« -T'es sûr?
-J'crois.
-Ok. »
Sur la table de nuit, au coin du lit, lorgnent deux préservatifs. Toujours emballés, ils n'attendent qu'une chose. Hoseok les fixe. Hoseok n'est pas si sûr. Hoseok réfléchit, trop. Ils sont dans la chambre de Jimin, parce que c'était un peu son idée. Enfin, c'était leur idée. Une idée commune, une construction soudaine, un pourquoi pas. Hoseok a dix-sept ans, et ça lui semble normal de devoir faire ça. Il en a envie, il croit. Alors quand Jimin lui a donné son adresse, quand il lui a dit qu'ils pourraient peut-être aller un peu plus loin, après un regard long et silencieux, Hoseok s'est dit que pourquoi pas.
Ils s'attirent. Ils se plaisent. Ça semble logique.
Les murs vert-pâles submergent un peu les pensées d'Hoseok. La chambre lui paraît gigantesque, tous les t-shirts colorés ont l'air de s'unir en une montagne d'incertitude. Elle est jolie, pourtant, la chambre. Il y a des rideaux blancs, longs et volatiles, légers. La fenêtre offre beaucoup de vie. Tous les t-shirts répartis n'importe comment s'allient avec ses pensées.
Recouvrant le torse de Jimin, une chemisette un peu laide. Ce genre de vêtements pas beaux, qui pourtant se portent si bien. Encore une fois, ça lui va vraiment. Encore une fois, Jimin est plus que simplement attirant. Mais cette fois-ci, Hoseok n'est pas certain de vouloir s'approcher de lui. Ils sont tous les deux sur le lit, les jambes pendantes, mobiles. Leur regard ne se croise pas.
Ils se sont mis d'accord.
Hoseok regarde un poster au mur. Il y a des garçons, quatre, avec un style rétro, en noir et blanc. Un groupe de rock, sans doute. Hoseok regarde ailleurs, et Jimin le ramène ici. Ses lèvres se posent lentement sur le bord de sa bouche. Il entend le bruit du baiser, il les sent s'assembler. Jimin l'embrasse, encore quelques fois. Lui ne répond pas, il laisse faire, sent son coeur partir trop vite, ses jambes s'animer trop fort. La main de Jimin se pose dans son cou, il déglutit très difficilement, sent sa salive descendre le long de sa gorge, dans un bruit qui le repousse lui-même. La main part, il se sent plus à l'aise. Jimin est beau, Jimin est juste là, Jimin l'attire. Il se demande, pourquoi ça ne fonctionne pas. Pourquoi il n'arrive pas à s'abattre sur lui, comme il l'a déjà fait. Il y a une barrière, que le blond tente de détruire avec sa main baladeuse.
La main de Jimin se glisse quelque part sous le t-shirt d'Hoseok, qui recule un peu brutalement, lâchant un petit bruit étrange, qui n'évoque rien de compréhensible. Jimin le fixe. C'était drôle, quand il lui a proposé. C'était drôle, quand ils sont allés acheter les préservatifs. C'était drôle, et maintenant, ils y sont. Pour de vrai. Peut-être qu'Hoseok espérait qu'ils s'arrêteraient là. Peut-être qu'il espérait que Jimin n'était pas sérieux.
Hoseok va très, trop, bientôt rentrer chez lui. Plutôt loin. Vachement loin. Pas du tout ici.
« Je vois. »
Il se souvient qu'il est sur ce lit, avec ce garçon, et qu'il a refusé sa main. Les yeux de Jimin ont l'air déçus, mais pas vaincus. Dehors, le vent se lève. La couette jaune colore les pensées. Hoseok a oublié de donner de l'eau à sa plante, ce matin. Et Jimin, il retire lentement sa chemisette. Bouton par bouton, la chair se dévoile. Ils ne se sont pas re-rapprochés, la distance les sépare, Jimin est torse nu. La chemisette au sol est laide, sans Jimin, comme une nappe trop vraie. Mais débarrassé d'elle, lui est encore plus beau. Hoseok aimerait ne pas rougir, il aimerait que sa jambe ne tremble pas, il aimerait savoir où il va.
Jimin voit tout ça. Alors il se recule encore un peu, comme pour dire à son ami qui embrasse bien que s'il ne veut plus, alors il ne veut plus. Jimin ne veut pas le forcer, peut-être aussi que Jimin se triture les pensées en se demandant quand est-ce qu'Hoseok va partir.