Chapitre 32

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Mina


Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. Comblée par ses baisers, choyée par ses caresses. J'ai perdu la notion du temps. Il est venu me retrouver tard dans la nuit, ou plutôt très tôt ce matin. Je craignais qu'il n'en soit autrement, suite aux événements qui sont survenus.
À l'instant où je l'ai aperçu, mon coeur a retrouvé sa rythmique. Sans lui, je ne suis plus que l'ombre de moi-même. J'ai eu l'impression de le perdre à nouveau.
L'arrivée de quelqu'un me réveille. Je regarde l'heure sur mon portable. Bon sang, il est à peine 09H00 ! Est-ce que les gens réalisent que pour certains c'est encore tôt ?
– Bonjour, murmure Hugo, la voix encore lourde de sommeil.
– Bonjour toi, je vais ouvrir, soupiré-je en déposant un baiser sur ses lèvres.
– Laisse, on s'en fout, lance-t-il en me serrant contre lui.
Cependant, mon visiteur est bien décidé à obtenir une réponse.
– Je ne serais pas longue, dis-je en me redressant.
Mon téléphone se met à sonner. C'est alors que je vois qu'il s'agit de Theo. Hugo souffle, agacé. Quant à moi, je décroche.
– Allô ?
– Mina, est-ce que mon frère est avec toi ?
– Oui, il est là
– Tu peux m'ouvrir ?
– J'arrive, marmonné-je, excédée.
Il se fait rare que nous ayons un moment à nous. Il y a toujours quelqu'un pour venir nous déranger. Je me sens agacée à l'idée qu'il y aura encore des explications à donner sur les révélations d'hier. Et à penser qu'il sera sans doute à nouveau d'une humeur exécrable, j'en veux presque à Theo d'être là.
– Putain, il me casse les couilles, grogne mon apollon en se levant.
– Avec un peu de chance, il sera bref, tenté-je de tempérer.
– De toute manière, je n'ai pas l'intention de discuter avec lui des heures durant. S'il veut venir me voir, il n'a qu'à me téléphoner et prendre la peine de me demander à quel moment je suis disponible.
Nous descendons les escaliers rapidement. J'ouvre la porte. Hugo, lui, prend le temps d'aller aux toilettes.
– Entre, dis-je, lorsqu'il atteint l'étage.
– Merci, répond-il en observant la pièce.
– Il sera là dans deux minutes, l'informé-je.
Il plane un certain malaise. Je ne sais pas quoi dire et lui, semble tendu. Par chance, Hugo nous rejoint rapidement. J'observe son comportement. Sans surprise, il ne prend pas la peine de le saluer.
– Qu'est-ce que tu veux ? s'écrie mon cher et tendre d'une voix gutturale.
– Je tenais à te voir.
– Si tu es venu me parler de ta mère, tu peux faire demi-tour et...
– Non, c'est de toi que je souhaite discuter, coupe Theo.
– Ce n'était pas possible à une heure plus tardive ? Je n'ai pas grand-chose à te dire ! insiste Hugo.
– Je sais que notre entente n'est pas au beau fixe. Mais merde, tu es mon frère !
– Ah, tu t'en souviens ? crache Hugo.
Theo soupire, il reste silencieux un moment. J'ai le sentiment qu'il cherche ses mots.
– Je n'aurais pas dû en arriver là avec elle, reconnaît-il en me désignant.
– Je suis censé passer l'éponge comme ça ? Simplement parce que tu as assisté à une scène qui ne te concerne pas ? Je te rappelle qu'en plus de te taper ma copine, tu as volontairement menti en lui faisant croire que j'étais parti pour de bon et en soutenant l'idée qu'elle ne représentait plus rien pour moi, gronde-t-il.
– C'est toi qui...
– Peu importe ce que j'ai pu lui laisser croire ! Tu savais que j'avais des choses à régler. Je t'ai demandé de veiller sur elle ! À chaque coup de téléphone, je prenais de ses nouvelles et tu m'as laissé croire que mon départ ne la chagrinait pas. Tu nous as manipulés, tes intentions étaient malsaines ! Et tu as le toupet de venir ici et de minimiser tes actes. Va te faire foutre Theo, je ne passerai pas au-dessus de ça et je refuse que tu sois en contact avec Mina, de près ou de loin. Tu m'as bien compris ?
