Chapitre treize

319 18 2
                                    


PDV Louis

Depuis la seconde où j'ai vu apparaître la petite poudre blanche sur cette table, je me demande en boucle qu'est-ce que je fiche ici. Et pourtant, je le sais et je ne peux m'empêcher de me traiter sans cesse d'idiot dans ma tête. Parce que je sais ce qui m'a poussé à venir ici et c'est une raison complètement stupide. J'avais besoin de me prouver- Non. J'avais besoin de lui prouver que je ne suis pas le petit mec insignifiant qu'il s'imagine. Toutefois, quand j'y repense... Qu'est-ce que je lui dois à ce dégénéré? Absolument rien. Il se croit meilleur, limite supérieur, parce qu'il fait ce qu'il veut de sa vie, passe son temps libre à boire avec des potes et sniffe une fois de temps en temps. Il a presque réussi à me faire croire que c'est ce que j'ai besoin pour me sentir libre moi aussi, mais en le voyant aller aujourd'hui, je réalise que cet univers n'est pas pour moi. Je veux bien profiter de cette soirée, me laisser aller, faire tomber mes barrières, mais je n'y arrive pas.Tout ce qui se passe ici est mal. Je sais que je ne peux plus totalement me considérer comme étant un saint. D'ailleurs je dois me rappeler d'aller me confesser bientôt, au moins révéler quelques uns de mes derniers péchés pour que la pression sur mes épaules s'allège un tant soit peu. Le bar, l'alcool, le joint et... tout ça. C'est trop d'un seul coup je crois. Et surtout, ce n'est pas moi. Il y a sans doute moyen que je me rebelle un peu sans en venir à quelque chose d'aussi drastique, non? Liam croit que traîner avec H ne peut pas être mauvais pour moi et bien que je veuille le croire, tout ce que je vois ici me fait dire totalement le contraire. J'ai plutôt l'impression de m'embarquer dans davantage d'ennuis. En plus, Liam ne le connaît pas. Ce n'est pas sa brève rencontre au bar qui peut lui dire si oui ou non c'est une bonne idée de suivre H dans son monde.


Je fixe toujours la petite poudre blanche. À regarder juste comme ça, on ne croirait pas que c'est aussi ravageur. Tellement que je peux presque comprendre la curiosité de ceux qui se lancent là-dedans. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences à ce qu'on dit.


Je me demande si H en est accro ou si c'est vraiment qu'à l'occasion. Puis je réalise que je me pose surtout la question pour savoir si ça ferait une différence sur ce que je pense de lui. Et pour être honnête, je n'en sais trop rien. Ce que je sais c'est que j'ai encore une fois une démonstration de son âme corrompu.


Je regarde autour de moi, zieutant les gens dans la pièce. Ma première impression est de tous les considérer aussi dépravés que H, avant de m'arrêter dans ma réflexion. Est-ce que quelqu'un dans cette foule, penserait la même chose de moi? Ou alors est-ce ce que certains pensent ainsi de ma sœur lorsqu'elle sort? Et Liam? Je dois arrêter de généraliser comme mes parents. Ne pas juger. C'est la première règle et je pense bien que ça ne s'applique pas juste dans le cas du travail que nous ferons dans le futur. Je me donne une claque mentale pour être contrevenu à cette règle dès l'instant où j'ai mis le pied dans cet endroit.


Je secoue la tête et continue à parcourir la foule des yeux. Mon regard finit, comme par automatisme, par tomber sur H. Ses bouclettes lui collent au front à cause de la sueur et ses yeux sont fermés donnant l'impression qu'il n'est plus de ce monde, se laissant simplement bercer par la musique. C'est presque beau de le voir dans cet état. C'est comme si rien ne pouvait le toucher. Et je me mets à me demander si c'est la drogue qui lui donne cet effet ou s'il est toujours ainsi sur une piste de danse. Puis au bout d'un moment, je réalise qu'il ne danse plus seul. Il danse avec un mec. Ma respiration se bloque et j'ai l'estomac à l'envers tout d'un coup. Un mec?!


Ce dernier murmure des mots, sûrement loin d'être catholique, à l'oreille de H avant que celui-ci renverse sa tête, laissant son cou à la merci de l'autre. Mes sourcils se froncent, tandis que la confusion doit être facilement lisible sur mon visage. Les yeux de H s'ouvrent et soudainement son regard se plonge dans le mien. Son sourire narquois qui me hérisse le poil fait apparition et je le connais juste assez pour savoir que la situation le fait bien marrer en ce moment. Il me fait signe de venir les rejoindre, tandis que sa conquête derrière lui se met à sucer la fine peau blanche de son cou comme s'il s'agissait d'une sucette. Ça m'arrache une mine de dégoût dans la seconde.

Descente aux enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant