tpes. (looking for knives)

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Jimin est assis dans son petit jardin, à regarder les nuages s'embrasser. Il a un peu froid, mais il n'a absolument pas envie de rentrer à l'intérieur, alors il prend son mal en patience. Il imagine que chaque frisson de plus colore sa peau, et c'est joli. Il y a du cyan, de l'orange, et un peu d'indigo. Jimin aime les couleurs, vraiment. Subitement, il se demande à quoi ça ressemblerait, un monde sans couleur. Ça lui fait un peu peur, comme vision.

Il est bientôt dix-neuf heures, et le soleil se couche. Il éteint sa cigarette, et souffle un coup, dans le vide. Jimin n'a pas réellement envie d'aller à cette soirée, mais il commence à s'ennuyer. Il a terminé de lire le livre rouge. Le personnage revient visiter ses pensées. Mais il n'a pas vraiment envie d'y réfléchir. Il regarde son téléphone quelques fois, l'attente l'exaspère.

Jimin s'ennuie vraiment. Il pense à Violette.

Alors, par dépit, il se lève, prévient sa mère, sort, monte sur son vélo.

Des écouteurs dans les oreilles, Jimin pédale dans la nuit. Il ne le fait pas souvent, mais il se dit qu'il devrait s'y mettre, parce que comme ça, tout a l'air différent. Les choses affichent un masque mystérieux, envoutant, qui leur offre une autre beauté. Une beauté fraîche. Jimin porte un manteau avec plusieurs bandes de couleurs, sur un fond vert. Les notes résonnent terriblement fort, avec les battements de son cœur. Un instant, il n'y a plus que la chanson, qui l'absorbe. Il lève les bras, encore. Il sourit, sent son corps qui change, qui s'emplit de petites étoiles mouvantes, laissant leur marque mais pas trop fort non plus. Juste assez pour qu'il s'en souvienne, sans que ça devienne une obsession. Sans que leur départ ne crée de cicatrice. Jimin rit presque, seul sur son vélo, la nuit, parce qu'il se sent bien. C'est beau. Il aurait presque envie d'écrire tout ça.

Parfois, la chanson s'arrête pour laisser place à la voix monotone de son téléphone, qui lui indique où aller. Alors il le suit, petit pion étoilé des satellites.

Il arrive à l'adresse indiquée. C'est une grande maison, un peu banale pour le quartier. Il y a des lumières qui en débordent, qui tournoient, de toutes les couleurs. De la musique aussi, un peu banale, pas très agréable, qu'il ignore un peu en gardant ses écouteurs. Il sonne au portail, qui s'ouvre la seconde d'après. La maison ressemble un peu à celle de Jungkook, avec du gravier devant et une porte bien trop grande, plusieurs garages. Toutes ces choses futiles.

Mais ce soir, Jimin décide de ne pas penser et de ne pas réfléchir.

La porte est à l'évidence ouverte, alors il entre sans prévenir qui que ce soit. Le salon énorme est rempli de gens, qui ont tous l'air d'à peu près s'amuser ou s'attirer. Quelques gars sont torse-nu, déjà. Quelques filles auraient bien envie de retirer leur haut aussi, mais elles n'osent pas, parce qu'apparemment il n'y a que les garçons qui ont le droit de le faire. Jimin se dit que Violette n'hésiterait pas, si elle en avait envie. Dans toute la masse mouvante et enivrante, autant qu'enivrée, Jimin se faufile et se fraie un chemin jusqu'à la cuisine. Beaucoup trop grande aussi, un peu moins remplie. Ici, il y a les gens plus calmes, mais aussi plus alcoolisés. En fait, sûrement qu'ils ne le sont pas plus que les autres, mais comme ils sont moins nombreux, ça saute plus aux yeux. Il y a ce type qu'on croise toujours, qui a l'impression d'avoir tout compris de l'univers, et qui explique comment boire à une fille, qui l'écoute et qui rit à chaque mot qu'il prononce. Jimin attrape un gobelet, y verse un peu d'un alcool fort, scrute une bouteille de jus d'orange, hésite, puis finalement remplit entièrement son verre avec la boisson translucide.

Jimin n'est pas là pour penser.

De retour dans la foule qui lui est inconnue, il cherche Violette. Il se dit que si elle n'est pas là et qu'on lui demande ce qu'il fout ici, il aura l'air malin. Mais tant pis. Il abandonne sa recherche, et puis de toute façon, il y a trop de monde. Les lumières sont surtout bleues et rouges, parfois vertes. Les gens sautent, hurlent, s'amusent, rient, dansent. Jimin n'a pas l'impression de faire partie de tout ça. Il y a tous ces gens, toute cette masse, et il y a lui. Il boit son gobelet, d'abord doucement, puis un peu plus rapidement, et alors qu'il sent sa gorge le supplier d'arrêter, il le termine, cul-sec. Il remue la tête, inconsciemment. Et il se met à danser. Danser et sauter, un peu fort, sans réfléchir. Il se laisse emporter par l'effet de masse, par l'euphorie générale, sans se sentir plus inclus. Il danse, mais il se sent apaisé, et calme.

Les Palmiers bleus - HopeminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant