Chapitre quinze

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PDV Louis

Il a raccroché. J'ai bien senti qu'il n'était pas à l'aise et, honnêtement, j'ai cru qu'il aurait coupé court à la conversation beaucoup plus tôt.

- Louis, mais qu'est-ce que tu fais dehors? Sans manteau, en plus!

Je soupire et me relève des marches pour suivre ma mère à l'intérieur.

- Je sais que l'été s'en vient, mais il fait encore froid dehors.

Je ne relève pas le commentaire, ne voulant pas m'embarquer dans un débat que je ne compte pas terminer, et préfère grimper l'escalier pour rejoindre ma chambre. Je dépose mon cellulaire sur ma table de chevet et m'étend sur mon lit, ressassant les dernières minutes qui se sont déroulées. Sans avoir voulu être méchant, j'ai réellement été surpris d'apprendre que H a une mère dans sa vie. C'était peut-être ignorant de ma part, mais son mode de vie me laissait pourtant croire qu'il avait été délaissé comme enfant. J'ai découvert un côté sensible et vulnérable de H que je n'aurais jamais cru entrevoir. Il était évident, par le trémolo dans sa voix, qu'il semblait vouloir camoufler du mieux possible, que ce qui s'était passé avec sa mère l'avait bien plus affecté qu'il voulait le laisser entendre. Ça m'a un peu touché qu'il ait osé venir vers moi pour des conseils. Bon, il s'y ait pris à sa manière, c'est-à-dire, pas des plus respectueuse, mais l'intention était là. Je n'irais pas jusqu'à dire que je le vois désormais comme un saint, loin de là, mais ça l'a rendu plus... humain.

J'ai encore un peu faim, mais j'ai la flemme de me lever. J'ai mangé en vitesse en voyant l'insistance de H pour m'appeler et j'en ai profité pendant que ma famille finissait pour m'éclipser dehors. Je n'avais pas trop envie qu'ils me posent des questions sur l'interlocuteur. Je n'aurais pas trouvé de mensonge assez rapidement et me connaissant, ça aurait été loin d'être convaincant. Et puis, je ne pense pas que je pourrais rajouter un autre mensonge à mon compte. Je les accumule ces derniers temps et ça me pèse. Je me fais une note mentale de passer à l'église lundi après les cours. J'ai mon bénévolat, mais je devrais parvenir à y aller si je ne tarde pas trop. Je n'ai malheureusement pas l'occasion d'y aller plus tôt, puisque je vois Jess demain et il n'est pas question que j'y aille dimanche en sachant mes parents dans les parages. Lundi c'est plus sûr.

Je me redresse, trouvant une certaine motivation pour aller me doucher. Alors que je fouille dans le premier tiroir de ma commode, deux petits coups résonnent contre ma porte. Je m'avance de quelques pas pour ouvrir cette dernière, révélant la plus âgée de mes soeurs.

- Je te dérange?

- Non, pas du tout, je dis en secouant la tête.

Je l'invite à s'asseoir sur le lit, tandis que je dépose mes effets sur mon bureau et tire la chaise pour y prendre place.

- Alors, je commence, qu'est-ce que je peux faire pour toi?

Elle roule des yeux et s'installe un peu plus confortablement sur mon matelas.

- Rien en particulier. Je venais simplement discuter avec mon grand frère, c'est encore permis, non? rigole-t-elle.

- Bien sûr, j'acquiesce. Quoi de neuf, dans ce cas?

Et juste comme ça, je perds toute motivation pour la douche, préférant de loin parler de tout et de rien avec ma petit sœur. Elle me raconte les trucs banals qui se passent dans son lycée, beaucoup de potins, entre autre, ainsi que ses dernières péripéties en compagnie de ses copines. Il n'y a pas eu d'autres soirées de son côté, ce qui fait mon bonheur, surtout lorsqu'on considère qu'il s'agit tout de même de la période d'examen. La conversation tourne en grande partie autour d'elle ce qui me va très bien jusqu'à ce qu'elle décide de faire tourner la roue.

Descente aux enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant