Le monde tourne encore. Il tourne encore, parce qu'il ne s'arrêtera pas, pas pour nous. Mais c'est presque mieux comme ça, non ?
Sur la route, alors qu'il marchait vers le lycée, Jimin s'arrête. Il a la main tendue vers le ciel, et son regard escalade la pente que forme son bras. Tout au bout, il tient une pâquerette, qu'il fait tourner. Il trouve ça sacrément beau et reposant, ce disque blanc, inconstant, qui tournoie autour de ce petit soleil. Il décide de la garder, parce qu'elle lui semble transporter beaucoup. Alors il la coince entre deux pages d'un cahier dans son sac, puis il reprend sa route.
Mais juste avant, il tourne la tête. Il aperçoit alors une rue. Une simple petite rue, devant laquelle il est pourtant passé tant de fois. Une rue qui ne l'avait jamais vraiment interpellé. Une rue, qui abrite des tas d'arbres, et de fleurs. Il regarde sa montre, puis se dit qu'il y a d'autres choses plus importantes que d'être à l'heure. Alors il se rend dans cette allée, et sous les arbres, autour des fleurs, Jimin se sent vivre. Il ferme les yeux et lève les bras, pour sentir la légère brise couler contre sa peau. Il arrive à revoir des couleurs, sans arrière-pensée. Il tourne un peu, les bras vers le haut, toujours plus haut.
Et la pâquerette dans son sac est coincée entre un nouveau roman et un recueil de poésie, des choses qu'il a eu envie de lire, après le livre rouge. Cette pâquerette dans son sac est comme un soleil ou un monochrome, qu'il décide de transporter avec lui Jusqu'Au Bout.
Hoseok se réveille avec les rayons du soleil. Doucement, il se relève de son lit, recouvert de draps colorés. Dans la salle de bain, il ne prend pas vraiment le temps de s'observer à travers le miroir, ni de se demander s'il est beau, ou si ses cheveux sont comme il faut, si son nez est assez fin et si son torse est joli. Il ne prend pas vraiment le temps de penser. Dans la cuisine, il salue son père, et lui sourit. Il se sert de céréales, avant de les manger, lentement. Dehors, il fait déjà presque jour, parce que le soleil se montre de plus en plus tôt. C'est presque comme si ses rayons étaient encore bleus, teintés d'une journée qui lui semble déjà lointaine. Hoseok retourne dans sa chambre, met son sac sur ses épaules, et crie qu'il s'en va. Dans la rue, il observe les arbres fleuris (qui commencent tout de même à être plus verts que roses, jaunes, blancs, parce que les pétales s'envolent déjà un par un). Il marche d'un pas assuré, et se dit qu'aujourd'hui sera une bonne journée. Il l'a senti, en se réveillant.
Hoseok porte des couleurs, beaucoup de couleurs. Et c'est comme si elles s'évadaient de ses vêtements, pour se déteindre sur tout ce qui l'entourait. Il aime cette image qui se crée dans son esprit, alors il la garde, avec lui, durant tout le trajet. Il se dit même que ce sont des couleurs qui s'émanent de cette journée, pour déteindre sur les prochaines.
Cette journée, et les suivantes, seront de bonnes journées.
Dans la cantine, les trois garçons discutent, très fort, peut-être même un peu trop fort, mais ils s'en fichent pas mal. Jin parle d'un truc de folie qui lui est arrivé pendant le week-end, Jungkook lui demande si c'est aussi dingue que l'histoire de la nappe verte, Jin répond que oui, très sérieusement. Alors il se met à raconter toute l'histoire, et à chaque phrase de plus, son regard s'assombrit.
Jungkook regarde Jimin, qui semble ailleurs. Sous la table, il tape légèrement sa jambe avec son pied, et offre un sacré réconfort au garçon blond (qui relève la tête), rien qu'avec le regard. Comme s'il arrêtait l'instant, comme s'il faisait pause, rien que pour lui dire : « Ça va aller. Et quoi qu'il arrive, je suis là. »
Et puis, une fille avec des cheveux plutôt longs et plutôt roux s'amène à table. Elle pose son plateau sur la table, à côté de Jimin, et demande hésitante : « Je peux ? ». Jimin dit « Oui ! », enjoué.