Chapitre vingt-sept

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PDV Louis


« Je ne jouerai pas avec toi si tu ne joues pas avec moi. »

Ces mots jouent en boucle dans ma tête. Comme une promesse non dit. Un accord qui définit ce que nous sommes, désormais. Quoi? Je n'en sais rien. Ce que je sais par contre c'est que nous ne sommes pas ennemis, ni vraiment amis, et certainement pas petits-amis. Disons... à une certaine frontière entre les trois. Ou plutôt, je me retrouve à cette frontière et il me demande laquelle d'entre les trois je vais franchir. Et même si ça m'effraie totalement, je sais déjà vers où je choisirai de me diriger. D'une certaine façon, je suis déjà trop loin pour faire demi tour. Il faut seulement que je fasse une bref arrêt pour régler un petit détail qui barre ma route et je pourrai me lancer. Je ne connais pas le chemin, ni ce que je vais y trouver. Si ça se trouve, je vais tomber dans un fossé ou me faire frapper par la foudre.

Toutefois, je dois me résoudre à prendre des risques. Celui-là en est un énorme. Qui vient bouleverser ce en quoi j'ai toujours cru. Mais avec les derniers événements et mes dernières recherches, je crois que... comme ils s'évertuent à me dire: «rien n'est tout noir ou tout blanc». Et puis, Dieu ne dit-il pas «aimez vous les uns les autres»? En vérité j'essaie de me convaincre, je l'avoue. Seulement, j'ai tellement peur de tous les décevoir.

Je secoue la tête comme pour repousser toutes mes angoisses et relis la phrase que je tente d'encrer dans ma tête pour la quatrième fois. Ce n'est qu'un petit coup à donner encore et puis les examens seront finis.

Je sursaute lorsque trois petits coups contre ma porte se font entendre. Je lève la voix pour signifier à la personne qu'elle peut entrer. Une petite silhouette aux cheveux blonds platine apparaît dans l'encadrement. Celle-ci me sourit avant de refermer la porte et venir s'installer sur mon lit.

Je soupire, car j'ai conscience que je lui dois plusieurs explications dont je ne suis pas certain d'être prêt à lui fournir. Toutefois, elle mérite de savoir, d'autant plus qu'elle m'a couvert pas plus tard que ce matin. Alors je laisse mes études de côté et vais la rejoindre sur le lit. Elle m'ouvre les bras, comme si elle sentait que j'avais besoin de réconfort. Je ne me fais donc pas prier et m'étend contre ma cadette qui m'entoure de ses bras frêles.

Je la connais assez pour savoir qu'elle meurt d'envie de me bombarder de questions, seulement, je crois qu'elle préfère attendre que j'entame la conversation cette fois-ci.

-Je vais quitter Jess, je lui avoue alors.

M'entendre prononcer ces mots m'envahi d'un drôle de sentiment que je ne saurais décrire. Je crois que ça me fait bizarre, de savoir que je vais laisser celle avec qui je croyais que ça allait durer. Celle avec qui ma famille et moi pensions tous que j'allais sans doute attendre devant l'autel.

-Je croyais que ça allait mieux entre vous, dit-elle, répétant ce que je lui ai dit quelques jours plus tôt.

-Je croyais aussi.

Ou plutôt j'ai voulu y croire.

-Est-ce que ça a un lien avec le mec du bar? Celui que tu as rejoint tantôt?

J'ai envie de lui demander comment elle a su, seulement, je crois qu'elle s'en doutait déjà depuis un moment. Je doute que son choix de film la dernière fois était anodin.

-Peut-être, j'ose avouer dans un murmure.

Elle glisse sa main dans mes cheveux et je ferme les yeux, appréciant le contact.

Descente aux enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant