chapitre dix-sept

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PDV Louis

Je ne sais pas ce qui me pousse à constamment remettre les pieds ici. Je ne devrais pas. Après tout, il pourrait m'arriver la même chose qu'à cet homme. Et pourtant, ça ne m'empêche pas de venir m'asseoir à l'endroit même où j'ai été témoin de la scène qui a chamboulé mon existence. Mais la culpabilité est plus forte que la peur et ces derniers temps, tout me ramène à ce qui s'est produit ici-même. Mon Dieu, lorsque je me remémore les événements, je réalise à quel point je suis cinglé de revenir dans cette ruelle. Je n'arrive même pas à déterminer si je le fais inconsciemment pour demander pardon et recouvrer la paix intérieure ou pour me punir moi-même.


De toute évidence, ma journée ne s'est définitivement pas déroulée comme je le croyais. En vérité, je ne pourrais dire ce à quoi je m'attendais exactement. Après tout, il me paraît impossible de se figurer quoi que ce soit avec H. Une partie de moi espérait qu'une sorte d'amitié puisse se découler de cette journée en sa compagnie. Maintenant que j'y repense, c'était ridicule de ma part. Comme si quelques heures avec moi pouvait faire changer un tant soit peu ce mec. Je pousse un petit rire sec, à ma stupidité. Aujourd'hui m'a plutôt convaincu que je devrais réellement arrêter tout contact avec lui.


J'arrive à percevoir chaque trait déformé par la colère derrière mes paupières. Il avait vraiment envie de m'en coller une, ça c'est indéniable. Et honnêtement, toute cette rage pour quoi? Pour prendre des nouvelles sur sa mère et lui. Il est juste complètement dérangé ce type. J'en ai une fois de plus la confirmation, je ne pourrais pas m'entendre avec lui, même si je le voulais. Nous sommes de deux mondes carrément à l'opposé l'un de l'autre et aucun pont n'est assez long pour qu'ils puissent se rejoindre.


Un frisson de dégoût me parcourt l'échine en repensant à la photo obscène qu'il a reçu. D'un homme qui plus est. Puis, je le revois sniffer sa ligne de poudre avant d'aller danser contre cet autre type avant de lui lécher les amygdales. Son orientation sexuelle me laisse perplexe lorsque je me remémore ensuite le message qu'il a reçu d'une meuf. Je n'ai jamais rien dit par rapport à l'homosexualité en grande partie parce que je n'y ai jamais été confronté. Et de toute évidence, je ne serais pas allé clamer haut et fort ce que j'en pense auprès des concernés. Mais pour être honnête, je ne les comprends pas, tout comme je ne comprends pas H.


Comment un homme peut-il être attiré par un autre homme? Et, visiblement, H est également attiré tout autant par les femmes. Alors pourquoi se tourner ainsi vers la gent masculine? On dirait qu'il essaie délibérément de tout faire pour contrarier Dieu. Un homme est supposé être avec une femme. Le système humain est conçu ainsi, c'est la reproduction. Deux mecs ensemble... ça ne fonctionne pas. Je n'arrive pas à voir ce que H ou tous les autres trouvent de plaisant à fréquenter le même sexe que soit.


Dans tous les cas, en ce qui concerne H j'ai plutôt l'impression qu'il n'y a plus rien qui l'arrête. C'est presque un jeu, on dirait, de faire tout ce qui est mal vu. Je pense à sa mère, avec qui, sans contredit, il est encore proche, en quelque sorte, et je me demande ce qu'elle en pense de son fils. Sait-elle ne serait-ce que le quart de toutes les conneries et péchés qu'il fait? Si oui, le cautionne-t-elle? Est-elle comme lui? Je ne suis même pas certain de vouloir le savoir, en réalité. Je dois m'éloigner, trouver un moyen pour que H soit convaincu de mon silence, que je ne dirai rien de cette nuit-là, question qu'il me lâche pour de bon. Que l'on retrouve tous les deux notre train quotidien. Ce sera difficile de tout garder pour moi, mais je trouverai un moyen d'oublier. Liam était peut-être convaincu que H pourrait m'apporter du nouveau et une certaine liberté, quel quelle soit, mais je suis persuadé que ce dernier est plutôt la clé aux ennuies. Et pour en avoir eu un aperçu, je préfère jeter cette ladite clé avant de traverser complètement la porte. Je sursaute fortement lorsque mon téléphone portable sonne, annonçant la venue d'un nouveau message. J'ai à peine le temps de le sortir de ma poche, que celui-ci sonne derechef.

Descente aux enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant