chapitre 11

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Je tombe nez à nez avec un garçon que, sur le moment, je crois être Elias. Mais lorsqu'il me sourit en guise de salut, laissant apercevoir ses dents blanches, je me rends compte qu'il n'a pas le charme d'Elias avec son sourire qui penche sur le côté. Eh oui Cam, ils ne sont pas tous comme lui, dans la vie.

Alors certes, ce type - Yanis, du coup - n'a pas le même charme qu'Elias, toujours est-il qu'il est beau - voire très beau. Ses yeux sont clairs, son nez est assez fin et ses lèvres sont rieuses. Ses cheveux sont coupés courts, et je discerne l'ombre d'une cicatrice au niveau de son front. Ça lui donne un genre à la badboy, ou bien à la Harry Potter, tout dépend des points de vue.

- T'as vu un fantôme ? s'amuse-t-il en remarquant mon embarras - ou plutôt ma surprise.

- Je... Non. Tu me fais juste penser à quelqu'un.

- On me le dit souvent.

Nous nous regardons un moment en silence, ne sachant pas quoi dire. C'est une situation complètement dingue. Je suis en pyjama dans ma rue noire, en face d'un beau-gosse que je n'ai jamais vu de ma vie et qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un mec auquel je fantasme. On dirait le début d'un mauvais sketch, sérieux.

- Tu veux entrer dans ma voiture ? propose Yanis en désignant la place du passager.

- Je préfère rester dehors, si tu n'y vois pas d'inconvénient...

Ma maman m'a toujours dit de ne jamais monter dans le véhicule d'un inconnu. Ce n'est pas maintenant que je vais prendre le gauche.

- OK, tranquille. Je sors aussi alors.

Il verrouille sa voiture et se pose contre la vitre côté trottoir. Il est assez balaise niveaux muscles ; sa taille, elle, est à peu près normale. Ni trop grand, ni petit. Gênée, je reste debout en face de lui, n'osant entreprendre aucun geste. Il glousse.

- Quoi ? T'as peur ?

- Non...

- Pourtant c'est ce que tu laisses supposer en te mettant le plus loin possible de moi. T'en fais pas, je vais pas te manger. Compose le numéro de la police sur ton téléphone au cas où, si ça te rassure. Ou sinon, tu préfères peut-être que je m'en aille ? Désolé, j'ai pas envie de te mettre mal à l'aise ou quoi...

- Non, c'est bon. Ça va. Tu peux rester.

- D'accord.

Yanis ne fait que de me sourire, comme si ses lèvres n'avaient jamais connu autres rictus. Je me force à en faire de même, par respect avant tout mais aussi, je l'avoue, parce que ça me fait plaisir.

Je me racle la gorge.

- Donc... euh, comment tu m'as connu, du coup ?

- Au mariage de Samy et Paula. Je t'ai remarqué là-bas.

Je hausse les sourcils.

- Tu es parenté avec Samy, toi aussi ?

- Moi aussi ? répète-t-il, ne voyant pas de qui d'autre je parle. Et ouais. Mais on n'est pas très proche, lui et moi. Je suis allé au mariage par simple respect, tu vois le truc...

- Oui. C'était pareil pour moi avec Paula. Si elle n'avait pas été en robe de mariée, je ne l'aurais même pas reconnue.

- Ah ouais, carrément ! se marre-t-il, et entendre le bruit de son rire est aussi relaxant que d'écouter du Mozart.

Putain, je suis vraiment mièvre comme nana... Reprenons du sérieux !

- Si on était au même mariage mais qu'on ne s'est pas parlés une seule fois, comme tu as fait pour avoir mon snap ? le questionné-je.

Yanis se pince la lèvre supérieur.

- Eh bien, pour être honnête avec toi, j'ai dû demander à tous les invités si l'un d'eux avait tes réseaux sociaux...

- Tous les invités ???

- Enfin, presque tous, se corrige-t-il. Seulement les jeunes susceptibles de te connaître, quoi.

Eh bah putain. C'est la première fois qu'un garçon en fait autant pour pouvoir me parler.

- Pourquoi tu as fait ça ?

- Je... Je t'ai vu arriver dans ta robe et... t'étais vraiment belle. J'ai fait que de te regarder pendant le mariage. Mais toi tu étais ailleurs, dans ton coin, comme si tu cherchais quelqu'un. J'ai pas osé venir te voir. Je me sentais plus à l'aise en faisant le premier pas par message. J'espère que tu m'en veux pas ?

Tu rigoles ? Je me sens carrément flattée mec !

- C'est gentil, dis-je. Et non je t'en veux pas. Mais je n'arrive pas à croire que tu as fait tout ça juste pour me parler.

- Pourtant c'est bien le cas, affirme Yanis. C'est pas tous les jours que je remarque une fille comme toi, tu sais.

- Une fille comme moi... ?

- Belle, mignonne, intelligente et discrète.

Je ne peux m'empêcher de m'esclaffer. Je ne sais pas ce qu'il s'est mis en tête, mais il me surestime un peu trop, le loulou.

- J't'assure, je ne suis pas tout ça. Et puis d'abord, comment tu peux savoir que je suis intelligente et discrète ? Tu ne me connais même pas.

- Maintenant si, et ça ne fait que confirmer mes propos.

OK, j'avoue, il sait comment parler à une fille. Peut-être un peu trop bien, même. Si ça se trouve, il dit ça à toutes celles qu'il rencontre. Oh pitié, j'espère que non...

- Bon, fais-je. Je pense que je vais rentrer. Il se fait tard.

- Il n'est que minuit, avance Yanis.

- Demain je travaille. Pas toi ?

- Non. Le lundi je suis de repos.

- Ah, d'accord. Bonne nuit.

Hésitante, je lui tends la main. Yanis accepte la poignée de main sans rien dire, puis chacun retourne d'où il vient : moi à la maison, et lui dans sa voiture.

Je suis absolument confuse de ce rendez-vous lorsque je passe le pas de ma chambre. Pour chasser mes milles et unes pensées interrogatives, je ferme les yeux et remonte ma couette jusqu'au cou. Le sommeil arrive aussi vite qu'une flèche.

Juste une vie avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant