La Tour d'Ivoire - Tome 1

Narda

« You're worth, so fly high. »

Auteur inconnu

Seth avait tenu promesse.

J'avais à peine eu le temps de finir mon petit déjeuner - que je prenais tous les jours avec Elina - qu'il était apparu, habillé d'une tenue de combat vert foncé, des armes certainement dissimulées partout sur son corps.

-Je pars dans une demi-heure pour Narda, si tu veux toujours m'accompagner ...

-Un simple bonjour serait déjà le bienvenu, lui lançai-je d'un ton acerbe.

-Bonjour Lévana, dit-il d'un ton calme avant de sortir sans un mot de plus.

Elina me regarda, ses grands yeux verts écarquillés de stupeur.

-Quoi donc ? J'aime la politesse, voilà tout.

Elle pouffa.

-Personne n'a jamais parlé à Seth de cette manière. Méfie-toi quand même. Il est parfois un peu imprévisible.

Je haussai nonchalamment les épaules.

-Il ne me fait pas peur.

Un large sourire étira ses lèvres.

-Oui, ça j'avais compris.

-Personne ne me fait peur, ajoutai-je.

Elle pencha la tête, comme pour mieux me regarder.

-Vraiment ?

Non. À vrai dire, non. J'étais continuellement morte de peur. Pas une seule seconde ne passait sans que je sente cette peur me tordre le ventre. Je ne savais même pas d'où elle provenait réellement.

Elina et ma grand-mère m'aidèrent à me préparer.

Maria et Elina semblaient beaucoup s'apprécier, la jeune fille n'arrêtait pas de parler, de lui raconter des petites anecdotes de sa journée, et n'hésitait pas à lui faire part de ses problèmes de cœur. Ma grand-mère écoutait, un sourire tranquille sur les lèvres, et ne prenait la parole que très rarement, mais ses conseils étaient toujours des pépites d'or, d'une richesse inestimable. Pendant une seconde, je fus jalouse. Jalouse d'Elina. Jalouse du lien qu'elle avait créé, de ce lien que j'avais moi aussi eu un jour avec ma grand-mère et qui maintenant commençait à peine à se recréer.

Je réussis à retenir mes larmes. La vie était injuste. Pourquoi n'avais-je pas eu le droit de grandir avec cette merveilleuse femme à mes côtés, alors que le même sang coulait dans nos veines ? Tout ça à cause de cette maudite famille Malkam, de leur sang souillé depuis des générations, de leur soif de pouvoir et de sang, qui ne semblait connaitre aucune limite, aucune frontière.

-C'est bon ! s'exclama enfin Elina. Tu es prête.

J'avais revêtu un des nombreux vêtements que j'avais acheté au Grand Marché des Nations. J'avais un pantalon noir en tissu très résistant, de nombreuses couches de pull et enfin, une veste kaki bien chaude. Les couleurs vives me manquaient, je devais bien l'avouer, mais ici, c'était bien trop dangereux, surtout lorsque nous sortions d'Amidror, autant se peindre une cible sur le dos.

Mes cheveux étaient relevés en un chignon haut, mais ils étaient si fins que de fines mèches s'en échappaient et venaient me chatouiller la base de la nuque. Grand-mère m'avait justement refait une teinture hier, masquant mes cheveux qui m'auraient trahi.

Une demi-heure plus tard, après avoir salué Elina, grand-mère, Gabriel, Raphaël et Clara, je partis au côté de Seth. Évidemment, étant donné mes capacités inexistantes dans le domaine de l'équitation, je dus monter avec Seth. Cramponnée à lui, les mains serrées contre son ventre, j'essayais d'adopter la position la moins inconfortable, si cela était vraiment possible... Myriam avait promis de m'apprendre à monter à cheval, à mon retour.