Chapitre neuf

342 19 5
                                    


- pdv Louis -

En me réveillant, je n'ai même pas l'impression d'avoir dormi. Je me sens tout aussi fatigué que la veille et je commence réellement à en avoir marre de me sentir constamment ainsi. Je regarde l'heure et soupire en voyant qu'il est dix heures et quart passé. À l'heure que je me suis endormi, j'aurais cru au moins faire la grasse matinée. Liam, quant à lui, semble bien parti pour ça, puisqu'il dort toujours à poings fermés sur son fauteuil.


Je me redresse difficilement, mon dos n'ayant pas tellement aimé le canapé de Liam et comme tout bon matin, j'étire le bras pour attraper mon cellulaire, qui cette fois se trouve sur la table basse. Je n'ai aucune notification, mais instinctivement, je vais dans mes messages et relis les derniers que j'ai échangé avec H. J'ai longuement médité sur ses paroles avant de m'endormir. Et je dois avouer qu'il a raison. Les gens sont cruels et ce genre d'événement arrive tous les jours partout dans le monde, même pire. Après tout, c'est ce qu'ils nous montrent aux nouvelles à la télé. Alors c'est vrai que peu importe si j'avais été là ou non, ça ce serait produit. Ça ne m'empêche pas de ressentir toujours cette boule de culpabilité dans mon estomac qui ne semble que grandir au fil des jours, car je pourrais du moins dénoncer ce mec pour éviter qu'il ne fasse d'autres victimes. Je me suis fait violence pour ne pas lui faire remarquer ce détail, ne voulant pas remettre nos différents sur le tapis. H ne cesse d'essayer de me convaincre que ce type va payer, peu importe qu'on le dénonce ou pas, m'assurant que «dans ce milieu» ça leur retombe toujours dessus. Ça me perturbe d'ailleurs, qu'il dise ça. Parce que ce ne sont pas tous les meurtriers qui viennent d'un certain milieu. Mais peut-être sait-il quelque chose que je ne sais pas. Peut-être que celui-là vient effectivement d'un milieu dangereux, d'une bande quelconque. Je tourne chaque détail dans ma tête et je sais qu'Il y a quelque chose qui cloche, je n'arrive seulement juste pas à mettre mon doigt sur ce quelque chose.


Je suis interrompu dans ma réflexion par mon téléphone portable qui vibre soudainement dans ma main, m'annonçant la réception d'un nouveau message. Je m'attends presqu'à ce qu'il s'agisse de H, mais je réalise rapidement que c'est une pensée complètement idiote. Il n'a aucune raison de débuter une conversation avec moi, mais je crois qu'une partie de moi espère encore qu'il change d'avis pour dénoncer ce mec. Même si rendu à cette étape-ci, je crois qu'il est trop tard. On serait accusé de ne pas avoir dénoncé plus tôt.


Je secoue la tête, tentant de chasser toutes pensées de cet événement et de ce mystérieux H de ma tête, et clique sur le nouveau message. Je retiens un soupire en voyant que c'est ma copine qui me rappelle à quel point elle est impatiente de me voir aujourd'hui. Et quand je réalise ma réaction, la boule dans mon estomac se tord, me faisant avaler de travers. Je n'ai jamais ressenti un poids sur mes épaules à l'idée de devoir la voir auparavant et je me déteste d'avoir ce sentiment présentement. Normalement ça devrait me faire du bien de la voir, me changer les idées. Mais ça implique aussi faire comme si la seule chose qui me préoccupe, c'est la santé de notre couple. Ce qui est, et j'ai presque honte de l'avouer, le moindre de mes soucis. Et si ce n'était pas parce que je me sens mal de briser une promesse, je remettrais cette foutu journée romantique à plus tard.


Je ne réponds pas et repose mon téléphone sur la table, ou plutôt le seul coin pas encombré de toutes les cochonneries que nous avons mangées et qui traînent encore partout sur celle-ci, puis me débarbouille le visage à l'aide de mes mains. J'essaie de trouver le peu de motivation en moi pour me lever et m'exécute. Je dois quand même me dépêcher un tant soit peu, car je dois retourner chez moi pour me préparer et je lui avais promis une journée, pas qu'une soirée. Je dois donc m'activer si je veux au moins la voir avant une heure cet après-midi. Je finis donc par faire des efforts et me lève discrètement pour ne pas réveiller Liam. Ce n'est pas parce que je ne peux me permettre une grasse matinée qu'il doit en faire de même.

Descente aux enfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant