De la route. (cellophane)

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« -Tu voulais me voir?

-Je pars ce soir.

-Oh. »

Il pleut. Jimin a attendu le lendemain, avant de retourner chez Hoseok. Il ne voulait pas être le plus accro, il ne veut pas être celui qui s'attache trop, il ne veut pas être celui qu'on rejette et qui revient si tôt. Ça ne l'intéresse pas. Ou non. Ça lui fait trop peur.

Hoseok a l'air ni triste ni heureux. Hoseok a l'air vide, aussi vide que Jimin voulait être, avant de rentrer chez lui la veille. Il lui fait signe d'entrer, en ouvrant grand la porte. Jimin a l'impression d'avoir vécu cet instant des milliers de fois. D'avoir vu Hoseok comme ça, laisser la porte ouverte, indiquant l'intérieur avec un mouvement de tête, des milliers de fois. Mais cette fois-ci, ça n'a pas la même couleur. Ni le même goût. Ni la même étoile. Ni rien du tout.

Cette fois-ci, ça n'a rien à voir avec avant.

Hoseok traîne des pieds, devant. L'olivier semble heureux, il se nourrit des gouttes de pluie qui lui tombent dessus. Des gouttes de pluie qui chutent parce qu'il faut bien qu'elles chutent, parce qu'apparemment, elles n'ont pas le droit de rester là-haut pour toujours. Jimin se demande s'il paraît long, le temps qu'elles passent au sol, avant de se retrouver en mer puis de nouveau dans les nuages. Il se demande comment elles s'occupent. Jimin, il n'a pas envie de devenir une goutte de pluie.

Dans la chambre, le mur aux peintures est recouvert. Les couleurs sont de moins en moins nettes, de moins en moins unies, de moins en moins Hoseok. Et c'est étrange, parce que sur la dernière, Jimin se retrouve.

Il est trop tôt. Bien trop tôt.

Le lit est défait, le matelas est blanc et l'oreiller aussi, les draps sont pliés.

Le jardin d'à-côté est gris, sous la pluie. Il ne ressemble pas à l'olivier, il n'a pas l'air d'être heureux de recevoir toutes ces gouttes. Une joute entre les feuilles et les gouttes, qui se dégoûtent à l'idée de laisser le vert les envouter. Hoseok le regarde et le déroute. Jimin écoute les doutes qui les recouvrent, forment des voutes étranges dans son esprit. Des cercles. Des boucles. Encombrants et oppressants.

Hoseok a une pêche dans les mains, et se pose sur son lit, le dos contre le mur. Jimin le suit. Ils ne sourient pas, ils ne parlent pas. Hoseok triture sa pêche nerveusement, la massacre, sans la manger. Il pose son regard sur la joue de Jimin, puis le remonte lentement, passe par son nez, fait finalement un détour vers ses lèvres, et le pose enfin dans ses yeux. Hoseok déglutit, parce qu'il a peur. Peur de dire ce qu'il a à dire.

Jimin écoute la pluie. Se dit que finalement ce serait pas plus mal d'être une goutte. Ses cheveux humides dégoulinent, il a roulé sans capuche, comme un olivier. Un peu de pluie s'égare entre les deux. De l'espace les sépare légèrement. Jimin écoute la pluie, et puis une question tremblante se loge dans ses oreilles.

« -Tu m'en veux..? »

Jimin avait les yeux fermés. Il les ouvre. Il ne sait pas quoi répondre. Il ne sait plus qui être. Et alors, une réponse s'impose juste devant lui, sur le mur d'en face. Quelque chose qu'il n'avait pas vu, un détail qui lui a échappé, un battement de coeur qui lui aussi s'échappe, passe à la trappe. Sur le mur d'en face, le sourire d'Hoseok est accroché.

« -Pourquoi je t'en voudrais. »

Hoseok hoche la tête. Jimin essaie de sourire. La pluie reste entre eux, collée à leurs épaules, les empêchant de se rapprocher. C'est étrange.

« C'est étrange. »

Hoseok l'interroge avec des yeux presque brillants. Jimin ne termine pas sa phrase. Jimin veut être désiré, autant qu'il ne désire. Il veut comprendre autant qu'il ne comprend pas, si c'est seulement possible.

Les Palmiers bleus - HopeminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant