Chapitre 7 : Visite royale

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Quelques jours plus tard, sa mort au royaume des dragons n'était plus qu'un mauvais souvenir. Il avait repris sa vie et ses occupations au sein de la garde. Il ne conservait même pas de traumatisme. Pas de cauchemar, pas de crise de panique. Juste une vague paranoïa qui lui collait à la peau mais qui diminuait ces derniers temps.
De plus, il était bien occupé car le temps de moissonner les champs non loin du château était venu. Il travaillait du matin au soir au milieu des blés pour les faucher, en compagnie des autres habitants du château et même du roi qui était venu spécialement pour l'occasion, du moins d'après ce qu'il laissait entendre. Aymeric le soupçonnait de résider quelques temps au château des gardes pour une autre raison mais il ignorait encore laquelle. Tous mettaient la main à la pâte et le travail avançait bien. Aujourd'hui il fauchait des épis en compagnie de deux apprentis de la garde des explorateurs d'environ douze ans. Ils se nommaient Sébil et Romaric et ne manquaient pas d'énergie.
Comme tous les jeunes, ils se dissipaient rapidement et s'amusaient plus à se courir après dans le champ en se lançant des poignées de blé qu'à moissonner. Aymeric les laissa faire : ils étaient jeunes, autant qu'ils en profitent ! Il progressait bien à lui tout seul. Le soleil cognait et il essuya la sueur qui coulait sur son visage. Il avait déjà retiré sa chemise et les rayons brûlants piquaient sa peau. Ce soir il serait bien bronzé. Il avait heureusement pensé à se badigeonner d'un crème préparée par Zacharie selon une recette du désert pour se protéger des coups de soleil. Très pratique, surtout pour les peaux pâles comme la sienne!
- Aymeric, j'ai trouvé un papillon ! s'écria Romaric en observant sa prise entre ses doigts.
- Et moi j'ai vu une araignée énorme ! clama son camarade.
- C'est très bien les garçons mais moi ce que je vois surtout c'est que vous ne travaillez pas beaucoup. Que diraient vos maîtres si je leur racontais que vous chassez les insectes au lieu de m'aider ?
Les deux enfants firent la moue et soupirèrent avant de se remettre au travail. Pour pimenter un peu l'activité, Aymeric déclara :
- J'offre une fournée de biscuits au chocolat à celui qui fauche le plus de blé avant la fin de la journée.
Un éclair de convoitise passa dans le regards des deux apprentis et ils se mirent aussitôt à faucher avec une rapidité surprenante. Le chevalier dragon sourit, fier de son petit stratagème.
- N'allez pas trop vite sinon vous allez vous épuisez. Et n'oubliez pas de boire de l'eau, conseilla t-il. Si vous avez la tête qui tourne je vous autorise à vous reposer à l'ombre du chêne là-bas.
Les deux comparses l'écoutèrent à peine et il retourna à sa tâche. En milieu d'après-midi, les trois quart du champ étaient moissonnés et les deux apprentis à bout de souffle. Aymeric leur accorda une pause avant qu'ils tombent dans les vapes.
Le duo se reposa au pied du majestueux chêne qui bordait le champ tandis que leur aîné continua à faucher les épis blonds. Ils revinrent après avoir reprit des forces et avec une idée derrière la tête. Aymeric sentit qu'ils s'apprêtaient à faire une bêtise en avisant leur mine malicieuse. Son instinct lui cria qu'il allait se faire attaquer mais il fit comme si de rien n'était et les laissa passer à l'offensive. Il reçut une poignée de paille dans le cou et Sébil hurla :
- Bataille de foin !
Lui et son ami bombardèrent Aymeric qui laissa tomber sa faux pour riposter. Il s'élança à la poursuite des enfants qui s'éparpillèrent en riant. Il eut la sensation de retomber en enfance, quand il jouait avec ses frères et sœurs devant leur cabane bancale sous le regard bienveillant et protecteur de Zolan. Il s'amusa avec les garnements et finit par les rattraper. Il les empoigna, un sous chaque bras, et les souleva de terre. Sébil et Romaric se débattirent en riant. Ils étaient si absorbés dans leur jeu qu'ils ne remarquèrent pas les deux cavaliers qui s'arrêtèrent à leur hauteur.
C'est le hennissement d'un des chevaux qui tira Aymeric de sa distraction. Il déposa les apprentis à terre et se tourna vers les nouveaux venus. Il mit sa main en visière pour se protéger du soleil et mieux voir à qui il avait à faire. Au début, il crut que sa vision lui jouait des tours ou que le soleil lui avait tapé trop fort sur le crâne. Que faisaient le roi Médéril et le prince Ezimaël ici ? Il admit que tout ça était réel quand le roi du royaume des dragons déclara:
- Bonjour Aymeric. Tu es en forme à ce que je vois.
Le chevalier dragon s'inclina devant lui en s'interrogeant sur les raisons de sa présence ici puis se fit la réflexion que ce n'était pas très correct d'accueillir un roi torse nu. Tant pis, il ne pouvait pas tout prévoir et il doutait que le souverain soit très exigeant avec l'étiquette. Il fit néanmoins signe aux apprentis de l'imiter et ils se courbèrent face au monarque et à son fils.
- Bonjour monseigneur. Que nous vaut l'honneur de votre visite ?
- Je mourrais d'envie de revoir ce bon vieux château des gardes en compagnie du roi Alaric. Et pour ne rien te cacher, je désirais aussi m'assurer que tu t'étais bien...remis.
- Votre sollicitude me touche monseigneur. Comme vous pouvez le constater je suis de nouveau sur pied et bien portant, lui assura Aymeric.
- C'est ce que je constate, dit le roi avec un sourire bienveillant. Veux-tu nous accompagner jusqu'au château ?
- Je dois décliner votre invitation. J'ai encore du travail ici et je suis chargé de veiller sur ces deux enfants. Mais nous nous verrons sans doute ce soir au banquet.
Le régent du royaume des dragons hocha la tête mais sa déception se lisait sur son visage et Aymeric se demanda pourquoi tous les rois s'attachaient aussi facilement à des inconnus tels que lui. Le roi et le prince reprirent leur route en direction du château et Aymeric dit aux apprentis :
- Retournons au travail. Nous avons presque fini.
Les deux enfants reprirent le moissonnage en silence. Pour une durée de deux minutes. Après cela ils bombardèrent le jeune homme de questions concernant les cavaliers. Qui étaient-ils, d'où venaient-ils, comment est-ce qu'il les connaissait. Aymeric répondit en détail et quand la curiosité du duo se retrouva satisfaite, ils terminèrent leur travail dans le calme. Le soleil se couchait quand ils fauchèrent les derniers épis. Aymeric se passa de l'eau sur le visage et les bras pour se rafraîchir.
- Demain nous n'aurons qu'à les ramasser et les charger dans un chariot. Vous avez été efficace, bravo à vous, félicita t-il les enfants.
- Et qui en a fait le plus ? demanda Sébil.
Aymeric prit une mine songeuse pour leur faire croire qu'il réfléchissait sérieusement à la question alors qu'en réalité sa décision était déjà prise.
- Il y a égalité, dit-il. Vous aurez tous les deux des biscuits.
Les enfants crièrent pour manifester leur joie et exécutèrent une danse de la joie sous le regard amusé d'Aymeric. Le chevalier dragon ramassa sa chemise posée sur une racine du chêne et l'enfila.
- Nous rentrons. Un bain nous fera du bien.
En chemin ils croisèrent d'autres gardes et Aymeric avisa Alaman non loin de lui. Des brins de paille parsemaient sa chevelure rousse et faisaient glousser les femmes devant lesquelles il paradait. Il remarqua aussi Gordon qui marchait un peu devant lui en compagnie de Sandor. Ils discutaient et son ancien maître éclata de rire en donnant une tape dans l'épaule de son jumeau qui souriait de toutes ses dents.Aymeric se concentra et repéra Hydronoé, encore dans le champ près d'une mare. Le dragon d'eau avait été placé ici en compagnie de Mirzal afin de pouvoir se plonger dans l'eau quand ils ne supportaient plus la température élevée. Son jumeau rentrerait sans doute après lui.
Il accueillit la douche avec bonheur. En été, rares étaient ceux qui barbotaient dans les bassins même s'ils l'eau qu'ils contenaient était moins chauffée qu'en hiver. Ils prenaient tous une douche avec des seaux d'eau tiède. Aymeric ne faisait pas exception à la règle et quitta rapidement la pièce surchauffée. Il avait assez sué pour la journée, pas la peine d'en rajouter ! Il entra dans la salle de banquet où les conversations allaient bon train. Les plats circulaient de main en main et le bruit des verres qui s'entrechoquant s'élevaient parfois au-dessus du brouhaha.
Le jeune homme s'installa aux côtés de Lysange. Il déposa un baiser sur sa chevelure et elle lui caressa brièvement la joue. Ils évitaient les effusions en public car chez les sylphes il était très mal vu de se témoigner des marques d'affection ailleurs que dans l'intimité la plus totale. Lysange s'efforçait de combattre cette partie de son éducation mais elle demeurait fermement ancrée en elle et Aymeric préférait ne pas la brusquer et faire les choses à sa manière. Il était le plus heureux des hommes simplement en vivant à ses côtés. Zacharie et Gébald se joignirent à eux ainsi qu'Ourania. Alaman dînait entre deux jeunes femmes sous son charme mais aucune trace de Firenza. Hydronoé arriva en retard comme prévu, ainsi que Lisbeth et Brazidas. Avec son visage rouge et ses mâchoires serrées à l'extrême la princesse paraissait furieuse, encore plus qu'à l'accoutumé. Le roi Alaric, Médéril et Ezimaël s'attablèrent en dernier.
Leur venue provoqua un silence respectueux et chacun les salua de la tête avant de reprendre le repas dans la bonne humeur. Hydronoé racontait comment Mirzal lui avait joué un tour en lui écrasant une sphère aqueuse sur la tête quand Aymeric se sentit observé. Il scruta la table et se sentit rassuré quand il croisa le regard tranquille de Médéril. Le roi le salua de la main et le jeune homme lui retourna le geste. Rassuré, il reprit son dîner en écoutant attentivement le récit des mésaventures de son jumeau qui absorbait tout le monde, sauf Zacharie qui observait pensivement le contenu de son assiette sans en prendre une bouchée. Quand il eut le ventre plein à craquer, il se prépara à sortir de table mais le roi Alaric se leva et clama pour couvrir les conversations :
- Votre attention s'il vous plaît ! J'ai une annonce importante à faire, à vous qui êtes à la fois les protégés et les protecteurs de la famille royale, l'élite de notre royaume. J'ai l'immense plaisir de vous annoncer le mariage de la princesse Lisbeth d'Alembras et du prince Ezimaël du dragon l'été prochain !
La tablée laissa éclater sa joie en hurlant et en tapant des paumes sur la table. Lisbeth conserva un silence colérique. La nouvelle ne la réjouissait pas le moins du monde à en juger par ses doigts crispés sur son verre et sa respiration hachée. Elle semblait prête à lancer son assiette à la tête de son père d'une seconde à l'autre. Quant au prince Ezimaël, il souriait poliment mais Aymeric se douta que ce n'était qu'une façade car les yeux de l'héritier brillaient de tristesse. Aymeric soupira en maudissant les mariages arrangés. Dire que tout autour de lui on se réjouissait d'un futur couple malheureux. C'est dans ces moments-là qu'il bénissait le ciel de l'avoir fait naître simple roturier et pas noble. Sa main rencontra celle de Lysange sous la table et il savoura le contact de la peau tiède de sa compagne contre la sienne. Il avaitt la chance d'aimer l'élue de son cœur, pas une femme choisie par d'autres.
- Pour fêter ce futur grand événement et vous récompenser de vos efforts, une fête sera organisée à la fin des moissons, conclut le roi Alaric.
L'assemblée exprima son approbation par de nouveaux cris et les discussions reprirent de plus belle. Aymeric quitta la salle en compagnie de Lysange, Ourania, Hydronoé et Gébald. Zacharie préféra rester, toujours songeur face à son assiette pleine. Aymeric s'interrogea sur ce qui le taraudait. Le chevalier dragon originaire du désert était toujours discret et solitaire mais ce mutisme ne lui ressemblait pas. Aymeric s'inquiétait sans doute pour rien mais ses amis représentaient tout pour lui et il détestait les voir dans cet état. Il réfléchissait au comportement de Zacharie en grimpant les escaliers quand Alaman cria depuis le bas des marches :
- Aymeric, attend ! Il faut que je te parle !
Il rejoignit le rouquin après un rapide échange de regards tacites avec le reste du groupe, qui continua de monter sans lui.
- Qu'est-ce qui se passe Al ?
- C'est à propos du roi Médéril. Je pense que tu devrais te méfier.
Les propos d'Alaman éveillèrent l'intérêt du jeune homme. Il invita son ami à poursuivre.
- Nous ne savons pas grand-chose de lui, commença le nordique. Il est arrivé au pouvoir après un tragique accident et il règne certes très bien mais tu ne trouves pas ça étrange que tu te sois fait assassiner alors que nous étions sous son toit ?
- Tu suggères qu'il a quelque chose à voir avec ma mort et celle d'Hydronoé ?
- Oui. Tu m'as toi-même dit qu'il te témoignait beaucoup d'intérêt et que vous aviez conversé dans la bibliothèque avant de faire un duel.
- Et alors ? Ce n'est pas un mal, le défendit Aymeric.
- Réfléchis : c'était peut-être une stratégie pour t'éloigner de ta chambre pendant que l'assassin s'y faufilait pour trancher la gorge de ton frère ou alors un moyen de connaître tes points faibles.
- C'est une réflexion intelligente mais qui comporte néanmoins une faille de taille : il est le roi du royaume des dragons, il connaît tout sur eux. Par conséquent, il devait savoir que tuer mon jumeau ne ferait rien de plus que de me donner l'envie irrépressible de m'arracher la vie. S'il avait souhaité ma mort, il aurait cherché à savoir où se trouvait le cœur d'Hydronoé pour le briser.
- Peut-être. Pour autant je pense qu'il n'est pas innocent dans cette histoire : il en sait plus qu'il ne veut bien l'avouer, je le sens. Méfie-toi. Et évite de...
Alaman s'interrompit et fixa un point par-dessus l'épaule d'Aymeric en fronçant les sourcils, contrarié.
- Quand on parle du loup, murmura t-il.
Le jeune homme se retourna. Médéril se dirigeait vers eux avec un sourire avenant. Aymeric aurait aimé croire son ami sur parole mais son instinct lui assurait que le roi du royaume des dragons ne représentait pas un quelconque danger. Il décida de garder un œil sur le souverain. Deux précautions valaient mieux qu'une et il préférait faucher encore des centaines de champs que mourir une seconde fois.
- Alors jeunes gens, la soirée se passe bien ? Pour ma part je suis repu pour au moins trois jours ! Il y a toujours autant à manger ?
- Oui, répondit brièvement Alaman avec un sourire froid. Nous savons recevoir.
- Si c'est ainsi chaque jour, je ne vais pas tarder à être engraissé ! plaisanta le monarque.
- Oh non, ça serait dommage. Si vous ne voyez plus vos pieds, vous risquez de tomber dans les escaliers, ironisa le rouquin.
Aymeric se décida à intervenir et murmura avec fermeté :
- Alaman, ça suffit ! Tu vas trop loin.
- Désolé si je ne porte pas un potentiel meurtrier dans mon cœur, chuchota son ami en retour. Sur ce je vais me coucher et je ne serais pas étonné si on retrouve ton corps au réveil.
Le rouquin tourna les talons et grimpa les escaliers d'un pas furibond.
- Je crois que ton ami ne m'apprécie pas beaucoup, remarqua le roi.
- Il pense que vous êtes responsable de ma mort, du moins en partie, lui apprit Aymeric.
Il guetta la réaction du souverain. Après un instant de surprise, ce dernier secoua tristement la tête.
- Ce qui s'est produit durant votre séjour est impardonnable. Je comprends très bien qu'il soit en colère. Moi-même je m'en veux et je vous assure que je cherche désespérément votre assassin.
- Il est plus celui d'Hydronoé que le mien puisque je me suis suicidé, lui rappela le chevalier dragon.
- Tu en parles avec beaucoup de détachement. Comment était-ce ?
- De mourir ? Agréable. Je rejoignais mon jumeau, tout allait bien. Le plus dur, c'était avant. Quand j'ai pris conscience...qu'il n'était plus là. C'était plus douloureux que tout ce que j'ai déjà enduré...
Il s'arrêta là en sentant les larmes lui monter aux yeux et une angoisse sourde lui étreindre le cœur.
- N'y pense plus, dit le roi. Que dirais-tu de faire un duel plutôt que de ressasser de mauvais souvenirs ?
Aymeric essaya de déceler une lueur malveillante dans les yeux bleu océan du roi mais n'y parvint pas. Celui-ci était sincère et même enthousiaste à l'idée de combattre de nouveau contre lui. En dépit d'une journée harassante dans les champs à abattre des hectares de blé, le sang du chevalier dragon s'embrasa.
- Avec plaisir.
Ils s'affrontèrent pour la seconde fois dans la salle d'armes du château et cette fois avec des lames destinées à l'entraînement. Le roi démontra autant d'adresse que pour leur premier affrontement et ils croisèrent le fer sans lâcher un centimètre de terrain à l'autre. Ils échangèrent des coups de plus en plus rapides pour fatiguer l'adversaire. Le jeune homme admira la façon dont le roi abattait sa lame vers lui avec une puissance incroyable sans pâtir de l'effort. Ils voltigèrent à travers la salle en parant, attaquant, bloquant, fendant l'air. Personne ne prenait l'avantage et Aymeric chercha à éterniser le combat, grisé par cet affrontement à la hauteur de ses espérances.
Le régent du royaume des dragons finit par déclarer forfait, à court de souffle et d'énergie. Il se laissa tomber sur le sol en prenant de grandes inspirations et en épongeant son front dégoulinant. Aymeric n'en menait pas large non plus mais il tenait sur ses deux jambes et était encore capable de lever son arme.
- Quel affrontement ! s'exclama le trois entre deux respirations. Tu ne te fatigues donc jamais ?
- Si mais pas lors d'un combat, répliqua Aymeric.
- Tu te souviens de ce que je t'ai dit avant que tu regagnes tes appartements, le soir de ta mort ?
- Vous vouliez que je vienne vous voir dans votre bureau dès mon réveil, c'est bien ça?
- Exactement. Sache que je réitère cette demande. Il faut que je te parle d'une chose importante alors viens frapper à la porte de ma chambre dès demain. Elle est au dernier étage, avant-dernière porte à gauche.
Aymeric resta étonné. La première fois que le roi Médéril avait voulu s'entretenir avec lui, il pensait que c'était par rapport à une affaire d'ordre politique, que le souverain voulait transmettre un message au régent d'Alembras par le biais du chevalier dragon. Visiblement, il s'était trompé. Il ravala sa curiosité en se forçant à la patience et s'inclina devant le monarque.
- Très bien votre majesté. Je vais me retirer à présent si vous n'y voyez pas d'inconvénient.
Le dirigeant du royaume des dragons hocha la tête et Aymeric prit congé après avoir rangé son épée d'entraînement. Ce combat l'avait fatigué et il ne désirait plus que se rouler dans sa couette et dormir jusqu'à l'aube. Sur le chemin menant à sa chambre, il se méfia. Il n'oubliait pas les mises en garde d'Alaman. Il posa la main sur le manche de son poignard, accroché derrière son dos dans un étui en cuir, quand il pénétra dans sa chambre. Il alluma une bougie et fouilla les moindres recoins : personne. Il ferma sa porte en posant une chaise devant. Si quelqu'un la poussait, le bruit des pieds en bois raclant sur la pierre le réveillerait. Un peu plus rassuré, il ne dormit pourtant que d'une oreille, prêt à bondir à l'approche du plus infime danger.  

Chevalier dragon, Tome 2 : Aux confins du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant