Le palais des promesses perdues, partie 1

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« You believe this is a game, and you may be right. But if you think you can play it better than me, think again. »

Nous restâmes de longues minutes ainsi, dans les bras l'un de l'autre. Moi, les yeux fermés, offrant mon visage au rayon du soleil, et Ayaan, qui ne semblait pas pouvoir arrêter de me contempler.

    Soudain, il se leva, m'aida à me relever, et me regarda avec une lueur que je ne lui avais jamais vue. En fait, je n'avais jamais vu Ayaan ainsi, si... si tendre, si doux. Si différent du jeune homme manipulateur et cruel qui avait récemment assassiné froidement des innocents.

    Il me prit la main, et sans pour autant me quitter des yeux, y déposa un léger baiser. Un sourire éblouissant étira ses lèvres au dessin parfait.

    -J'ai quelque chose à te montrer. Suis-moi.

    Il m'emmena à sa suite, je jetai un regard un peu perdu sur nos mains entrelacées, dans quoi venais-je donc de m'embarquer ?

     Un sentiment étrange me saisit à la poitrine.

    Nous quittâmes la forêt et reprîmes l'ascenseur. Les portent s'ouvrirent et le soleil m'éblouit par son intensité. Nous étions de retour dans la Citadelle des temps.

    Je jetai un regard interrogateur à Ayaan, mais il se contenta d'ébaucher un sourire énigmatique. Nous avançâmes main dans la main dans les allées que nous avions déjà tant de fois foulées au cours de nos vies respectives, mais jamais ensemble, côte à côte.

    Comme les choses avaient changé, pensai-je soudain. Il y a quelques jours encore, nous nous disputions constamment, je le repoussais et lui ne cessait de me faire peur, me menaçant des pires atrocités pour que je lui cède. Maintenant, à nous voir, on pourrait croire que nous étions des amis de longue date, des amants follement amoureux l'un de l'autre.

C'est peut-être le cas pour lui, mais pas pour moi, tentai-je de me convaincre.

    Une petite voix au fond de ma tête ne cessait de me hanter, elle me chuchotait des choses que je ne voulais pas entendre :

    Tu es bien contente de cette situation, en réalité, tu dis que c'est pour ta survie, mais tu apprécies la compagnie d'Ayaan. Tu en rêvais !

    Je chassai ces pensées parasites de ma tête. Non. Je n'aimais pas Ayaan. Et je ne l'aimerai jamais, quoi qu'il puisse arriver. Malheureusement, la réalité était bien plus complexe que cela ; j'étais perturbée, parce que personne ne m'avait jamais témoigné autant d'attention, de tendresse. Ayaan m'aimait, se souciait de moi, et ce genre de comportement était si rare, ici.

    Bientôt, nous arrivâmes devant le Palais des Malkam. Je jetai un coup d'œil à Ayaan, il regardait droit devant lui, l'air sur de lui.

    Nous étions arrivés devant les lourdes portes noires et rouges gravées des emblèmes de sa famille. Je m'arrêtai.

    -Tu... tu es sûr que c'est une bonne idée ? Si quelqu'un nous voit, et ton père....

    Ayaan eut un petit rire.

    -Je fais ce qu'il me plait, personne ne me dicte ma conduite, Era. Mon père ne s'offusquera pas de te voir ici, il sait bien que bientôt tu vivras ici, avec moi. Mais si ça peut te rassurer, il n'est pas au Palais, il doit probablement être en compagnie de ton père. Ma mère, elle, ne quitte jamais son jardin privé, je crois qu'elle préfère la compagnie des plantes et des fleurs à celle de mon père.

    Il eut un rire cynique. Je souris en pensant à la belle Séraphina. La pauvre... obligée de vivre avec un homme pareil...

    Je manquai soudain d'air en pensant à ma propre situation, en quoi mon destin différait-il de celui de cette femme ? En rien. Ma seule chance était les Souffleurs de Rêves et leur promesse de liberté.

La Tour d'Ivoire - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant