... murmure-t-elle.
– Oui ?
– Tu es un bon gars. Je ne sais pas à quelle échelle se mesure ta souffrance, mais tu devrais peut-être laisser tomber le passé, profiter du présent et éviter de t'inquiéter pour l'avenir.
Je ne dis rien, elle convoite une réponse de ma part. Seulement, j'en suis incapable. Ces quelques mots me font l'effet d'une claque dans la gueule.
– À trop penser, tu oublies de vivre, reprend-elle en se levant.
Elle retourne à l'intérieur et je reste là avec toutes ces questions qui m'empoisonnent.