Jeu dangeureux

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« You're the book he never reads but he keeps you on his nightstand anyways. »

Arrivée devant la porte qui me séparait d'Ayaan, je faisais moins la fière, j'essuyai discrètement les paumes moites sur mon pantalon, mais ce geste n'échappa pas à Galaad, qui, à ma plus grande surprise, ne fit aucune remarque moqueuse.

L'idée de me retrouver seule avec ce psychopathe me rendait nerveuse, non pire, me terrifiait. De plus, je savais ce qui se trouvait derrière cette lourde porte métallique, et cela ne me rassurait guère.

Je pris une profonde inspiration et, le cœur battant, posait ma main sur la poignée.

-Era, attends, souffla Galaad derrière moi.

Je me retournai, heureuse d'avoir une seconde de sursis. Galaad me contemplait, une drôle de lueur dans les yeux, une lueur que je ne lui avais jamais vue.

-Si cela ne tenait qu'à moi, tu ne serais pas obligée de vivre tout ça.

Il voulut ajouter quelque chose, mais sembla se raviser, il finit par tourner les talons et partir sans un mot.

Bon, très bien, allons-y.

La salle était tel que je l'avais laissée il y a une semaine de ça. Je m'y entrainais au moins une fois par semaine depuis que j'avais 6 ans. Tous les descendants des Familles étaient obligés de passer par là. Galaad et Ayaan y passaient des heures. Sofian et Iris un peu moins, mais les plus mauvais élèves étaient Morgan et moi, qui cherchions par tous les moyens à ne pas y aller, en vain.

La salle de tir de la Tour d'Ivoire était immense, comme tout ici. Ayaan se tenait au stand de tir 4, il portait un pantalon noir et une chemise blanche, déboutonnée, pour que l'on puisse admirer la musculature fine et athlétique de son torse pâle. Sans m'en rendre compte, je restai quelques secondes de trop à le contempler, ce qui ne lui échappa malheureusement pas.

Un sourire éblouissant s'épanouit sur son visage, ses yeux gris me détaillèrent de la tête au pied, il ne dit rien sur mon apparence négligée et me fit signe de le rejoindre.

-Ma très chère Era, s'exclama-t-il, je suis ravi de te revoir, il me semble que nous nous sommes quittés il y a des siècles.

Je l'observai calmement, tout en veillant à garder un visage fermé qui ne laissait rien transparaitre de mes émotions. Je montrai d'un signe de tête l'arme qu'il tenait à la main, sans toutefois m'approcher de lui.

-Tu voulais me montrer que tu savais tirer ? Ce n'est vraiment pas la peine, je t'ai vu à l'œuvre pas plus tard qu'il y a quatre heures, et je peux t'assurer que tu vises très bien, dis-je d'un ton froid.

Son sourire se figea, puis il se retourna vers la cible, braqua l'arme devant lui et tira trois fois. Je n'eus pas besoin de voir la cible pour savoir qu'il avait visé en plein dans le mille. Ayaan était le meilleur tireur de toute la Tour, puis venait Iris, mon frère et enfin moi.

Quand il eut fini, il me regarda à nouveau, sans toutefois poser l'arme.

-Je vais être très clair, Era, commença-t-il d'une voix doucereuse, si tu t'obstines à me résister ou à te montrer insolente, je m'en prendrais à ceux que tu aimes.

Il observa ma réaction, j'essayai de rester de marbre, mais je me sentis blêmir.

-Je sais bien que tu n'attaches aucune importance à tes parents ou à ton frère, et malheureusement, je ne peux faire de mal à Iris sans m'attirer les foudres des Familles. En revanche (il fit mine d'observer son arme avec attention) il serait tragique qu'il arrive du mal à cette petite Adina, elle est si mignonne, tu ne trouves pas ?

La Tour d'Ivoire - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant