chapitre 23

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Je tombe en arrière la tête la première. Le bruit de ma chute fait un grand BOUM dans tout le parking et je lâche un cri de stupeur. Hasma s'agenouille sur moi et agrippe mes poignets de sorte que je ne puisse pas me relever. Ainsi, elle profite pour me griffer le visage, tirer mes cheveux et me mordre là où elle le peut. Putain, mais elle est complètement folle !

Avant qu'elle ne fasse davantage de dégât à mon visage, je commence à me défendre en la repoussant d'un coup de pied dans l'abdomen. Elle recule de mon corps et je saute sur mes jambes pour me relever. Dès lors, la colère fait rage à l'intérieur de moi et je deviens folle moi aussi. Je la prends par les épaules et lui met un coup de boule. Nos front se heurtent et je réprime une grimace tant ça fait mal. Merde, où j'ai appris à me battre comme ça, moi ?

- Espèce de salope ! s'écrie Hasma en tentant de me faire un coup de pied.

Cette fois je laisse ma haine s'exprimer et je réussis à éviter le coup. En un rien de temps, je lui attrape sa jambe et la tire vers moi. Elle perd l'équilibre et se ratatine par terre. Je me vois alors me jeter sur elle et lui filer des coups de poings, des gifles et des griffures. Hasma gémit et n'arrive plus à se défendre tant je lui roue des coups. Une petite voix dans ma tête m'ordonne de m'arrêter et de la lâcher. De me calmer et de reprendre le contrôle. Mais je n'y parviens pas. C'est plus fort que moi, toute la frustration et la colère brûlent mes mains et me pousse à lui faire de plus de mal possible. Je me bats pour mon ego. Je me bats pour lui montrer ce qu'elle mérite. Je me bats pour Elias, qui a dû supporter toutes ses crises et son tempérament de psychopathe.

Soudain, je sens une horrible douleur au niveau de mon avant bras. Je cesse tous mouvements et Hasma revient à la charge, reprenant le dessus sur moi. Au même moment une moto arrive en trombe dans le parking. Elias en descend, puis accourt vers nous pour s'interposer entre nous.

- Hasma !

Il la prend par la taille et la repousse le plus loin possible de moi. Tandis qu'elle crie et se débat dans ses bras, je respire de toutes mes forces et cligne plusieurs fois des yeux. On dirait que des formes géométriques volent juste au-dessus de ma tête, comme si une centaine de nuages de toutes les couleurs recouvraient le ciel. Ca ne va pas du tout, il faut que je me ressaisisse avant de faire un malaise.

Je me redresse péniblement, le tout en grognant de douleur, avant de recouvrer mes esprits et pointer du doigt la harpie sanguinaire.

- Elle est complètement tarée ! dis-je à l'attention d'Elias. Calme ton bulldog, bordel !

Mes propos ne font que davantage rendre Hasma hystérique. Elle redouble l'intensité de ses cris, et se met même à donner des coups dans le torse d'Elias afin qu'il la laisse sortir de son étau.

- LACHE-MOI, ELIAS ! LACHE-MOI QUE JE LUI ENCULE SA MERE ! WALLAH JE VAIS LA TUER CETTE PUTE !

- Arrête ! gronde ce dernier. Putain, calme-toi !

Comme elle ne l'écoute pas, il lui attrape fermement le poignet d'une main et prend son visage de l'autre pour la forcer à le regarder droit dans les yeux. Le tout de manière si brusque, qu'elle en laisse échapper un couinement.

- Ferme-là, l'enjoint alors Elias d'une voix abrupte.

- Mais je...

- Ferme ta gueule, j't'ai dit !

Chargés de peur, les yeux d'Hasma s'agrandissent face à son subit changement de comportement. Je dois reconnaître que c'est assez impressionnant de voir Elias aussi brutal avec une fille, lui qui a toujours voulu mettre un point d'honneur à les respecter. Mais bon, avec Hasma, difficile de garder son self control.

- Ton comportement te fait passer pour une gamine, poursuit Elias devant une Hasma muette. Tu t'acharnes à la moindre fille avec qui je parle. Tu crois que c'est bon pour nous, ça ? Tu crois que c'est correct ?

- Tu l'as défends, lâche-t-elle finalement, en pleurs. Tu l'as défends ! Putain, tu fais exactement la même chose que t'as fait avec elle !

Je note que c'est la deuxième fois qu'elle évoque cette « elle ». Qui ça peut bien être ? Et pourquoi Elias scille en entendant cela ?

Hasma est à présent en train de le fusiller du regard. La seconde qui suit, elle lui fout une gifle phénoménal qui fait pivoter sa tête sur le côté. OK, je comprends mieux ce qu'il endure avec elle maintenant que je vois la scène de mes propres yeux.

Elias la relâche. D'une voix étonnamment calme, mais toutefois tranchante, il lui ordonne :

- Remonte tout de suite dans ta voiture. Je te le dirai pas deux fois.

- Tu m'écœure, réplique Hasma, mais pour je ne sais quelle raison elle obtempère tout de même.

Je la suis du regard retourner vers la voiture garée près de la moto d'Elias. Dès qu'elle est installée à l'intérieur du véhicule, Elias s'autorise enfin à se retourner vers moi. Sa joue qui a subi la gifle est déjà rouge et il a le souffle haché de colère. Cette image de lui change indéniablement de celle que je garde en mémoire, le soir où nous nous sommes embrassés.

- Je te présente mes excuses pour tout ce qu'il vient de se passer, plaide-t-il. Je t'assure qu'elle ne te retouchera plus. Ça ne se reproduira plus jamais.

J'acquiesce en silence, avant de revenir sur un détail :

- De qui parlait Hasma ? Qui est cette « elle » ?

- C'est mon ex, avoue Elias. Celle... avec qui j'étais avant de rencontrer Hasma.

- Mais pourquoi...

- Bonne nuit, Camélia, me coupe-t-il sèchement.

Il fait demi tour et s'apprête à partir. J'avance de quelques pas et je le rappelle ; il s'arrête alors, m'offrant une dernière attention, mais ne se retourne pas pour autant.

- Après ce qu'il vient de se produire, tu sais ce qu'il te reste à faire, achevé-je en espérant qu'il m'ait entendu.

Elias penche la tête par-dessus son épaule, inspire un bon coup, puis reprend sa route.

Je reste un moment dans leparking, même après que les deux soient partis. Le vent de la nuit fouette monvisage. Les températures ont brusquement chuté. Au bras, je sens ma peau piqueret gonfler. J'y jette un œil : c'est la morsure que Hasma m'a faite. Putainde cinglée.

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