chapitre 22

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J'arrive sur les lieux en traînant du pied. Il fait froid, même très froid. Je resserre un peu plus ma veste contre ma taille et fouille du regard le parking de Leclerc à la recherche d'Elias. Je ne le vois nulle part, ni lui ni sa voiture et sa moto. C'est quoi ce merdier, encore ?

Soudain, une silhouette apparaît et approche de moi. Je plisse les yeux pour mieux réussir à distinguer la personne. Je tombe alors sur... Hasma ?

- Euh, qu'est-ce que tu fais là ? lui demandé-je de manière suspicieuse.

Cette dernière, affublée d'une écharpe beige et d'un trench-coat bon marché, comble la distance qui nous sépare puis me considère avec toute la haine qu'elle ressent pour moi. Garce. Je viens de comprendre les bails : elle s'est servie du téléphone d'Elias pour me piéger.

- J'en étais sûre que tu viendrais. Tu es une putain de briseuse de couple, lâche-t-elle en me fusillant du regard.

Hein quoi ? De quoi parle-t-elle ? Oh... se pourrait-il qu'elle soit au courant du baiser que nous avons échangés avec Elias ? Putain, j'espère vraiment pas !

- C'est bien, ne répond rien, continue Hasma. De toute façon si je t'ai fait venir c'est pour que tu m'écoutes, alors ouvre bien tes oreilles, sale pétasse. Je t'ai jamais aimé, mais j'ai toujours été correct avec toi. Apparemment j'aurais pas dû le faire, puisque voilà où on en arrive aujourd'hui : non seulement tu parles à Elias en message, mais en plus tu as visiblement l'habitude de le voir seul à seule derrière mon dos. Mais c'est finit tout ça, parce que dorénavant, je t'interdis de parler, approcher, ou bien même regarder Elias dans les yeux, pigé ?

- Pourquoi tu me dis tout ça ?

- Pourquoi ? POURQUOI ? Tu te fous de ma gueule en plus ?

- Non.

Face à mon calme olympien, Hasma se met à enrager. Je la vois bouillir jusqu'à en faire trembler ses membres. Je sais qu'elle aimerait que je m'énerve comme elle et que je la provoque afin qu'elle puisse avoir une raison de me donner le premier coup. Dommage pour elle, je ne lui offrirai pas cette occasion.

- Tu crois que je n'ai rien remarqué ? poursuit-elle dans sa lancée. Depuis que vous vous connaissez, Elias est distant avec moi. Je ne sais pas ce qu'il lui prend, mais on dirait que tes vices arrivent à le faire changer. Non non, Camélia, ne me regarde pas comme si tu ne voyais pas de quoi je parle. J'ai bien vu la manière dont tu le regardais. Je sais que sous tes airs de sainte nitouche, tu veux me le prendre d'une manière ou d'une autre. T'es qu'une putain de vicieuse sans valeur.

- C'est faux. Je n'ai pas de vices, Hasma, c'est juste toi qui es parano et qui bousille ta propre relation. Ce n'est pas ma faute si vous vous disputez autant, si vous vous déchirez l'un et l'autre et qu'il y a autant de problème dans votre couple. C'est surtout toi le problème, en fait. Tu es une putain de jalouse maladive.

- Non mais je rêve ? Tu fous la merde dans mon couple et tu oses dire que c'est moi la fautive ? TU TE PRENDS POUR QUI ESPÈCE DE SALOPE ??

J'ai un sourire sans joie. Je me demande à quel point ses cris auraient déchiré l'air si elle avait été au courant pour le baiser. Une chose est sûre, elle m'aurait brisé les tympans.

- Regarde-toi : tu ne fais que piailler de ta voix criarde à la moindre occasion. En vrai je pleins Elias. Tu le considères comme ton toutou et tu lui prends la tête pour un rien. Tu crois réellement que c'est comme ça que tu vas réussir à le garder ?

- En tout cas, il ne me quittera jamais comme il l'a quitté elle, tranche Hasma, sûre de ses propos.

J'ai un temps d'hésitation.

- Elle ? fais-je.

Hasma ne prend pas la peine de m'expliquer de qui elle parle. D'ailleurs, elle ne prend même pas la peine de me répondre tout court. A ce moment-là, je sais qu'elle en a trop dit.

- Bref. T'approches plus d'Elias et tout ira bien pour toi, achève-t-elle.

- Sinon quoi ? Qu'est-ce que tu vas me faire ?

Pour le coup, je n'arrive plus à garder mon calme. J'aime pas les problèmes mais il y a des limites à tout, et je refuse qu'une petite conne de son acabit me menace de cette façon.

- Nage pas où t'as pas pieds, siffle-t-elle.

- Tu ne me fais pas peur.

- Tu devrais, kehba.

Comprenant de quoi elle vient de m'insulter, je lui retourne une insulte dans la même langue.

- Je crois pas, khenza.

Alors, Hasma voit rouge ; je n'ai pas le temps d'anticiper ses mouvements qu'elle me saute dessus.

Juste une vie avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant