treize. (boys will be boys)

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« Une petite amie. »

« Je me sens chez-moi. »


Hoseok se réveille le matin, ou le midi. Il ouvre ses rideaux, un peu difficilement, en s'énervant dessus. Il voit le ciel, gris, se dit qu'après tout ce n'est pas plus mal. Il s'assoit sur le bord de son lit. Regarde sa porte. N'a pas envie de sortir de là, de parler, de faire quoi que ce soit. Il n'a pas envie d'exister.

Et puis. Il ne devrait pas être ici.

Tous les jours, c'est un peu la même chose. Depuis la dernière fois, il n'a pas revu Yoongi. Il fait des tours de son appartement, sans trop parler à sa famille. Il s'allonge sur son lit et essaie de lire un peu. Il fixe la fenêtre. Il fixe la rue. Il fixe le vide. Et parfois, il fixe son téléphone. Alors, tout plein de mots surgissent dans son crâne, s'accrochent à ses parois. Il secoue la tête, pour les en décrocher, parce que ce n'est pas vraiment agréable. Il refait des tours de son appartement, s'ennuie, beaucoup.

Et parfois, il fixe son téléphone. Et il se demande. Il se demande, si Jimin le fait aussi. Il se demande s'il devrait l'appeler.

Il se dit qu'il n'est plus à sa place. Que tout ça n'a plus aucun sens. Et un instant, il se demande comment une seule personne, en si peu de temps, a pu lui donner cette impression. Il se sent un peu ridicule, se dit qu'il devrait arrêter d'y penser. Ou bien peut-être qu'après ça, il devrait se mettre à haïr Jimin, ou à l'appeler. Mais il ne fait rien. Parce qu'il n'a le courage de rien. Hoseok ne sait plus grand chose, si ce n'est que tout est terne, et que ça ne lui plait pas vraiment.

Il admire le plafond, qu'est-ce qu'il est beau. Il se plonge dans un nouveau livre, un livre qu'on lui avait offert une fois, à Noël. Hoseok n'a jamais trop compris cette fête, ce qu'elle a de si spécial. Pourquoi soudainement, on se dit que c'est une bonne idée d'être hypocrite et de s'offrir des cadeaux, alors qu'en réalité on aimerait sûrement garder son argent pour soi. Hoseok ne comprend pas, parce qu'en plus, ses cadeaux ne lui plaisent jamais vraiment. Sûrement que c'est parce qu'il est trop inexpressif. Parce qu'il ne parle pas assez. Parce qu'il ne laisse rien transparaître, et que par conséquent, personne ne peut vraiment savoir ce qu'il aime. Sûrement que c'est ça. Mais ses cadeaux ne lui plaisent pas. C'est pour ça qu'il n'avait pas envie de commencer ce livre, parce qu'il se disait que ce serait une perte de temps.

Il semblerait qu'il s'est trompé.

Il passe des heures, absorbé par l'histoire du personnage, et ses idées. Un instant, il a même l'impression d'être ce personnage, il se voit faire ce qu'il fait, dire ce qu'il dit, penser ce qu'il pense ; et c'est agréable, c'est incroyablement agréable. Hoseok passe des heures à lire, puis sa tête finit par tourner. Il a sacrément mal, à l'arrière du crâne. Mais ces mots-là, il ne veut pas les en décrocher.

Alors il ouvre la fenêtre, après avoir posé le livre quelque part sur sa table de nuit, sans trop faire attention. Il se demande si la femme d'en face est toujours en train de pleurer, ou si elle est bien plus heureuse. Il se demande si la route est toujours un miroir, et si les étoiles sont toujours présentes. Peut-être que cette nuit, quand le ciel tombera, elles ne viendront pas. Peut-être qu'elles sont fatiguées de toujours recommencer le même cycle.

Comme il les comprendrait.

Hoseok reste un instant à cette fenêtre. Il ne fait rien, ne pense presque rien. Il écoute le vent glisser adroitement contre sa joue, se dit que la brise est bleue. Qu'elle reste coincée sur son visage. Alors, le vent toujours parcourant son nez, puis le contour de ses yeux, il ferme la fenêtre. Le vent est toujours là. Hoseok se rallonge dans son lit, essaie de lire, mais il n'y arrive plus. Il ne peut plus se concentrer, peut-être est-ce la faute du vent. Parce qu'il glisse, partout, bientôt sur son corps, jusque ses mains, avant de remonter pour mieux dévaler son ventre, et ses jambes.

Les Palmiers bleus - HopeminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant