chapitre 15

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- Et il a fait quoi ??? crie Lamia dans le téléphone, et je suis forcée de m'écarter de l'appareil pour ne pas perdre mon audition de l'oreille droite.

- Il m'a viré de chez lui, je dis une nouvelle fois sur un ton grognon.

Quelque chose fait « Tac » au bout du fil. Lamia vient de faire claquer sa langue. Elle n'a pas arrêté de faire ça pendant que je lui racontais ma fin de journée mouvementée.

- Putain, mais wesh ! C'est un connard la vie de ma mère. J'aurais jamais pensé qu'Elias était un crevard. Ça me déçois de lui.

- Et moi donc ! J'en veux aussi à Yanis, tu sais. J'ai vraiment pas compris pourquoi il a fermé sa gueule et qu'il m'a demandé de partir lui aussi. C'était super humiliant.

- Au moins c'est clair, déclare Lamia : sous ses airs de grand frère, c'est Elias qui mène la danse.

Je pousse un bruit frisant la dénégation.

- Je pense pas que c'est une question de domination, Lam. Elias avait l'air d'avoir piégé Yanis, comme s'il pouvait le détruire en un claquement de doigt. A mon avis, Yanis fait bonne figure pour pas que son frère le balance.

- Tu crois que ça a un rapport avec le fait qu'il serait « dangereux » ?

- Possible.

- C'est n'importe quoi ! Pourquoi Elias dirait ça sur son propre frère ? Et qu'est-ce que Yanis aurait fait pour l'être ? C'est un braqueur ? Un membre de Daesh ? Un ancien tolard ? Le fils caché de Pablo Escobar ?

- T'es sah, Lamia ?

- Ohh yeah, je kif quand tu parles arabe, bébé ! Continue !

Elle est fatigante parfois !

- Vas te faire. On s'éloigne du sujet, là.

Mon amie rit un bon coup, avant de reprendre son semblant de sérieux.

- Vas-y, ça m'a saoulé toute cette histoire en vrai. Moi je dis, Elias est jaloux et il trouve juste un prétexte pour pas que tu traînes avec Yanis.

Je lève les yeux au ciel et me retiens fort de partir à mon tour en fou rire. C'est la blague du siècle, celle-là !

- Je peux t'assurer qu'Elias est tout, sauf jaloux, fais-je d'une voix catégorique.

- T'en sais rien, objecte Lamia.

- Si.

- Non.

- Puisque je te dis que si !

- Comment tu peux le savoir ?

- Je le sais, c'est tout. Force pas.

Alors oui, quand je le veux, je sais me montrer plus têtue que cette marocaine. Toutefois, je m'empresse de reprendre la parole au cas où elle reviendrait à la charge, sait-on jamais.

- J'exclue toute possibilité qu'Elias aie fait ça par jalousie, mais je refuse de croire que Yanis est quelqu'un de dangereux. Il n'a pas l'air de l'être. Au contraire : il est gentil, drôle, respectueux...

- Il te plaît ? me questionne Lamia sans crier gare.

J'hésite un instant. Le mec qui hante le plus mes pensées, et même mes rêves, c'est Elias, sans aucun doute. Mais si j'en avais rien à faire de Yanis, je ne l'aurais pas laissé m'embrasser dans le cou, donc bon.

- Oui, il me plaît, finis-je par dire.

- AHHHHHHHHHH !

Ma meilleure amie s'extasie. Je l'entends, qui pousse des cries de folles et qui tape contre le matelas de son lit. Oui, j'ai l'ouïe fine.

- Putain, mais c'est trop bien meuf ! Je suis beaucoup trop contente pour toi !

- Pourquoi ? je m'enquiers.

- Parce que ça veut dire que t'es sur la bonne voie pour définitivement oublier Dylan et guérir ta peine de cœur, idiote !

Ah, si elle savait...

Je ne dis plus rien en rapport avec ce sujet. Dylan, Yanis,, Elias... à la longue, ça me fane de blablater toujours sur les mecs, alors qu'eux ne songent probablement pas une seule fois à nous. Vie de merde, c'est clair.

- Et si on faisant un FaceTime avec Julie ? proposé-je à Lamia.

Cette dernière accepte volontiers, car ça fait longtemps que nous n'avons pas pris de nouvelle de notre copine Guadeloupéenne. Elle nous manque énormément, elle et son joli petit minois. Je regarde l'heure qu'il est en Guadeloupe pour m'assurer qu'elle n'est pas occupée : 23h30 chez nous, et 17h30 chez elle. Le timing est parfait.

Juste une vie avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant