L'art du faux

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« No one is going to save you. »

Le bras passé sous celui d'Ayaan, j'avançai d'un pas déterminé vers la Coupole d'Argent, la salle de bal et de réception des Malkam était des plus grandiose et ce soir, toute la haute bourgeoisie Ivoirienne s'y retrouvait. Complots, hypocrisie, luxe, sourires faux seraient au rendez-vous. Un énième bal, une énième réception.

    Mais celle-ci serait différente, je n'y irai pas accompagner de ma famille, comme d'habitude, mais d'Ayaan, le prince, mon futur époux. Nous serons au centre de l'attention ce soir, mais je n'avais pas peur, j'avais été observée et détaillée ma vie durant, ma beauté ne m'avait rien épargné, pas même un mariage royal.

    Ma robe, noir avec quelques pointes dorées, s'accordait à la perfection avec l'habit princier d'Ayaan, d'un azur profond. Anna, à qui j'avais pardonné d'avoir gagné mon affection pour servir sa cause, avait eu une brillante idée pour ma coiffure : une couronne de tresses blondes. J'avais d'abord refusé, mais elle avait insisté, disant que je devais m'affirmer en tant que future membre de la famille Malkam, en tant que future princesse, et reine, un jour.

Pour berner la cour, avait-elle ajouté, un sourire espiègle sur les lèvres.

     Cette phrase avait suffi à me convaincre. Et je me retrouvais maintenant au bras d'Ayaan, avec l'allure d'une souveraine.

    Le regard d'Ayaan lorsqu'il m'avait vue avait confirmé les propos d'Anna, j'étais époustouflante.

    -Tiens-toi prête, tu auras le droit à toutes les remarques ce soir, des plus sincères aux plus fausses, des plus chaleureuses au plus mauvaises.

    Je continuai à regarder devant moi.

    -J'ai appris à faire abstraction. Comme toi, comme nous tous, j'ai été élevée pour ça.

    Ayaan sourit.

    -C'est vrai, tu me rendais fou, je n'arrivais jamais à savoir ce que tu pensais vraiment. Tu étais là, bien droite, somptueuse, divine, mais si loin, si inaccessible, tu ne laissais jamais rien paraitre de ce que tu pensais ou ressentais. J'ai toujours admiré cette qualité chez toi.

    -Pourquoi ? Maintenant je ne suis plus comme ça ?

    Il m'observa quelques minutes sans rien dire.

    -Si. Tu as changé, mais ça non.

    Nous ne dîmes rien de plus durant le reste du trajet, perdu dans mes pensées, je ne vis pas que nous étions arrivés. Les conversations moururent et les regards se portèrent sur nos deux bras entrelacés, sur nos sourires rayonnants. Faux pour moi, vrai pour lui.

    Au bout de quelques minutes, les discussions reprirent, mais nous étions toujours au centre de l'attention. Chacun se surveillait du coin de l'œil, attendant, tels des charognards, le moindre faux pas.

    Iris fut la première à venir vers nous, Morgan était à ses côtés. Ils ne cachèrent pas leur surprise de nous voir ensemble, ce qui parut amuser follement Ayaan.

    Iris. Lorsque son regard incroyable croisa le mien, une douleur fulgurante embrasa mon ventre. Mon amie me manquait terriblement, et la voir ainsi me rappelait tant de souvenirs passés avec elle. Tout ceci appartenait au passé désormais, rien ne serait plus jamais pareil, ni entre nous ni dans nos vies en général.

    Je pris mon courage à deux mains et reprit mon rôle. Le rôle que l'on m'avait donné ; la fiancée d'Ayaan Malkam.

    -Iris ! Je suis tellement désolée pour ce qui s'est passé l'autre jour... j'ai été stupide, pardonne-moi, veux-tu ? Les mots ont dépassé ma pensée...

La Tour d'Ivoire - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant