Les guerriers de feu

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« Take the risk or lose the chance. »

Auteur inconnu

Les deux jours étaient passés à toute vitesse, et je n'avais pas vu le temps filer. Gabriel avait continué de me parler de son monde, de son peuple, de leur culture. Je l'écoutais religieusement, m'abreuvant d'histoires, de souvenirs et de mythes qui m'étaient jusqu'alors interdits. Je m'émerveillais de ces hommes et de ces femmes qui avaient continués à se battre pour rendre la Terre meilleure, alors que nous les avions abandonnés à leur sort il y à des milliers d'années.

    J'avais regardé Elina, Myriam, Clara et Raphael se battre. Leurs mouvements précis, nets, rapides, gracieux me rappelaient les images de demi-dieux que j'avais vue dans un vieux livre que ma grand-mère me lisait. J'eus également l'occasion d'apercevoir un entrainement à l'épée entre Néhora et Elvira et ensuite, entre Seth et Gabriel. Les mots me manquaient pour décrire la scène à laquelle j'avais assisté. Ils étaient nés pour ça, tout leurs gestes, le moindre de leurs muscles était fait pour le combat, pour tuer. Je me rendais alors compte de ma faiblesse face à eux. J'eus honte de mes heures d'escrime, de tir, d'autodéfense, qui faisaient pâle figure face à leur talent. Je me demandais alors si Iris, Ayaan et mon frère auraient la moindre chance face à eux, mais je ne commis par l'erreur de sous-estimer les miens, ils avaient des ressources non négligeables. Mon peuple était intelligent et ne manquait pas d'imagination pour mettre ses adversaires à terre. Et puis, les futurs dirigeants des Familles recevaient un entrainement différent des cadets, ils savaient se battre et tuer.

    Ce jour-là, Elina m'avait réveillé à l'aube, elle m'avait souri, ses grands yeux verts pétillant de malice. J'aimais beaucoup cette fille, sa joie de vivre était contagieuse.

    Elle avait ensuite quitté la cabane, me laissant me préparer. J'attachai mes longs cheveux noirs en une queue de cheval haute, moi qui pensais regretter mes cheveux blonds, il n'en était rien, qu'elle douce sensation que de ne pas porter constamment le symbole des Eléazar sur sa tête.
J'enfilai rapidement mes vêtements, un haut kaki, du genre que portait Elina, avec une veste plus chaude en fourrure brune puis un pantalon en cuir de cette même couleur kaki et enfin, de hautes bottes noires fourrées que j'adorai tout de suite. J'attrapai deux foulards, le premier pour mon cou,(même masqué par la gomme, l'idée de laisser ma marque sans protection me donnait la nausée) le deuxième pour mes cheveux, puis je rabattis la capuche de ma veste pour parfaire le tout.

    Voilà, J'étais fin prête, je pris deux minutes pour me regarder dans le miroir et en restais bouche bée. J'étais méconnaissable. Fini Era Eléazar-Malkam, fille d'un des plus hauts dirigeants de la Tour, future reine. Non. Cette fille n'était plus. Le petit miroir qu'Elina m'avait apporté ne reflétait que la silhouette menue et élancée d'une parfaite inconnue. Ses yeux rouges brillant d'un éclat que je n'avais encore jamais vu chez moi. Était-ce à cela que ressemblait la liberté ? Je ressemblais à une fille des bois, une fille qui avait passé sa vie à survire seule. Peut-être cette fille n'était-elle pas si différente qu'Era Eléazar, en réalité.

    Je me retournai lorsqu'un petit cri étouffé me sortit de ma torpeur, c'était Elina. Elle se tenait à l'entrée du cabanon, une longue pèlerine verte sur ses épaules dénudées. Elle me détaillait de haut en bas, un sourcil levé. Une arme pendait à sa ceinture et j'étais certaine que ce n'était pas la seule.

    -Eh bien, finit-elle par dire après un long silence, si tu veux passer inaperçu, c'est gagné. Tu n'as plus rien de la domestique Ivoirienne...

    Je haussai les épaules.

    -Il faut bien s'intégrer.

    Elina eut un petit sourire en coin et m'invita à la suivre. Ce que je fis sans plus attendre.

La Tour d'Ivoire - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant