Pacte avec le diable

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« What I am supposed to do when the best part of me was always you ? »

Je marchais depuis une bonne demi-heure, parfois, je m'arrêtais et prenais le temps de contempler la beauté de cette nature que mes ancêtres avaient réussi à recréer ici, dans une Tour de béton et d'acier. J'essayai également d'écouter attentivement, essayant de percevoir un quelconque bruit me prouvant la présence des troupes d'élite, mais rien, soit ils ne m'avaient pas suivi jusqu'ici, soit ils étaient très doués.

Je finis par m'asseoir au beau milieu d'une clairière aux teintes émeraude. Posant mon sac à côté de moi, je sortis une bouteille d'eau et bus à longue gorgée. Je venais ici depuis toujours, à chaque fois que j'avais besoin d'être seule, de réfléchir sur mes choix, ma vie.

Mon carnet tomba sur le sol, j'y écrivais toutes mes pensées, c'était mon salut, la seule manière pour moi de ne pas devenir folle. Évidemment, je n'avais rien écrit quant à ma rencontre avec Anna et Arianna ni même sur ma future évasion. Si quelqu'un mettait la main dessus avant ou après mon départ cela les mettrait, elles et les autres Souffleurs de Rêves, en danger.

Une photo dépassa de l'une des pages. Les bords étaient usés, signe que je l'avais souvent contemplée. La photo datait de juin 2179. Quatre personnes posaient, le sourire aux lèvres, les traits transpirants de jeunesse, de détermination et de fougue. Les quatre Créateurs.

À gauche, Apolline Razane, de longs cheveux bruns et lisses, des yeux noirs, une peau bronzée par le soleil italien, et un sourire dévoilant des dents d'une blancheur éclatante, elle avait tout du mannequin avec son visage symétriquement parfait. À côté d'elle, Anastasia Dolora, la peau pâle, les joues rosées, des taches de rousseur sur le nez, des cheveux châtains ondulés qui lui arrivaient aux épaules, et des yeux bleu clair pétillants de joie. Une fraicheur de vivre se dégageait de ses traits de porcelaine, puis venait Maximilian Malkam, ses yeux dorés devenus un mythe, ses cheveux noir de jais lui tombant sur le front, une cicatrice qui lui barrait l'œil droit, et un sourire arrogant, un regard plein d'assurance. Ses qualités d'orateur n'étaient plus à prouver, il avait été le meilleur dans toute l'Histoire du monde. Il transpirait le pouvoir et la tentation. Et enfin, Alexander Eléazar, avec ses cheveux blonds, ses yeux bleu profond, vifs et intelligents, sa peau claire, sa mâchoire sculptée. Il avait la beauté froide des statues antiques, inaccessibles et dures. Le meilleur ami de Maximilian, des frères d'armes ou plutôt, des frères d'idéologie.

Ils avaient à peine 25 ans sur cette photo, ils se connaissaient depuis l'enfance, et leur heure était arrivée. Ils avaient pris les commandes d'un monde en ruine, redonnant espoir, combattant la barbarie et l'obscurantisme. Ils avaient fait entendre leur voix et on les avait entendus. Au moment où cette photo avait été prise, ils avaient déjà presque gagné, leurs idées avaient été saluées dans le monde entier, et tout le monde se pressait pour les entendre prêcher l'avenir. La Tour d'Ivoire venait de naitre. Enfin, l'idée du moins, sa construction durera des centaines d'années. Mais c'était fait, leur nom était gravé dans le marbre, ils étaient devenus les leaders du monde, avec Maximilian Malkam à leur tête.

Ils avaient tous des origines différentes, Maximilian était français, Alexander russe allemand, Apolline italienne et Anastasia américaine. Mais leurs parents étaient amis depuis des années, leurs enfants se connaissaient depuis toujours. Ils étaient entrés à l'université ensemble, à Paris. Et la suite, chacun la connaissait...

-Je savais que je te trouverais là...

Je sursautai et rangeai le carnet dans mon sac. Ayaan me regardait, un sourire ravageur sur les lèvres.

-Quoi de plus normal ? Tu me fais suivre...

Il haussa les épaules.

-Je m'assure que tu sois en sécurité, voilà tout.

La Tour d'Ivoire - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant