Juste une vie avec toi

chapitre 33

Je suis la première à me réveiller. Un petit coup d'œil au réveil m'apprend qu'il est dix heures. Le drap recouvre à moitié mon corps. Par la fenêtre s'échappe la lumière vive du matin ; j'ai oublié de fermer les rideaux hier soir. Pour ma défense, j'étais occupée à bien d'autres choses pour pouvoir y penser.

Dos tourné à Elias, je m'étire comme un chat et baille un petit coup. Je me frotte les yeux, fait craquer les os de mon cou puis me retourne vers le beau-gosse qui occupe l'autre côté de mon lit. Ce dernier a les paupières closes et les sourcils un petit peu tendus, comme s'il était concentré dans le rêve qu'il faisait. Sa respiration est régulière et douce. Je contemple sa bouche fermée, qui étrangement est relevée en un faible sourire. Je me surprends à espérer qu'il rêve de moi... Je glisse près de lui et passe une main dans ses cheveux. Elias grogne faiblement, avant de plisser les yeux et de les ouvrir difficilement.

- Trop clair ? fais-je sur un ton taquin.

- Beaucoup trop clair, confirme-t-il, et il rabat promptement le drap sur sa tête.

- Eh ! Tu vas pas te rendormir, quand même ?

Pas de réponse. Ah non, il ne va pas s'en tirer comme ça ! Je me redresse du lit et saute sur lui, tel un bébé koala enlaçant sa maman. Le dos d'Elias se secoue, me faisant comprendre qu'il est en train de rigoler contre l'oreiller.

- Je te lâcherai pas tant que tu n'auras pas émergé, le préviens-je.

- Pas grave. Ça me dérange pas.

- T'es sûr ?

- Large.

- Pas de soucis !

Pour le faire chier, je commence à m'agiter dans tous les sens sur lui. Je me roule en boule, je passe sur le dos. Je m'assoie même sur ses fesses, s'il vous plaît ! Et au lieu de l'entendre se plaindre, la seule chose qu'il trouve à dire, c'est :

- Belek, tu vas réveiller Gérard.

- Gérard ??? m'exclamé-je alors. C'est comme ça que t'appelles ta bite ??

Je ne sais pas ce qu'il y a de drôle là-dedans, mais Elias est mort de rire. Un peu plus et il s'étouffe contre le matelas.

- T'es une tartée, se moque-t-il en retirant enfin le drap de son corps.

Ses cheveux sont désormais en pagaille. Je prends soin de le coiffer tout en restant sur lui. Bientôt, quelque chose durcit au-dessous de moi.

- C'est Gérard ? je demande à Elias.

- Lui en personne !

A mon tour d'exploser de rire.

- Bordel ! Si j'avais su qu'il se tapait un nom aussi ringard j'peux t'assurer que je n'aurais pas fait mu-muse avec lui hier.

Elias me contredit d'un mouvement de la tête.

- Tu mens grave. T'aurais pas pu résister à son charme.

- Quel charme ? C'est v'la l'incapable.

- C'est pas que ce que tu disais cette nuit, me nargue-t-il avec un sourire audacieux.

Ne trouvant rien à rétorquer, je vais pour lui donner un coup dans l'épaule mais Elias saisit ma main dans la foulée.

- Tu comptais me frapper, là ? s'étonne-t-il faussement.

- Large.

- Ok. T'es morte.

En deux temps trois mouvements je me retrouve dos au matelas, lui sur moi et me bloquant les bras au-dessus de ma tête. Mais... comment il a fait ?? Je n'ai rien vu venir !