Juste une vie avec toi

chapitre 34

Mehdi s'extasie en nous voyant arriver tous les deux dans le parking du parc.

- Putain ! s'écrie-t-il bien assez fort pour qu'on l'entende. Je le savais sa mère ! Je savais que vous deux c'était plus qu'une question de temps !

Bon bah, pour la discrétion on repassera...

- La ferme espèce de tarté, l'enjoint Elias une fois que nous sommes près de lui.

- Bah quoi ? s'étonne Mehdi. C'est pas vrai ce que je dis peut-être ? Genre vous êtes pas ensemble ?

- Si, avoué-je car rien ne sert de mentir, il sait déjà la réponse.

- Bah voilà alors ! Pas besoin de faire les timides avec nous. Si ça dérange quelqu'un on l'emmerde. C'est votre vie pas la leur ma gueule.

Dis comme ça, il marque un point. C'est vrai que d'un côté, Elias et moi n'avons aucun compte à rendre à personne. Si nous avons décidé d'être en couple c'est notre choix, personne n'a le droit de nous juger ou d'empêcher notre relation. Pas même Hasma - même si je peux comprendre que ça ne plaît pas à cette dernière...

Elias continue de parler avec Mehdi. Je regarde Lisa et Sofiane, tous les deux parlant un peu plus loin. Nos yeux se croisent et on se sourit mutuellement. Ils m'ont manqué tous les deux ! Même Kylian, qui est actuellement en train de draguer une jolie fille, m'a manqué. J'espère qu'il va réussir à la charmer et que ça marchera entre les deux. Kylian est un type bien, jamais il ne m'a causé du tort. Un peu comme toutes les personnes présentes dans ce parking. Ahh ! Je suis bien contente d'être ici, ce soir, auprès de ceux que j'aime.

Soudain, quelqu'un surgit derrière moi en me mettant des mains froides sur mes yeux. J'ai un petit sursaut.

- C'est qui ??? blague la personne.

- Lamia, t'as jamais été douée aux devinettes, dis-je, avant de me retourner vers elle.

- Mais vas-y ! se plaint-elle. Comment tu sais que c'est moi à chaque fois ?

- Peut-être parce que y a que toi qui me fait ce coup ?

- Argh ! Bon, et si on parlait de choses sérieuse toi et moi, hein ?

Je ne pige pas ce qu'elle veut dire. Alors que je fronce les sourcils et l'interroge du regard, Elias revient vers moi. Il salue ma meilleure amie et prend de ses nouvelles. Lamia a un sourire malicieux collé aux lèvres et ne cesse d'osciller entre lui et moi. Elle joue des sourcils. Je comprends alors de quoi elle voulait parler quand elle disait « choses sérieuses ». Quelle petite commère, celle-là ! Anh, et elle plus elle fait sa débile en mimant des bisous et des câlins dès qu'Elias a le dos tourné !

- Espèce de clocharde, rié-je à son attention, assez bas pour qu'Elias n'entende rien.

- Et toi espèce d'amoureuse !

- Moi ? Absolument pas. Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Sale menteuse !

- Qui est une menteuse ? se hasarde Elias en se retournant vers nous.

Lamia et moi jouons les étonnées :

- Aucune idée ! dit-elle en premier.

- Je sais pas ! fais-je en second.

Elias nous dévisage un instant, nullement convaincu. Avec Lamia nous nous retenons d'exploser de rire. Il a une mine tellement drôle ! Je pose ma tête contre son épaule. Il passe un bras derrière mon dos et me rapproche de lui. Nous restons ainsi de longues minutes sans rien dire, tandis que Lamia nous inspecte du coin de l'œil. Je me dis alors qu'Elias a sans doute envie de bouger et d'aller voir d'autres gens.

- Tu sais, lui dis-je à l'oreille, tu peux faire ta vie et aller voir tes potes garçons et filles, si tu veux. Je ne dirai rien.

- T'es sûre ? se risque-t-il.

- Oui. Ca ne me dérange pas, je suis pas jalouse.

- Désolé. J'ai tellement prit l'habitude de me priver quand j'étais avec Hasma...

- Je sais. T'inquiète, je te fais confiance. Profite à fond de tes potes.

Avec un sourire étincelant, il m'embrasse sur le haut du crâne puis il part en direction d'un groupe qui fait chicha près d'une voiture. Quant à moi, je vais avec Lamia m'asseoir aux côtés de Lisa, Sofiane, Mouss et Sophie. Je complimente cette dernière sur le hoodie qu'elle porte : il est bleu clair et illustre la tête de Mickey. J'adore !

La soirée est au top. Tout le monde parle avec tout le monde. Personne ne tire la tronche et chacun passe un bon moment - moi la première. Parfois je lance quelques regards vers Elias pour voir ce qu'il fait mais je m'interdis de le pister. Je veux que le début de notre relation soit clean et basée sur la confiance. On me donne un coup de coude par inadvertance ; c'est Lamia, qui s'agite en faisant des pitreries. Lisa et Sofiane sont morts de rire, si bien qu'aucun n'arrive à parler.

Soudain, le téléphone de Lisa se met à sonner. Elle s'éloigne en décrochant, tandis que les autres continuent de rigoler. Je suis la seule à la suivre du regard et à remarquer que son expression se décompose brusquement. Interloquée, je fronce les sourcils. Qui vient de l'appeler ? Et pourquoi j'ai la sensation qu'elle vient d'apprendre une mauvaise nouvelle ? Lisa raccroche mais ne revient pas tout de suite. Je vois son corps se mettre à trembler et ses yeux se mouiller de larmes. Elle reste interdite, droite comme un piquet, les yeux rivés sur un point invisible devant elle.

- Qu'est-ce qu'elle a ? me demande discrètement Lamia.

Je ne réponds pas à sa question, pour la bonne raison que je n'ai aucune idée de quoi répondre. Enfin, Lisa tourne les talons et revient vers nous. A ma plus grande stupeur, je découvre que son visage est complètement livide. Les voix s'éteignent et un lourd silence s'installe. Je réalise alors qu'Elias et les autres sont revenues autour de nous. Tout le monde attend que Lisa parle.

- Hasma est à l'hôpital, déclare finalement celle-ci d'une voix chevrotante.

Je crois que personne ne comprend vraiment ses mots, puisque personne ne réagit. Lisa se racle la gorge et reprend sur un ton plus fort :

- Elle s'est bourrée de médicaments. Elle a fait une overdose.

Le dernier mot transperce l'air. Lamia laisse échapper un petit cri de ses lèvres et Mehdi souffle un juron. J'ai l'impression que tout ce qui m'entoure s'est éteint, comme si la réalité n'existait plus. Choquée, je porte mes mains à ma bouche et cherche des yeux Elias.

Ce dernier est déjà dans sa voiture, en train de partir en trombe.