– Pourquoi ? lâché-je sans réfléchir. Tu as toujours su que je l'aimais...
– C'est vrai ça, pourquoi ? reprends Hugo.
– C'était idiot, je m'en veux. D'accord ? tente de justifier Theo.
– Ce n'est pas ce que je t'ai demandé ! Ce que je veux savoir, c'est pourquoi ?
Je le scrute, cherchant la réponse dans ses yeux.
– Je suis tombé amoureux d'elle, avoue-t-il en regardant son frère dans les yeux.
– Putain, je le savais ! s'exclame mon amoureux, en colère.
– Je n'avais rien calculé, je te promets, Mina, que c'est la vérité.
Je savais que Theo tenait à moi. Mais j'étais loin d'imaginer qu'il me racontait une version qui influençait mes choix. Comment a-t-il pu aller si loin, alors qu'il était au courant qu'Hugo reviendrait ? À quoi s'attendait-il au juste ?
– Je pense que tu devrais peut-être y aller, claqué-je. Depuis un moment ta mère et toi gâchez nos moments d'intimité. Et là vois-tu, on aimerait avoir la paix ! ajouté-je, laissant libre cours à ma colère.
– Je vois, inspire-t-il. J'aurais voulu que ça se passe autrement.
Nous restons silencieux. Il tourne les talons et se dirige vers la sortie. Avant de passer la porte, il lance :
– Quoi que vous en pensiez, vous êtes importants pour moi, tous les deux.
Il déserte les lieux et je me blottis dans les bras de l'homme que j'aime.
– Ça va ? chuchoté-je, afin de m'assurer qu'il ne soit pas en train de devenir dingue.
– Ça va... je veux partir d'ici, annonce-t-il
Je me raidis. À cette révélation, mon coeur s'affole.
– Quoi ? Tu...
– Viens avec moi ! On a besoin d'une pause. Je pensais reprendre le travail, mais je ne peux pas rester ici plus longtemps. Si on ne s'accorde pas ce moment loin de tout, on va encore en subir les conséquences.
Je l'embrasse amoureusement. Touchée par ses mots, par son désir de déserter Paris à mes côtés.
– Bien sûr que je t'accompagne, assuré-je. On part quand ?
– Maintenant ! Prépare tes affaires et après avoir été chez moi prendre le nécessaire, allons à la gare, s'exclame-t-il.
Inutile de réfléchis c'est oui ! Je me précipite aussitôt à l'étage et remplis ma valise de vêtements. Je prévois deux gilets au cas où. Une paire de baskets et une autre à talons. Embarque le strict minimum de maquillages et vérifie que mon chargeur de téléphone sois bien là ; histoire de donner des nouvelles à mon copain-copine.
Une fois prête, je lui pose une question qui ne m'est pas venue à l'esprit lors de mon engouement.
– Au fait, où allons-nous ?
– En Suisse !
– Attends, on va chez ton père ?
– Non, on ira leur rendre visite, mais on occupera un hôtel en Lausanne.
– D'accord ! Je suis prête.
Sur la route, je préviens Ronan de mon départ. Nous étions censés nous retrouver aujourd'hui. Il est euphorique et m'autorise à quitter le pays à la condition de lui raconter les détails les plus salaces. Je ris à sa réflexion et lui promets que tout ira bien lorsqu'il me recommande de faire attention.
J'aide mon compagnon d'infortune à faire ses bagages, pendant qu'il réserve nos billets. Il me décrit quoi prendre et où. Je me rends dans son dressing et alors que je sélectionne ses vêtements, une boîte en bois attire mon attention. Je l'ouvre et découvre avec horreur des photos qui me donnent soudain envie de vomir. En état de choc, je la fais tomber lourdement sur le plancher.
– Torne, est-ce que ça va ? Crie Hugo depuis l'autre pièce.
– Oui... j'arrive, bafouillé-je.
Je me précipite pour rassembler les clichés éparpillés sur le sol. sans parvenir à détourner le regard du contenu qu'ils renvoient.
Putain... le salopard !

(À suivre)

Transparent Lies  (nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant